Non-assistance à personne en danger Le bébé meurt dans le ventre de sa mère après un travail de deux jours

Après l’histoire des jumeaux morts de la négligence du corps médical de l’hôpital Abass Ndao, qui, du reste, n’a jamais été sanctionné, un autre scandale éclabousse le corps médical sénégalais. Cette fois-ci, c’est l’hôpital Principal de Dakar qui s’est illustré dans une regrettable affaire de non-assistance à personne en danger. La victime, un bébé, est décédée dans le ventre de sa mère après quarante-huit heures d’attente. Indexé comme étant le principal responsable de cette affaire, le Dr Pierre Dione refuse de livrer sa version.

Par respect pour sa douleur, nous la nommerons Nogaye et son mari Aliou. Mariés depuis plusieurs années, Aliou et Nogaye attendaient avec impatience la naissance de leur second enfant. La dernière grossesse de madame avait tenu toute la famille en haleine et obligé le mari à conduire son épouse vers l’hôpital Aristide Le Dantec où elle accoucha d’un enfant de sexe masculin par Césarienne. C’était, il y a deux ans. Dans l’attente de la délivrance qui s’approchait, Aliou a, une fois de plus, pris les devants en confiant son épouse aux bons soins du Dr Tété Diandy, un gynécologue. Lors de la dernière visite de la dame, elle aurait appris qu’elle devait accoucher dans la semaine. C’est ainsi que, dans la nuit du mardi 24 au mercredi 25 octobre, sentant l’heure proche, elle s’est approchée du district sanitaire des Parcelles assainies. Vu les complications, elle a été envoyée vers l’Hôpital Général de Grand Yoff. Comme directive, la sage-femme, comme le médecin traitant, avaient demandé une intervention chirurgicale. Comme lors de son premier accouchement, les spécialistes avaient recommandé que la césarienne soit effectuée pour cette seconde délivrance. Mais, arrivée à l’HOGGY, « pour un problème technique au niveau du Bloc opératoire », la dame ne sera pas admise. Il était 3 heures, en cette matinée du mercredi 25 octobre. Tenaillée par la douleur, elle est conduite à l’extérieur de l’hôpital pour être conduite à Abass Ndao.

48 heures d’attente et de douleur

Mais, selon le mari, «nous avons appris qu’il n’y avait aucune place dans cet hôpital». Une fois de plus, le supplice de Nogaye continuera. Lorsqu’elle arrive à l’hôpital Principal de Dakar, ce mercredi 25 octobre, il était 3 heures et demie. Acheminée au bloc, elle sera admise dans une salle et prise en charge. «Le personnel nous a demandé, soutient son mari, de la laisser sur place et de partir». N’étant pas rassuré par cette déclaration, le mari déclare avoir donné les recommandations des agents du district des Parcelles assainies. «Mais, soutient-il, la sage-femme a déclaré qu’elle ne peut pas se fonder sur les directives des Parcelles assainies et, qu’elle et ses collègues, feront ce qu’ils auront décidé de faire ». C’est ainsi que, selon le mari, il s’est retiré et a attendu que le jour se lève avec une bonne nouvelle. Mais, cette attente durera jusqu’à 15 heures sans résultat. Ne pouvant continuer de rester dans l’expectative, Aliou est reparti vers son service, pour donner sa position et se changer. Après ce temps d’attente, il reviendra à l’hôpital vers 20 heures. Une fois de plus, il ne verra pas sa femme. A ce moment, meurtrie et à bout de force, Nogaye est abandonnée dans un lit, dans l’attente d’un hypothétique accouchement par la voie normale.

« Ça se passe comme ça partout »

Une fois de plus, c’est le silence absolu et l’inquiétude qui sont le quotidien du mari. Ce soir, Aliou ira au lit sans la moindre information sur sa femme et son enfant. Au préalable, il avait appelé Nogaye au téléphone et cette dernière lui avait dit que la poche d’eau a laché. Et qu’une vive douleur la tenaillait, du fait qu’elle avait fini de se vider du liquide anionique. Mais la délivrance n’a pas encore eu lieu. Lorsqu’il s’est réveillé ce jeudi 26 octobre, il s’est, une fois de plus, rendu à l’hôpital Principal de Dakar. Cette fois-ci, c’est sa belle-mère qu’il a au bout du fil. Cette dernière lui avait demandé de venir dare-dare à l’hôpital car des complications sont survenues. En cours de route, il aura au bout du fil des stagiaires françaises qui essayeront de lui expliquer ce qui s’est passé. Mais, ne voulant pas se contenter de cette explication, il s’est rendu directement auprès du responsable du service pour comprendre. Comme explication, il apprendra que «c’est la sortie d’un liquide infecté qui a attiré l’attention des stagiaires». Celles-ci, s’approchant de Nogaye ont découvert que l’enfant de sexe féminin qu’attendait la dame, est mort depuis quelque temps, dans le ventre de sa mère. Après avoir refusé les conclusions du district sanitaire des Parcelles, le docteur et ses employés procéderont à la césarienne pour sortir le corps sans vie de l’enfant du ventre de sa mère. Meurtri et révolté, le père qui demandait à être reçu par le médecin-chef, aurait été expulsé par le gendarme de garde à qui la sage-femme demandera de le déguerpir. Implorant la compréhension et le pardon du père, le Dr Pierre Dione, médecin-chef du service, aurait déclaré : «C’est regrettable mais des choses comme ça, se passent partout». Contacté pour livrer sa version, le Dr Pierre Dione, n’a pas voulu répondre.