La société sénégalaise vit au rythme de mariages, de divorces et de remariages. Mais, l’auteur de l’ouvrage Mariage et divorce à Dakar, Fatou Binetou Dial attribue à Dakar un pourcentage de divorce de 1 sur 3. Des chiffres, parmi d’autres, mis en doute par certains universitaires comme Amady Aly Dieng.
Le mariage est une prescription religieuse au Sénégal. La sociologue Fatou Binetou Dial, qui animait un débat sur son ouvrage Mariage et divorce à Dakar, s’est beaucoup plus intéressée, dans ses enquêtes, aux foyers musulmans. Mais, voilà que les paradoxes sont nombreux dans la structure matrimoniale. De mariage, on passe au divorce avant un éventuel remariage. C’est cette chaîne tout de même «complexe» qui structure le mariage.
Au Sénégal, explique Mme Dial, «le divorce est consacré par le Code de la famille de 1972 qui interdit aussi la répudiation». Le divorce a aujourd’hui pris de l’ampleur dans la société sénégalaise, dakaroise en particulier où, à en croire Fatou Binetou Dial, «le pourcentage est de 1 divorce sur 3». Mais, les statistiques ne permettent pas de voir plus clair. Cela parce qu’il n’y a pas assez d’enregistrements des unions.
Pourtant, selon elle, il y a quarante ans, les divorces étaient beaucoup plus fréquents. Il ressort des enquêtes menées par Mme Dial que les divorces ont pour explications : «Un défaut d’entretien de l’époux ou de l’épouse, des malentendus avec les belles mères, l’arrivée d’une nouvelle épouse», entre autres.
Le titre de l’ouvrage touchant les foyers, le sujet n’échappant pas aux multiples discussions de la rue, les interventions ne pouvaient qu’être multiples. De quoi faire saliver des étudiants, des chercheurs, des sociologues et des universitaires.
«PROFESSEUR, JE VOUS LE CONCEDE»
Dans une salle bien fournie avec des intellectuels attirés par un titre et des enquêtes sociologiques, les contributions et autres curiosités ne peuvent être que relevées. Le professeur Amady Aly Dieng s’interroge encore sur l’affirmation de la sociologue, selon laquelle bon nombre de Sénégalais et statisticiens, selon laquelle, le Sénégal compte 95 % de musulmans. «D’où prenez-vous ces chiffres ? Comment on les a fabriqués ?», interpelle-t-il. C’est que pour Pr Dieng, «il y a des gens qu’on fabrique et qu’on met dans ce pourcentage alors qu’au Sénégal, il y en a qui ne croient en rien du tout». Au fond, s’adressant à l’auteur de Mariage et divorce à Dakar, il relève qu’il n’y a pas d’études «sérieuses anthropologiques» sur les familles. «Les gens font des enquêtes à Dakar, parce qu’ils n’ont pas les moyens d’aller plus loin», fulmine Amady Aly Dieng. Et, le problème, à son avis, c’est que «nous avons tendance à tout généraliser». «Les gens se mettent à décrire, à constater alors que c’est le travail des gendarmes», ironise-t-il encore.
Dans ses réponses, Fatou Binetou Dial fait profil bas et se libère : «Professeur, vous dites que je ne devais pas entrer dans le livre par le divorce. C’est vrai. C’est vrai. Je vous le concède.»
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