UNE NOUVELLE CHANCE POUR ALIOU SATHIE : Il tue son épouse et s’en tire avec quatre ans de travaux forcés

Poursuivi pour coups et blessures volontaires sur la personne de sa conjointe ayant entraîné la mort sans intention de la donner, Aliou Sathie s’en est sorti de justesse. Il écope quatre ans de travaux forcés, là où le procureur réclamait la perpétuité. Une nouvelle chance pour ce père de famille réputé violent comme l’attestent ses nombreuses démêlés avec sa défunte épouse.

La vie réserve souvent aux mortels que nous sommes de surprenantes sentences comparables à celles qui sanctionnent les grandes tragédies au théâtre. L’affaire de coups et blessures sur conjoint ayant entrainé la mort sans intention de la donner, ne déroge nullement à cette règle et démontre combien un ménage peut facilement basculer dans le drame. A force de cultiver et d’entretenir les petites querelles et autres disputes dans leur ménage, le couple Aliou Sathie et Rokhy Cissé a, un jour d’octobre 2007, franchi le Rubicon dans un mortel combat qui a couté la vie à l’épouse.

Le 23 Octobre de l’année 2007, des éléments de la brigade de la gendarmerie de Passy, (département de Foundiougne) sont avisés de la mort de la dame Rokhy Cissé suite à une bagarre qui l’opposait à son époux Aliou Sathie.

S’étant rendus sur les lieux, notamment au village de Keur Momine, les gendarmes enquêteurs ont pu constater que le corps sans vie de la victime était déplacé de la case conjugale et étalé sur une natte, dans un coin de la maison, avec une blessure sur le flanc gauche, à hauteur de la dernière côte flottante. Interpellé sur les faits qui lui sont reprochés, le mari de la victime déclare que ce jour-là, alors qu’il était encore au lit, son épouse en enlevant le drap sali par les déchets de leur fille, lui en a versé une partie. Malgré sa remarque, elle lui aurait répondu de manière incorrecte. Il s’en est alors suivi une gifle. Toujours selon lui, la femme s’est aussitôt dirigée vers la cuisine pour revenir avec un pilon avec lequel il lui administre un coup sur la tête. « C’est quand elle a voulu réitérer que je suis parvenu à la maîtriser, arracher le pilon et lui porter un coup à la cuisse, avant qu’un certain Mbaye Sarr ne vienne nous séparer », avait-il déclaré lors de l’enquête préliminaire. C’est quelques minutes plus tard que le mari a été informé de la mort de son épouse.

Devant la barre de la Cour d’assises présidée par M. Ibrahima Ndiaye, l’accusé est revenu sur presque toutes ses premières déclarations, mais surtout il s’est perdu dans des contradictions. Il a en effet récusé la thèse du coup de pilon à la cuisse, soulignant n’avoir donné à sa victime qu’une gifle. Le problème est que le certificat de genre de mort établi sur la base d’une autopsie certifie que le décès de Rokhy Cissé est dû à un traumatisme abdominal ayant occasionné une plaie de la rate et une hémorragie interne de très grande abondance, ainsi qu’une fracture de la 11e côte gauche.

Par conséquent, la thèse de la gifle ne peut tenir à aucune analyse, souligne le représentant du ministère public, d’autant plus que l’enquête de moralité décrit l’accusé comme une personne sans instruction, entretenant de bons rapports avec son voisinage, mais de nature violente, comme l’attestent ses multiples démêlés avec son épouse, laquelle, était pourtant sa cousine. Si le représentant du ministère public, Serigne Bassirou Guèye, a demandé à la Cour de condamner Aliou Sathie à perpétuité, l’avocat de la défense, Me Ousseynou Faye, a plaidé l’excuse de la provocation. La Cour a condamné Aliou Sathie à quatre années de travaux forcés.