Recrudescence du banditisme sexuel à Dakar : Chaque jour, un nouveau cas de viol est signalé à Grand-Yoff

Pour Serigne Mor Mbaye, psychologue et directeur du Centre de guidance infantile et familiale (Cegid), le phénomène des agressions sexuelles est une réalité à Dakar, plus particulièrement à Grand Yoff où il a connu une recrudescence. A travers une caravane de dix jours qui sillonnera les coins et recoins de la commune de Grand-Yoff, le Cegid compte sensibiliser la population de cette zone sur ce fléau en vue d’y mettre un terme.

Peuplée de plus de quatre cent mille habitants, la commune de Grand-Yoff a enregistré une recrudescence des abus sexuels commis sur les femmes et enfants. En effet, le chaque jour, un cas de viol y est signalé. La promiscuité qui sévit dans cette commune, est l’un des facteurs qui favorisent, selon le psychologue Serigne Mor Mbaye, l'abus sexuel, particulièrement le viol. Selon le psychothérapeute, dans la plupart des quartiers qui constituent la commune de Grand-yoff, on vit en surnombre dans de petites pièces. Et avec la réduction de la distance physique, il peut y avoir des tentations qui pourraient faciliter des cas d'abus sexuels comme les viols sur des mineures.

En plus de cet aspect s’ajoute la pauvreté qui pousse certaines jeunes filles à la débauche. Mais ce que Serigne Mor Mbaye déplore le plus, c’est le fait que certains parents essayent d’étouffer l’affaire sous prétexte qu’ils n’ont pas les moyens de poursuivre le ou le(s) bourreaux de leurs enfants. Une situation qui ne rend pas facile leur action de lutte contre la recrudescence des viols. Car, d’après le professeur, la protection et l’éducation basique d’un enfant viennent directement de la cellule familiale et des valeurs qu’on lui transmet. Et malheureusement, les familles pauvres sont plus préoccupées par le quotidien, que par l’avenir de leurs propres enfants. Ceci est un effet direct de la misère sociale. C’est pourquoi, argue-t-il, ‘en vue de s’assurer un repas quotidien ou des tenues vestimentaires, beaucoup de jeunes de moins de 16 ans n’hésitent pas à vendre leur charme’.

Mais le plus écœurant dans tout cela, poursuit Serigne Mor Mbaye, c’est quand les adultes et vieillards profitent de l’innocence des enfants de moins de 10 ans pour les abuser sexuellement. Venue assister à la cérémonie de lancement de la campagne de lutte contre les abus sexuels faits sur les enfants, Ndèye Fatou Fall, une des parentes d’une des multiples victimes de ce genre d’ignominie, la mine triste, ne cesse d’essuyer ses larmes, qu’elle ne pouvait plus contenir. En effet, mère d’une fille unique, Ndèye Fatou Fall a vu ses rêves de voir son enfant étudier et construire un avenir meilleur que le sien s’évaporer. Le sol s’est dérobé sous les pieds quand cette dernière, de retour de l’école, avec une démarche lente et hésitante, soutenue par ses camarades de classe, lui a avoué avoir été victime de viol. Un acte commis par un individu qu’elle est incapable de décrire. ‘Tout ce que je sais de ce détracté sexuel, c’est qu’il ne réside pas dans notre quartier’, explique Ndèye Fatou entre deux sanglots.

Cela n’a pas empêché cette mère très affectée par le malheur de sa fille de porter plainte contre X, après s’être procurée un certificat médical attestant la perte d’hymen de sa fille. Vivant toujours les effets négatifs de cet incident qui a perturbé sa vie et celle de sa fille, Ndèye Fatou Fall n’arrive pas à tolérer que des cas de viols continuent à alimenter le quotidien des Sénégalais. ‘Je me dis que si les autorités avaient appliqué la peine de mort pour les violeurs et les meurtriers, ces types de délinquants n’existeraient plus’, croit-elle savoir. De l’avis de Ndèye Fatou Fall, l’Etat, en plus de punir ces délinquants qui gâchent de par leurs actes ignobles la vie de toute une famille, doit mettre sur pied des structures chargées de gérer le traumatisme causé par les abus sexuels.