Une vaste opération de police conduite, mardi 26 septembre, dans le 18e arrondissement de Paris, a provoqué le démantèlement d'un réseau de proxénétisme qui sévissait depuis plusieurs mois. Un petit immeuble du 70, rue Myrrha, à deux pas du boulevard Barbès, avait été transformé en haut lieu de la prostitution africaine.
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La présence des prostituées avait suscité de nombreuses plaintes des riverains, notamment auprès des élus du quartier. Les policiers locaux avaient alors entamé une enquête, reprise et approfondie par la brigade de répression du proxénétisme (BRP). "J'avais alerté le syndic de mon immeuble l'année dernière, explique un commerçant installé dans la rue depuis 1980. Elles étaient là en permanence. Elles attiraient des clients qui fréquentaient les boutiques. Elles s'étalaient sur plusieurs dizaines de mètres. Il m'avait répondu : "Il faut patienter, la police enquête"."
DETTE CONTRACTÉE DANS LEUR PAYS
Le réseau était particulièrement bien organisé : les prostituées, âgées de 20 à 50 ans, étaient placées sous une étroite surveillance et contraintes à l'"abattage" dans des conditions d'hygiène déplorables. Une Malienne de 40 ans et son conjoint, âgé de 47 ans, sont soupçonnés d'être les principaux instigateurs. Ils employaient une vingtaine de femmes, desquelles ils exigeaient la remise d'une somme de 200 à 500 euros tous les dix jours. Les tarifs pratiqués pour une passe s'élevaient de 20 à 30 euros. Ils s'étaient associés à deux Ghanéennes qui avaient pour mission de surveiller les prostituées et de collecter l'argent versé par les clients.
Une Algérienne, âgée de plus de 60 ans, propriétaire d'un appartement au 70, faisait, elle, travailler une dizaine de femmes. Un Marocain assurait la surveillance de l'ensemble, tandis qu'une sixième personne, un Sénégalais de 61 ans, avait en charge la logistique ; il s'occupait de la maintenance et du ménage des locaux.
Lors des perquisitions effectuées dans le cadre de l'enquête, environ 15 000 euros ont été saisis. Parmi les prostituées interpellées par la police, cinq étaient en situation irrégulière. Une seule d'entre elles a fait l'objet d'un arrêté de reconduite à la frontière ; les quatre autres ont été remises en liberté.
Comme dans la plupart des affaires de proxénétisme impliquant des femmes africaines, les prostituées étaient tenues par une dette contractée dans leur pays pour venir en France. Cette dette s'élève à environ 50 000 dollars (39 400 euros). Elles étaient mises dans l'obligation de rembourser, sous la menace de représailles envers leurs familles, restées au pays. Certaines d'entre elles étaient même "maraboutées" avant leur départ, afin de s'assurer de leur docilité.
"En fait, reconnaît le commerçant, elles ne posaient pas de problème en elles-mêmes. Il n'y avait jamais d'embrouilles dans la rue. Mais nous sommes quand même soulagés : depuis mardi, c'est redevenu plus calme." Dans la rue Myrrha, vendredi 29 septembre, plus une seule prostituée n'était visible.
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