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Abdou DIOUF témoigne : le président SENGHOR parlait peu, mais il travaillait beaucoup

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Abdou DIOUF témoigne : le président SENGHOR parlait peu, mais il travaillait beaucoup

Une conférence sur l’œuvre de Senghor s’est tenue, mercredi dernier, à Paris, au musée Dapper. Abdou Diouf, ancien président du Sénégal et secrétaire général de la Francophonie, en a profité pour faire quelques confidences sur son père spirituel.

(Correspondance permanente à Paris) - Au moment où au Sénégal l’Année Senghor bat de l’aile, en France les festivités du centenaire de la naissance du défunt poète président commencent à atteindre leur vitesse de croisière. Et Mercredi dernier, une conférence qui a réuni le secrétaire général de la francophonie et successeur du président Senghor, Abdou Diouf, Alain Decaux, historien, écrivain, membre de l’Académie Française et René Depestre, poète, écrivain haïtien. Une conférence animée par Philippe Sainteny, journaliste à Radio France internationale (Rfi), a eu lieu au musée Dapper, situé dans le XVIe arrondissement. Pour ouvrir, le débat le journaliste de Rfi a rappelé des propos du Général de Gaulle tenus à l’endroit de Senghor. «Senghor, dit le Général président français, est ouvert à tous les arts, mais d’abord à celui de la politique», rapporte M. Sainteny. Suffisant pour permettre à Abdou Diouf d’entrée dans le débat.

Selon le prédécesseur d’Abdoulaye Wade au Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor, son père spirituel «était toujours en création». «Une fois en bureau politique du Parti socialiste, quand une question ne trouvait pas de réponse, Senghor nous disait : "Vous qui êtes des politiques, vous devez trouver la réponse. Si j'avais l'expérience en politique, je l’aurais trouvée", confie l’ancien président du Sénégal et secrétaire général de la Francophonie.

Abdou Diouf a soutenu que Senghor était «ferme, mais pas autoritaire». Sa formule célèbre était : «Pas de faiblesse coupable ni de cruauté inutile».Avant de lui trouver d’autres qualités. Le poète était un homme «généreux et indulgent». A en croire à son ancien directeur de cabinet, Senghor disait aux gens qu’il fallait qu’il apprenne à Abdou Diouf à être «un peu plus méchant». Ce qui laisse entendre que le président Diouf ne l’était pas suffisamment.

Abdou Diouf a tenu à préciser que le défunt était poète président, et non pas président poète. Pour entretenir sa forme physique et intellectuelle en vue de mieux servir la République et son engagement littéraire, Senghor se levait «chaque jour à 5 h du matin pour faire du sport».

Phillipe Sainteny ne lâcha pas pour autant le secrétaire général de la Francophonie. Avec un brin de provocation, il a voulu savoir si Senghor n’ennuyait pas ses collaborateurs avec sa grammaire. On sait que le défunt tenait à la prunelle de ses yeux au respect des règles grammaticales, il aimait que le français soit utilisé avec tous ses charmes. Comme on pouvait s’y attendre, Abdou Diouf n’a pas laissé l’idée du journaliste prospérer : «Je suis pas d'accord avec vous quand vous dites que Senghor avait un discours ennuyeux. Moi, je buvais ses paroles». D’ailleurs, contrairement à ce que l’on pouvait croire, Senghor était peu bavard. «Il nous reprochait parfois d'être trop bavard en Conseil des ministres. Il parlait peu et travaillait beaucoup», témoigne son successeur à la magistrature.

Revenant sur les rapports entre Senghor et l’Etat, Abdou Diouf dira qu’il avait «le culte de l'Etat, le culte de l'organisation, de la gestion transparente et rigoureuse des deniers de l'Etat». On ne pourra s’empêcher de faire la liaison avec la situation actuelle du Sénégal où les audits des sociétés nationales et l’affaire des chantiers de Thiès ont défrayé la chronique.

Poursuivant son discours, le secrétaire général de l’Oif soutiendra que le président du Sénégal avait innové en science politique. Avec l’instauration du multipartisme limité à quatre partis. Mais s’il a reconnu en même temps que cette situation a mis certains partis politiques, dont les courants n’ont pas été retenus par Senghor, dans «la clandestinité». «C'est pourquoi pour assainir cette situation, j'ai adopté un multipartisme illimité et tous ces partis sont devenus légaux», renchérit-il.

A entendre Abdou Diouf, Senghor est «très actuel». Les thèmes de la détérioration des termes de l'échange, de la laïcité, du dialogue des cultures qui constituent la trame du débat public aujourd’hui, avaient été les siens. «Si on l’avait suivi, à l'époque, on n'en serait pas là aujourd'hui, avec des problèmes comme le choc des civilisations ou encore à appeler au dialogue des cultures. Aujourd'hui tout le monde semble découvrir le thème de laïcité, un thème qui a toujours été défendu par Senghor», souligne le deuxième président du Sénégal. Alain Decaux et Philippe Depestre ont abondé dans le même sens que l’ancien chef de l’Etat du Sénégal.

Les journalistes présents à la cérémonie n’ont pu poser de questions. Les organisateurs avaient laissé entendre qu’un point de presse serait organisé à la fin de la conférence. Mais, comme à son habitude, Abdou Diouf s’est échappé une fois de plus.

 



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