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Infanticide : cinq ans de travaux forcés à l’épouse d’un émigré

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Infanticide : cinq ans de travaux forcés à l’épouse d’un émigré

La cour d’assises de Kaolack, siégeant à Tambacounda, a condamné, jeudi, à cinq ans de travaux forcés, la dame Aïssatou Dembélé, reconnue coupable d’infanticide sur son nouveau-né de sexe masculin issu d’une relation adultérine et qu’elle a jeté dans un fleuve.

 

Troisième épouse de Lassana Coulibaly, un émigré qui fait la navette entre le Sénégal et la France, Aïssatou Dembélé (A.D.) née en 1983 à Ballou, est une ménagère domiciliée à Yélingara, dans le département de Bakel. Elle a été inculpée pour infanticide et placée sous mandat de dépôt le 28 février 2011. Cela, après que des éléments de la brigade de gendarmerie de Bakel ont reçu, le lundi 21 février 2011, un appel téléphonique du sous-préfet de Moudéry qui leur informait de la découverte du corps sans vie d’un nouveau-né dans le fleuve Sénégal, à hauteur du village de Yélingara.

 

Forts de cette information, les gendarmes, accompagnés du représentant du médecin-chef du district sanitaire de Bakel, se sont rendus sur les lieux où ils ont constaté que le corps du nouveau-né de sexe masculin était en décomposition. Après les constatations d’usage, le cadavre fut remis aux villageois aux fins d’inhumation. 

 

Pendant l’enquête ouverte, Lassana Coulibaly, qui était en ce moment à Yélingara, s’est présenté spontanément aux gendarmes pour leur déclarer avoir reçu une information selon laquelle sa troisième épouse du nom d’Aïssatou Dembélé serait l’auteur des faits en question. Il leur indiqua, dans le même moment, que cette dernière était allée se réfugier chez ses parents à Ballou. Les gendarmes enquêteurs se sont aussitôt rendus dans ce village pour interpeller la mise en cause. 

 

Lassana Coulibaly déclarait pendant l’enquête subséquente, que son épouse lui avait caché sa grossesse, et qu’à chaque fois qu’il l’interpellait sur la forte température qu’il avait constatée chez elle, elle lui disait que c’était dû à ses menstrues. 

 

Interrogée, A.D. avait reconnu être la mère de l’enfant mort repêché dans le fleuve, selon l’ordonnance de renvoi. Elle avait indiqué qu’après avoir accouché d’un enfant de sexe masculin sans assistance au bord du fleuve où elle s’était rendue vers 5 heures du matin. Elle y avait tout abandonné et était rentrée au village sans dire mot à personne. Elle ajoutait n’avoir subi aucune visite prénatale et qu’elle avait astucieusement dissimulé sa grossesse adultérine.

 

Devant la barre, A.D. a aussi reconnu être la mère du nouveau-né, mais soumise aux questions de la cour, elle disait tantôt l’avoir mis au monde au bord de l’eau, tantôt dans l’eau. En fin de compte, répondant à son avocat, elle a dit avoir accouché alors qu’elle était en position assise dans l’eau du fleuve dont le niveau n’arrivait qu’aux genoux. 

 

A la question du président de la Cour : ‘’Est-ce que tu voulais de cet enfant ?’’, elle répond : "Bien sûr que j’en voulais’’. ‘’Tu as enfanté à trois reprises, qu’est-ce que tu as senti quand tu as laissé l’enfant au fleuve pour rentrer au village ?’’, questionne encore le président. ‘’Je savais que j’avais mal agi’’, rétorque-t-elle, indiquant avoir agi par peur et par honte. Pour atténuer son forfait, elle indique qu’elle comptait se rendre à Ballou pour en informer son père.

 

L’accusée indique aussi n’avoir parlé de sa grossesse à personne, contrairement à ce qui est dit dans l’ordonnance de renvoi, et avoir subi une consultation prénatale dans son village d’origine alors qu’elle était à deux mois de grossesse.

 

L’avocat général a relevé ‘’trop de contradictions’’ dans les déclarations de l’accusée, surtout concernant le lieu exact de la naissance de l’enfant. ‘’Je partage la même langue qu’Aïssatou, mais je ne me retrouvais pas. Elle disait et se dédisait’’, a dit Demba Traoré, avant de souligner : ‘’Ce qu’on peut retenir, c’est qu’elle ne voulait pas de cet enfant, c’était un troisième enfant de trop’’.

