Un taxi immatriculé Dk 7699 X a heurté de plein fouet, avant de lui passer dessus, la petite Abdala Meissa. C’était une fillette de 4 ans et demi ! Elle revenait juste de l’école maternelle. Il était 16 heures ! Le taximan, auteur de cette tragédie, a pris la fuite. Laissant sur la chaussée, le corps sans vie de la petite, baignant dans une marre de sang. Devant l’horreur, son frère jumeau, qui a pris la fuite, a été rattrapé par son père. Qui a fondu en larmes, offrant aux témoins une scène insoutenable. La mort a ici un visage humain.
M. Meïssa marche comme un somnambule, les deux mains tendues en signe de croix. Comme pour manifester sa douleur, et exprimer son impuissance devant l’irréparable. Il avance, presque de façon mécanique, vers la foule. Accompagné d’un groupe de personnes. Il demande secours à Dieu. Les larmes aux yeux. M. Meïssa s’est retrouvé seul au milieu de la foule. Habillé d’un sous-vêtement noir et d’un pantalon blouson noir. D’origine libano syrienne, sa couleur de peau est comme le point de mire de toute la douleur au sein de cette foule bigarrée. Il ne peut pas se retenir. Il pleure à chaudes larmes. Comme un enfant. Comme son enfant. Au bord du désespoir, il crie : «Elle n’a rien fait. Elle était sur le trottoir. Il l’a heurtée et lui est passé dessus». Prenant à témoin, Dieu et les hommes, pour dire l’innocence de sa petite et la macabre responsabilité de ce chauffeur-faucheur. «Qu’est-ce que je vais dire à sa mère», se demande-t-il, toujours en larmes. Toutes les femmes présentes sur la scène du drame, fondent en larmes. M. Meïssa se tourne vers elles et lâche le mot. «Seeikh la woon», (elle a un frère jumeau). Il a pris la fuite et je ne sais pas où il est en ce moment». On cherche à le consoler. En vain. Il lâche encore : «le salaud s’est sauvé, sans même attendre». «Mais on a le numéro de son véhicule», ajoute M. Meïssa. Il est le seul à parler. Les populations de la rue 19 angle 6 sont restent muettes. Et forment un cercle autour du corps sans vie de l’enfant. Abdala Meïssa baigne dans une marre de sang. Malgré le drap qui couvre son corps, le sang est toujours visible. Même sur sa blouse. Il est 16 heures. L’heure de la descente des élèves du jardin d’enfants. C’est l’institution préscolaire qui se trouve sur la même rue. La fille vient tout juste de quitter le jardin. «Elle était avec son frère jumeau», raconte un témoin. «Le taximan roulait à vive allure. Lorsqu’il a heurté la fille, il lui est passé dessus avant de prendre la fuite. Il y avait un policier. Les gens ont tenté de lui courir après, mais il roulait vite. Heureusement, un témoin a pris le numéro de sa voiture et l’a remis à la police. Dk 76 99X». La rue est remplie de monde. La voiture des sapeurs-pompiers est arrivée sur les lieux et a pris le corps. Dans un concert de cris de détresse. Les maîtresses de l’institution se sont jointes aux cris. Certaines personnes ne pouvaient plus se retenir. Et se sont simplement éloignées en pleurant.
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