INTRUSION DE LA DROGUE DANS LE MILIEU DU HIP- HOP : Les acteurs du milieu relativisent la portée du phénomène

La drogue dans le milieu hip hop. Les rappeurs en parlent et tentent  de dégonfler l'idée répandue que le mouvement marche aux stupéfiants. 
 

Le milieu hip-hop sénégalais est-il gangrené par la drogue comme un peu partout dans le monde ? Des rappeurs montent au créneau pour tempérer la perception que les gens ont de leurs rapports avec les stupéfiants. Ainsi que certains d'entre eux, interrogés dans le cadre d'un dossier fait par l'animateur Kals dans l'émission «Real one» de la Rfm, hier, ont nié les faits en tentant d'apporter des éclairages.

Pour Keyti, ancien membre de Rapadio, la drogue est dans le hip-hop, certes, mais existe aussi partout. Et il fait savoir qu'«il ne faut pas que les gens perdent de vue que le hip-hop ne fait que refléter le quotidien de la société. Dans le hip-hop, il y a le Coran, il y a l'Eglise, il y a la vérité, il y a le mensonge, il y a le vol, il y a la drogue». Cependant, il met en garde les jeunes qui pensent que pour intégrer ce mouvement, il faut forcément toucher à la drogue. «On n'est pas obligé de le faire. Maintenant, celui qui l'utilise a ses raisons et celui qui l'interdit a les siennes aussi et dans le hip-hop, il y a une multitude de gens qui ne fument pas, qui ne boivent pas d'alcool» ajoute Keyti.

Le Dj de Youkoungkoung studio, Alla, pense quant à lui que la drogue, l'argent, le sexe, constituent le hip-hop, puisque c'est aussi lié au showbiz, non sans ajouter que cela fait marcher ce milieu. «Par rapport aux Etats-Unis, la drogue n'est pas si présente que ça dans le hip-hop au Sénégal. En France, les hip hoppeurs vendent de la drogue pour pouvoir produire leurs albums, organiser des concerts, être numéro un et se faire écouter partout dans le monde». D'après lui, si cette substance toxique est bien présente dans ce pays, c'est dans tous les milieux et les gens l'utilisent comme ils veulent. «Combien d'artistes ont vu leur vie gâchée par la drogue, pas des hip hoppeurs, des Sénégalais qui s'activent dans d'autres domaines de la vie ? La drogue détruit, mais  fait vivre des gens. La drogue est certes interdite au Sénégal, mais les gens arrivent à passer outre et à en faire usage», précise Dj Alla.

Pour sa part, Duggy Tee affirme qu'il n'y a aucun lien entre les deux choses. «Moi je ne vois pas le rapport parce que la drogue existait ici des centaines d'années avant que le hip-hop ne voit le jour». L'ancien compagnon d'Awadi de défendre les artistes. «Ce n'est pas parce qu'on est musicien ou artiste qu'on doit forcément prendre de la drogue. Ceux qui en prennent n'ont rien à voir avec ce que nous faisons. Peut-être qu'il y a des choses qui leur manquent ou c'est un vice ou bien un plaisir», dit-il. Cela ne l'empêche toutefois pas de reconnaître que des gens prennent cette substance dangereuse dans tous les milieux de la musique.

«Dans tous les genres musicaux, il y a des artistes qui prennent de la drogue, même de la drogue dure, qui fument de la marijuana, qui boivent de l'alcool», ajoute Duggy Tee. Il insiste sur le fait que la drogue n'a rien à voir avec le hip-hop. «Je ne vois pas le rapport avec le hip-hop qui est un mouvement, une musique, de l'éducation, de l'animation. Il y a même beaucoup de chansons hip-hop qui condamnent l'usage de la drogue», affirme l'auteur de «Ngeum». Étant contre la drogue dans ce milieu rap et dans la vie en général, Duggy Tee de soutenir : «voir un musicien hip-hop inciter les gens à utiliser la drogue me ferait mal. Si lui le fait, c'est sa vie privée et ça ne concerne que lui».