Pionnier du rap africain, Awadi est un leader engagé. Un engagement qu’il vit comme un devoir d’agir pour sortir le continent de l’impasse. Il prépare en novembre, deux concerts de sensibilisation sur l’immigration clandestine. En attendant, il travaille sur son prochain album « Président d’Afrique », un opus en hommage aux pères fondateurs de « l’Afrique digne ».
Echec des politiques africaines
« Le message de « Sunugaal », c’est que je dis aux politiciens la déception des jeunes quant à leur gestion du pays ; je parle des multiples promesses non tenues, je parle du rêve brisé, des scandales en tous genres, tout ce qui décourage les jeunes à rester au pays.
Mes frères fuient l’enfer vers un Eldorado qui n’en est plus un. Je leur propose de rester, de ne pas faire attention à la médiocratie et de se réaliser, en comptant dorénavant sur eux-mêmes, sur leur propre force.
« Les politiques africaines et surtout leurs managers ont souvent échoué. Les Africains échouent parce que leurs homologues occidentaux, les colons n’acceptent toujours pas que les Africains jouissent de leurs richesses : sol, sous-sol, etc. Tant que le jeune Congolais ne jouira pas du fruit du pétrole, tant que le jeune Ivoirien ne décidera pas du prix de son cacao, tant que le pêcheur sénégalais ne se nourrira pas des fruits de la mer, tant que l’indépendance sera confisquée et que la dette asphyxiera, les enfants d’Afrique iront naturellement vers là où se trouve leur richesse confisquée. Ils iront tous vers l’Occident ».
Il faut encourager l’initiative privée !
« Je ne pense pas que l’immigration soit une solution. Toutefois, il est légitime que l’Africain voyage comme il veut, comme chaque être humain, quelle que soit la destination choisie et la raison invoquée. Mais notre continent, c’est à nous de le bâtir, croyons en nous, osons inventer notre avenir. Les immigrés développent des régions, font rentrer beaucoup d’argent, c’est un fait. Mais à un moment, il faut revenir mettre la main sur la pâte. Je propose qu’on soutienne les pêcheurs en signant moins d’accords avec les pays qui nous envoient des bateaux-usine, qui raflent tout le magot. Il faut soutenir les paysans en faisant des facilités et en bloquant tous les produits étrangers subventionnés qui inondent nos marchés. Il faut encourager l’initiative privée et le micro-crédit. Il faut qu’on puisse amasser de la richesse. Les dirigeants doivent aider les populations à vivre du fruit de leur sol et de leur sous-sol, quitte à récuser tous les « deals » passés avec le vampire colonial”
Engagement et non rébellion !
« Je m’engage, c’est parce que je n’ai pas le choix aujourd’hui. « Je sais ! » Alors, à partir de là je n’ai plus le droit de me taire. Je m’engage pour mes frères et sœurs, pour mes gosses. Ils devraient pouvoir vivre mieux que moi dans un monde meilleur. Un autre monde est possible ! L’engagement ce n’est pas un créneau, c’est un combat ! Combat dans lequel vous êtes souvent mal perçus par une certaine classe de la Nous avons tous une urgence : « Agir ! ». Ce n’est pas une rébellion, c’est de la conscience, pas juste une révolution mais aussi une évolution, mon sport favori c’est l’humour et le rire ceux qui me connaissent le savent.
Perspectives et coups de pousse…
« Je travaille sur un album panafricain pour décembre avec dix-sept artistes de dix pays. Notre réseau s’appelle Aura (Artistes unis du rap africain). Nous défendons la cause de l’enfance africaine et tous les périls qui nous agressent. Le projet est soutenu par Plan-International et s’intitule : « Les enfants du poto-poto ». Je travaille sur un opéra rap avec les chorales de Julien Jouga, Saint Dominique, « Solo Tutti » et avec la diva Yandé Codou Sène.
Le projet est de Pierre Lunel et démarre en décembre à Dakar, il fera le tour de la France et le nom à retenir dans cette aventure est « Requiem Noir ». D’autre part, je finalise l’album « Président d’Afrique » avec tous les pères fondateurs de « l’Afrique digne ». Il y aura, entre autres, Lumumba, Sankara, Mandela, qui chanteront et rapperont avec des artistes très connus du continent.
Les 25 et 26 novembre prochains, nous comptons organiser deux concerts de sensibilisation sur l’immigration clandestine à Dakar et sa banlieue.
L’occasion de présenter au public notre Cd et Dvd « 100 % live » et notre groupe international « Phat 4 ». J’ai de la chance d’avoir quelques connaissances dans certains domaines et un peu de matériel, il est important pour moi de partager ces ressources avec ceux qui en ont besoin.
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