Entre les séances d’enregistrement et le téléphone qui ne cesse de sonner, Coumba Gawlo Seck, initiatrice de « Afrik for Haïti », a peu de temps. Malgré tout, elle a répondu à nos questions. Elle lance un appel à tous les Sénégalais à venir nombreux au concert de samedi.
Comment est née l’initiative « Afrik for Haïti » ?
« Afrik for Haïti » est une idée qui m’est venue suite au drame survenu à Haïti. J’ai vu qu’il y avait certes une mobilisation africaine mais celle-ci pouvait être plus importante. C’est la raison pour laquelle j’ai pris mon bâton de pèlerin et j’ai fait le tour de tous les artistes africains afin que nous puissions mener une action commune qui consiste à l’enregistrement d’un single, un Téléthon pour appuyer celui du président Wade, un méga concert au stade Léopold Sédar Senghor.
Quels sont les musiciens qui prendront part à ce rendez-vous de la solidarité musicale ?
Nous avons Alpha Blondy, Manu Dibango, Papa Wemba, Lokua Kanza, Wasis Diop, Idrissa Diop, Sékouba Bambino, Oumou Sangharé, Aïcha Koné, Youssou Ndour, Ismaïla Lô, Omar Pène, Thione Seck sans oublier le Positive Black Soul (Pbs) et les autres artistes du pays associés à l’évènement.
Comment avez-vous fait pour réunir ce gratin de la musique africaine ? Cela n’a pas été facile. Chacun a son programme. Les musiciens n’habitent pas le même pays et les calendriers des uns et des autres sont difficiles à gérer. En dépit de tout, la volonté, l’engagement de chacun a permis de réaliser ce projet. J’en profite pour remercier tous les artistes mais j’avoue que cela n’a pas été chose simple.
Quelles sont les dispositions prises pour que les fonds qui seront récoltés arrivent aux destinataires dans la plus grande transparence ? Nous avons déjà pris les devants. Nous les artistes nous sommes les ambassadeurs de nos différents pays. « Afrik for Haïti » restera dans l’histoire. Il marquera les esprits parce que c’est un projet panafricain. Nous allons continuer notre chemin. Pour cette raison, toutes les actions que nous allons mener le seront dans la plus grande transparence pour que demain l’on puisse lever la tête et marcher de la manière la plus digne dans nos pays respectifs. C’est pourquoi, lors de la remise des fonds, la presse nationale et internationale sera conviée. Le chèque sera présenté à tout le monde. De même que les documents prouvant que les destinataires ont reçu les fonds. Des artistes seront également présents lors de la remise du chèque. Tout sera visible pour nous permettre de continuer à garder la tête haute.
Est-ce que vous avez été une fois en Haïti ?
J’ai été plusieurs fois à Haïti. D’ailleurs, il était prévu que je me produise avec mon orchestre le 20 mars prochain à Port-au-Prince pour l’animation d’une soirée de gala de la Francophonie. J’avoue que lorsque les évènements se sont produits, je me suis sentie encore plus concernée. C’est un pays que je connais.
J’y vais souvent. Quand vous visitez quelques quartiers de Haïti, c’est comme si vous étiez à Dakar notamment à Sandaga, Tilène, Grand-Dakar ou au marché Adjamé d’Abidjan. C’est un pays touchant et le peuple haïtien est très proche de nous. J’ai beaucoup de tableaux de peintres haïtiens. C’est magnifique
Est-ce qu’il est prévu de regrouper tous les musiciens qui ont pris part à « Afrik for Haïti » en terre haïtienne ?
C’est notre souhait. Le partenariat est commun et, dans ce cadre, il est important que tout le monde soit là jusqu’au bout. Mais les moyens ne sont pas toujours au rendez-vous et dès fois c’est difficile parce que le déplacement de tous ces artistes nécessite beaucoup d’énergie, des moyens humains et financiers. Si nous arrivons à réunir le minimum de moyens, je demeure convaincue que tout le monde sera de la partie.
Comment vous avez fait pour réunir les moyens qui vous ont permis de mobiliser tous ces artistes ?
Il est vrai que c’est difficile de réunir des fonds pour un projet de cette ampleur. Nous avons plus de cent personnes à faire venir entre la presse internationale, les artistes étrangers qui seront accompagnés d’au moins dix musiciens. L’ensemble du système qui se met en place depuis un mois est lourd. Il y a la logistique, les billets d’avions, la communication, l’hébergement, etc. tout cela demande des moyens, beaucoup de moyens. Je dois préciser que personne n’a pris un cachet pour son orchestre, les monteurs, les techniciens, les organisateurs.
C’est pour cette raison qu’on demande en général un budget pour faire un évènement et on va vers les gens pour obtenir un soutien. On y est et on remercie Dieu. C’est la ligne droite et on espère que cela marchera. Je demande à tous les Sénégalais de se mobiliser et de venir soutenir nos frères de Haïti au stade Léopold Sédar Senghor. Je remercie tous les gens qui ont soutenu ce projet et qui savent que nous ne cherchons, à travers cette manifestation, qu’à soutenir des frères qui sont dans la difficulté. Je les remercie pour cet esprit positif.
Peut-on avoir une idée du budget ?
Nous avons énormément de charges. Rien que les billets d’avions nous coûtent plus de 40 millions de francs Cfa. C’est pour cette raison qu’on demande ces moyens pour éviter à la fin du concert de toucher à l’argent pour les dépenses. Quand le disque sortira, sa vente, les téléchargements, ces fonds récoltés avec ceux du concert, nous allons sûrement amasser beaucoup d’argent pour nos frères de Haïti.
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