 

La dame a déjà eu un enfant d'un certain Ibrahima Camara, alors qu’elle était toujours mariée à Lassana Coulibaly avec qui il a aussi un enfant. ‘’Si nous ne pouvons pas nous abstenir, nous devons assumer les conséquences de nos actes, sinon nous allons en répondre devant Dieu et les hommes’’, a martelé le magistrat. Pour lui, A.D. a ‘’tout organisé pour que l’enfant n’ait aucune chance de survie’’, et pour cela, il a requis 10 ans de travaux forcés contre elle.

 

Quid de la déclaration de l’accusée selon laquelle l’enfant n’a pas pleuré ? L’avocat général a relevé que personne ne pourrait entendre le cri d’un enfant dans l’eau. Evoquant les éléments de preuve constitutifs d’infanticide, il a cité la dissimulation d’une grossesse adultérine, l’absence de consultation prénatale et l’accouchement sans assistance, à quoi s'ajoute le fait d’accoucher dans l’eau.

 

D’ailleurs, a-t-il noté, le seul certificat de genre de mort faisant état de mort par noyade suffit comme preuve, a-t-il estimé.

 

L’avocat défenseur a relevé, quant à lui, que le ministère public dans son réquisitoire, a au lieu de recourir en premier lieu à des éléments constitutifs d’infanticide, a d’abord recouru à des éléments jurisprudentiels alors que l’inverse serait plus indiqué. 

 

Il a exprimé son ‘’amertume’’ concernant cette dame qu’il a présentée comme étant ‘’doublement victime’’.

 

Du fait d’une ‘’quête effrénée de gain’’, fût-il pour la bonne cause, par un mari qui reste consécutivement cinq à six ans à l’étranger, cette dame nouvellement mariée a commis l’adultère, a-t-il relevé. ‘’Mariée en 2003 à l’âge de 20 ans, elle n’avait pas l’occasion de vivre pleinement les merveilles du mariage’’, a-t-il plaidé.

 

Tout en disant ne pas comprendre qu’une femme mariée en arrive à avoir deux enfants du fait de liaisons adultérines, la défense estime que cette dame est aussi victime de l’ ‘’irresponsabilité’’ de ce chauffeur de taxi, Ablaye Ndiaye, qu’elle a rencontré, en débarquant à Tamba pour une consultation. 

 

Il aurait pu lui porter assistance s’il était responsable, a-t-il dit, au lieu de la laisser seule assumer les conséquences de leur acte. Comme seul contact, il lui a laissé un numéro de téléphone fictif.

 

La défense a cependant mis en doute la matérialité d’un quelconque acte de la femme ayant pu provoquer la mort de son bébé, vu qu’il n’y a pas eu de trace de strangulation.

 

L'avocat a dit ne pas croire que cette femme ait eu l’intention de donner la mort à son nouveau-né. Il a ajouté, en outre, que les aveux prêtés à sa cliente dans le procès verbal d’enquête préliminaire ‘’sont à atténuer’’, vu que le document rédigé en français, alors qu’elle parle soninké, ne fait aucunement mention de la présence d’un interprète au moment où elle était entendue, conformément aux dispositions de la loi.

 

Il a demandé à la Cour de disqualifier l’infraction d’infanticide, pour requalifier les faits en homicide involontaire, en application de l’article 307 du Code pénal. Tout en demandant une application bienveillante de la loi, à sa cliente qui a ‘’assez honte comme ça’’ et qui a déjà ‘’payé sa dette’’, en purgeant déjà deux ans. Il a aussi demandé à la Cour de lui faire bénéficier de circonstances atténuantes. 

 

Après en avoir délibéré, la Cour d’assises a condamné à 5 ans de travaux forcés Aïssatou Dembélé. 



1 Commentaires

  1. Auteur

    Terrible

    En Juillet, 2013 (08:11 AM)
    "la défense estime que cette dame est aussi victime de l’ ‘’irresponsabilité’’ de ce chauffeur de taxi, Ablaye Ndiaye, qu’elle a rencontré, en débarquant à Tamba pour une consultation. "



    EN EFFET. CET INDIVIDU AURAIT AUSSI A RENDRE COMPTE : 1 ENFANT CA SE FAIT A 2, MAIS TAPER SUR LES PLUS FAIBLES EST LE PLUS SIMPLE.

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