Le lundi 5 juin 2006, à 11 h 55 mn, la Brigade de gendarmerie de Kédougou reçoit un appel téléphonique du chef de poste de Sabodala, situé dans l'arrondissement de Saraya, département de Kédougou, lui rendant compte d'un cas de viol qui se serait produit dans l'enceinte même du poste. Un forfait qui serait le fait de trois gendarmes auxiliaires en service audit poste sur la personne de la nommée Fatou Bâ, âgée de 23 ans et mariée à un militaire servant à Saint-Louis. Aussitôt cette communication téléphonique terminée, les éléments de la compagnie de Kédougou se transportent sur les lieux pour s'enquérir de la situation.
Interpellés sur les faits qui leur sont reprochés, El Hadji Amadou Sagne, Boubacar Mballo et Auguste Dema reconnaissent avoir eu successivement des relations sexuelles avec la dame Bâ, mais soutiennent mordicus que cette dernière était consentante. Dans sa version des faits, Fatou Bâ soutient, au contraire de cette thèse, avoir été maîtrisée, un chiffon dans la bouche pour l'empêcher de crier. Un son de cloche qui ne départ pas tellement des témoignages d'autres gendarmes faisant état de cris entendus dans la chambre où les faits se sont déroulés. D'où l'acheminement des mis en cause contre qui pèsent des indices graves et concordants de viol devant le procureur de la République de Tamba qui, à son tour, les mettra à la disposition du parquet de Dakar qui les a placés sous mandat de dépôt.
Toutefois, n'eût été la perspicacité du parquet, cette affaire de mœurs aurait été, depuis longtemps, rangée aux oubliettes. En effet, des officiers supérieurs ont fait des pieds et des mains pour qu'elle tourne court. Mais elle est tellement grave qu'une copie du procès-verbal d'enquête a été envoyée au ministre des Forces armées. Par delà les formalités d'usage, une telle communication écrite permet sans doute au parquet poursuivant de couper l'herbe sous les pieds de ces officiers de la Grande muette qui tentent d'arracher leurs subordonnés indélicats des griffes punitives du ministère public. Le parquet de Dakar a même dû faire preuve de vigilance et de diligence ‘pour une rapide mise en route des inculpés’ vers la capitale, affirme une source proche du dossier. Dakar abrite, en effet, la seule juridiction militaire du pays. De sorte que la hiérarchie militaire, martèle notre source, ‘n'aura pas, avec le procureur de la République, la même fortune qu'elle a eue avec le retrait par le mari de sa plainte’. Derrière le ‘désistement’ du mari, notre source voit, d'ailleurs, ‘le résultat d'une forte pression de ses supérieurs’. Car, ajoute notre source, ‘une telle attitude est pour le moins curieuse venant d'un mari cocu, dont la femme a été éprouvée par les assauts répétés et triangulaires de ses collègues’.
Le désistement du mari est, au demeurant, ‘sans effet sur la continuation des poursuites’, ce qui s'est passé dans l'enceinte du poste de gendarmerie de Sabodala, n'étant pas un banal acte d'adultère, dont une plainte conditionne les suites judiciaires à lui donner. De toutes façons, l'action publique, une fois déclenchée, on en perd la maîtrise. Si bien que ‘ces officiers de l'armée auront beau défiler dans le bureau du procureur, mais ils ne peuvent empêcher que leurs éléments soient traduits devant le tribunal militaire’, renchérit notre interlocuteur.
1 Commentaires
Allons Y Molo
En Octobre, 2010 (18:36 PM)Participer à la Discussion