Ovaire ou testicule
Lors de cette consultation, le médecin avait décelé « la présence externe d'une gonade ». En termes profanes, il s'agit d'une boule qui ressemblait à un testicule. Mais, selon le médecin, « à cette étape, personne ne peut dire si c'est un testicule ou un ovaire ». Poursuivant son analyse, le spécialiste dira que « pour connaître le genre de l'hermaphrodite, il fallait ouvrir le ventre et, voir les organes qui y sont ». À notre grande surprise, par un mail, l'association a fait part de son incapacité de s'occuper du cas : la raison est que « le gosse est trop âgé ». Interpellé par nos soins, le professeur Ibrahima Fall du service de chirurgies infantiles de l'hôpital Aristide Le Dantec, a répondu favorablement à notre appel. Après avoir reçu l'enfant dans son bureau, il a fait savoir qu'un long parcours nous attendait. Lui aussi, comme le médecin français, après avoir constaté que « le méat urinaire du gosse est bas » a émis des réserves quant au « sexe d'élevage ». Pour lui, si, comme les parents le souhaitent, les examens d'histologie et de génitographie confirment le genre masculin du jeune M. Guèye, « il va falloir, par une opération chirurgicale, amener le méat urinaire au bout du gland ». Pour qu'il puisse, comme un homme, pisser debout. Bien que, éduqué comme un garçon, le jeune hermaphrodite urine comme un garçon. Et, à en croire son père « c'est avec l'orifice vaginal qu'il urine ». Pour le professeur Fall, « cela ne suffit pas pour en faire une fille ». Pour illustrer cette affirmation, il nous a révélé qu'une personne, qui souffrait d'hernie droite étranglée, avait été opérée par un chirurgien français à Saint-Louis. Ce dernier qui avait identifié une gonade l'avait sectionnée. Lorsque plusieurs années plus tard, cette personne lui a été présentée, il a découvert que c'est l'ovaire droit qui avait été enlevé par le médecin français. En ouvrant le ventre de ce patient, les chirurgiens avaient découvert que tout un dispositif féminin, constitué d'utérus et l'ovaire gauche, était déjà en place. Il avait été éduqué pour être un garçon, mais en réalité c'était une fille ». Cette personne qui doit aujourd'hui avoir la vingtaine n'est plus, jamais, revenu vers les médecins, emportant avec lui son secret. « Pourtant, déclare le professeur, malgré son âge, on aurait pu lui rendre sa sexualité.
Des tests
Aujourd'hui avant qu'il soit statué définitivement sur son sexe, le jeune M. Guèye doit subir, plusieurs tests. Il lui faut, entre autres, faire la génitographie, le caryotype pour être fixé sur le compte rendu du sexe cromatinien. Le professeur Omar Faye, spécialiste en histologie, à la Faculté de Médecine de Dakar qui a reçu l'enfant a livré les résultats de son analyse au père de ce dernier. Mais, pour le moment, tenu par le secret professionnel, il a décidé de ne pas nous donner les résultats de son examen. En attendant, le manque de moyen du père, risque de condamner le jeune M. Guèye à continuer à supporter son handicap. Ayant de réelles difficultés financières à se déplacer pour répondre aux convocations des médecins, l'enfant rate ses rendez-vous. En outre, les ordonnances qui commencent à tomber freinent l'envie du père à continuer la lutte. Le jeune homme a un besoin urgent de prise en charge. Pour que contrairement à ce cas de Saint-louis, son père ne tombe pas dans le découragement. Et que lui, demain, ne soit contraint de vivre caché. De vivre avec son handicap.
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