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DELESTAGE - Night clubs en quête d’énergie et de sécurité : Le cœur n’est pas à la fête

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DELESTAGE - Night clubs en quête d’énergie et de sécurité : Le cœur n’est pas à la fête

Guitares électriques, basses, synthétiseurs… Autant d’instruments qui restent désespérément muets. Les délestages d’électricité n’épargnent personne, et les vendeurs de rêve et de joie de la nuit ne sont pas épargnés. Boîte de nuit, club de jazz, bar afro sont pour beaucoup plongés dans l’obscurité et le silence. La boisson ne coule plus à flot dans les verres. Même les salles d’établissements dotés d’un groupe électrogène sont désertées. Le cœur n’est pas à la fête. Le Dakar by night dynamique et festif n’est plus. Il laisse place à une atmosphère morose et silencieuse.

Comme tous les vendredis soir, des habitants du quartier de la Sicap Baobab se rendent nonchalamment au bar le Ngonal, un petit établissement sans prétention à l’ambiance conviviale. En effet, rien ne vaut un bon concert pour se débarrasser des soucis et du stress d’une dure semaine de travail. Ce soir-là, cependant, le groupe de musique ne jouera pas. Problème de coupure d’électricité. Si les habitués s’attablent tout de même autour d’une bière tiède, certains clients désertent les lieux. Le patron, François Bouyssou, est inquiet. «La fréquence des coupures est alarmante. Nous sommes privés d’électricité tous les jours de 9h à 18h ou de 16h à 24h. Les clients viennent beaucoup moins nombreux», se plaint-il.

Si les déprogrammations musicales découragent certains clients, pour le patron, un problème d’insécurité se pose aussi. «Les habitués viennent à pied jusqu’ici. Or, comme les rues ne sont plus éclairées, ils craignent de se faire agresser. Car les ténèbres sont propices à la délinquance», explique-t-il.

D’où un manque à gagner qui pèse sur ses comptes. «Les charges restent constantes et mes revenus baissent. Si pour l’instant, mes comptes ne sont pas déficitaires, c’est parce que la situation est neuve. Mais je ne pourrais pas tenir longtemps comme ça. D’autant plus que les grosses chaleurs vont arriver», déclare-t-il avec appréhension.

Une situation qui sera en effet catastrophique pour tous les petits établissements qui ne possèdent pas de groupe électrogène. «J’envisage d’acheter un groupe électrogène, mais ces temps-ci, on n’en trouve plus aucun sur Dakar», annonce-t-il.

Les grosses boîtes de nuit sont également touchées par ce phénomène. A l’exemple du Sahel, dont la salle est déserte. Le propriétaire, Demba Ndir, contient son exaspération. «Nous n’avons aucun client, nous ne travaillons pas», résume-t-il, catastrophé. Et les musiciens qui jouaient habituellement se retrouvent sans revenus. «A chaque fois que nous envisageons d’investir dans un groupe électrogène, on nous promet la fin des délestages», explique le propriétaire.

Jean-Michel, le gérant d’une boîte de nuit au Plateau, précise que de toute manière, un groupe électrogène ne peut couvrir l’ensemble des besoins énormes en énergie d’un night club important. Il se félicite d’être pour l’instant à l’abri des coupures de longue durée, grâce à sa proximité avec la Gouvernance.

Le club Alizé, pourtant proche de l’hôpital Abass Ndao et du Commissariat de police du 4ème Arrondissement, ne peut en dire autant. Voilà trois semaines que son groupe électrogène fonctionne, ce qui permet aux musiciens de se produire. Musiciens qui, tel le claviste Ibou Cissé qui joue ce soir-là, rencontrent des difficultés pour répéter. Malgré le spectacle, les clients se font rares. «Ils n’ont plus d’argent. Leurs affaires vont mal», explique Bathie, le gérant.

En cas de coupure d’électricité, l’établissement le Pen Art Jazz est quant à lui alimenté par un groupe électrogène. Ce qui ne le place cependant pas à l’abri des désagréments causés par les délestages. Un samedi soir, alors qu’un groupe de jazz égrène des notes sur scène pour la plus grande joie d’un public venu nombreux assisté au spectacle, la lumière s’éteint et le silence se fait. Le groupe électrogène vient de tomber en panne, victime d’un court-circuit. Impossible de le réparer rapidement, car le technicien n’est pas disponible en pleine nuit. Conséquence, la salle se vide de moitié.

Malgré sa source d’alimentation électrique alternative, Kisito, le patron des lieux, constate depuis quelque temps une baisse très nette de fréquentation : «Certaines personnes se rendent au Pen Art parce qu’ils n’ont pas d’électricité à la maison. Ils restent sur place jusqu’à ce que l’électricité soit rétablie. Ce qui les pousse à consommer. Mais souvent, c’est le phénomène inverse qui se passe. Comme il fait noir chez eux, les gens ne sortent pas.»

Au-delà de cette constatation, Kisito, par ailleurs sociologue, jette son regard d’analyste des phénomènes et situations sociaux. Il incrimine plus largement une morosité ambiante peu favorable à ses affaires : «Les gens ne sortent que dans les périodes de joie, quand le Sénégal se montre fort. Mais quand tout le monde est déprimé, ça se ressent dans ce secteur. Les gens se plaignent. Les deux-tiers des tables ne parlent que des problèmes de délestage.» Si Kisito enregistre une baisse de revenus, il refuse cependant de la répercuter sur le cachet des artistes, qui reste le même.

Cependant, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Les établissements dotés d’une source d’énergie voient afflués chez eux les clients des autres bars désespérément silencieux. C’est le cas du Just 4 U. «Un jour, j’ai vu des personnes quitter les lieux pour aller en boîte. Quelques minutes plus tard, elles sont revenues, bredouilles, car ces établissements étaient fermés», raconte le gérant, Badou Bèye.



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