Depuis deux semaines, l’histoire d’une femme-serpent alimente les causeries dans la Cité du rail. Elle serait ressortissante d’un village sis dans la Communauté rurale de Touba Toul et aurait eu l’autre moitié du corps transformée en serpent. De folles rumeurs ont fait répandre la nouvelle à Thiès et ses environs.
D’après notre source, il s’agit d’une femme qui aurait pris l’eau d’un bain dans laquelle sa coépouse aurait mis quelques gouttes d’une potion magique remise par un charlatan. Et tout d’un coup, elle fut transformée à moitié en serpent. Depuis lors, cette histoire, pour le moins bizarroïde, défraie la chronique. Les commentaires vont bon train. Lors de l’audience de vendredi dernier, la juridiction régionale de Thiès était prise d’assaut par une foule de curieux. Une rumeur faisait croire que la femme-serpent était bien dans les locaux du tribunal. Il se disait qu’elle était gardée dans un sac que tout le monde voulait voir. D’autres parlent de caisse bien cadenassée. Personne ne voulait se le faire raconter.
Du côté des magistrats du Siège et ceux du Parquet, cette affaire n’était même pas instruite pour pouvoir figurer au rôle. D’ailleurs, souligne un autre, c’est un non-évènement pour ne pas dire que c’est de la pure fiction. Selon lui, dans des histoires de ce genre, il est difficile pour le tribunal d’asseoir la culpabilité de telle ou de telle partie, à moins qu’il ne s’agisse de coups et blessures ou de diffamation.
Mais les curieux étaient toujours là, bravant la forte canicule du mois béni de Ramadan. Un procès, qui venait tout juste de débuter, fut subitement perturbé par une pollution sonore causée par les cris et rires des personnes déterminées à s’introduire dans le temple de Thémis.
Les quelques gardes pénitentiaires avaient beaucoup de mal à canaliser cette foule surexcitée. Quelques minutes après, ce fut un brouhaha indescriptible. Une voix se fit entendre dans la foule : « faites attention, la femme-serpent est là. Elle est transportée par ses parents, sous bonne escorte des gardiens de prison ». Ce fut le sauve-qui-peut. Fausse alerte.
Une autre dame, très volubile, s’est même permis de dire qu’une personne aurait été mordue par le même serpent. Mais ce n’était que des chimères. Les journalistes, qui étaient venus en masse, voulaient en savoir plus. « Ce ne sont que des rumeurs », laisse entendre l’interprète. Les confrères restent incrédules, prennent leur mal en patience pour quelque temps avant de plier bagages. Enfin, voilà les éléments du Gmi sur les lieux pour faire sortir tout le monde de la salle, afin de permettre aux hommes en noir de faire correctement leur boulot.
A la Place de France, la Promenade des Thiessois et les alentours du tribunal, les personnes étaient toujours là en train de deviser. Jusqu’à la fin de l’audience passée, il n’y avait point de femme-serpent. Et tout ce beau monde est reparti très déçu. En tout cas, à Thiès, les gens y croient dur comme fer.
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