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Ma SANE, lead vocal du groupe Wa Flash : ‘Le Sénégalais de France n’a pas perdu le rythme du Mbalax’

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Ma SANE, lead vocal du groupe Wa Flash : ‘Le Sénégalais de France n’a pas perdu le rythme du Mbalax’

Depuis le 23 juin, Paris vit au rythme du Mbalax. Coumba Gawlo Seck au Titan, boîte de nuit fréquentée par la communauté africaine, et Ma Sané à La Java, autre boîte de nuit, ont fait vibrer la diaspora sénégalaise et africaine. Une occasion qui a été mise à profit pour dégourdir les jambes. A la fin de sa soirée, Ma Sané, la lead-vocal du groupe Wa flash, en tournée européenne, a exprimé ses sentiments. De la scène, elle a pu observer les Sénégalais de France danser pour constater que la fibre du Mbalax vibre encore sous les pieds de la diaspora. L’artiste sénégalaise s’est aussi exprimée sur la piraterie, sur les changements à apporter au Mbalax. Elle n’a pas manqué de rendre hommage à Mamadou Konté et à Ousmane Sembène décédés récemment.

Wal Fadjri : Vous venez de terminer votre soirée, ici dans le 10e arrondissement de Paris. Quels sont vos sentiments ?

Ma SANE : Tout s’est bien passé. Il y a eu beaucoup de monde venu suivre le concert. Apparemment, les gens sont très contents de la prestation. On est ravi. Je suis satisfaite dans la mesure où les gens sont venus nombreux. Ils ont été sympathiques. Cela a été un bon concert pour moi.

Wal Fadjri : Quand vous regardez danser les toubabs et les Sénégalais, qu’est-ce que cela vous inspire ?

Ma SANE : Cela veut dire qu’ils sont carrément dans le rythme. Cela nous incite, nous encourage beaucoup. Apparemment, je constate qu’ils n’ont pas perdu les pas de danse, le rythme du Mbalax. Cela veut dire qu’ils sont aussi branchés que les Sénégalais restés au pays.

Wal Fadjri : Pourquoi cette tournée ?

Ma SANE : Chaque été, on vient en tournée en Europe. Nous sommes en train, cette année, de faire la promotion de notre album mis sur le marché depuis trois mois. C’est pourquoi nous sommes à Paris. Mais nous irons aussi dans d’autres villes comme La Rochelle, Lyon, Nantes. Nous irons également en Allemagne précisément à Hanovre- et au Danemark, à Copenhague. Nous en avons pour un mois.

Wal Fadjri : Durant le concert, les spectateurs vous ont vu jouer de la guitare. Est-ce que c’est une manière pour vous de dire que vous ne vous limitez pas seulement à votre voix ?

Ma SANE : J’ai démarré la musique avec la guitare. Depuis lors, je peux dire que la plupart de mes chansons ont été créées à l’aide de la guitare. C’est comme cela que je travaille. Dès fois, il m’arrive de faire la surprise sur scène. Cela montre aussi qu’on a un spectacle varié. On ne fait pas que du Mbalax. On fait d’autres genres musicaux comme l’acoustique, la Salsa etc.

Wal Fadjri : Préparez-vous un nouvel album ?

Ma SANE : Nous sommes en train d’abord de faire la promotion de notre album sorti récemment. On va s’y mettre carrément. Après la tournée européenne, nous allons faire d’autres clips de certains titres de l’album. Nous allons laisser le temps aux gens d’écouter et de savourer ce nouvel album. Il n’est pas exclu que nous sortions l’année prochaine un album.

Wal Fadjri : Pour la promotion de l’album, avez-vous fait une tournée au Sénégal ?

Ma SANE : On n’en a pas encore fait beaucoup. Nous avons fait seulement quelques soirées à Dakar. Il faut reconnaître qu’il est très difficile de gérer l’album à cause de la piraterie que tout le monde connaît. La piraterie gâche tout. C’est très difficile de s’en sortir et assurer le reste. C’est la raison pour laquelle, nous avons opté pour la tournée européenne d’abord. A notre retour, nous essayerons de faire quelque chose au Sénégal d’autant plus qu’on est à Dakar tous les week-ends.

Wal Fadjri : Youssou Ndour a cherché à couper l’herbe au pied des pirates en utilisant par exemple les chauffeurs de taxis pour la vente de son nouvel album. Quel est votre remède contre la piraterie ?

Ma SANE : Nous n’avons pas la même stratégie que Youssou Ndour. Il faut reconnaître que Youssou Ndour a beaucoup plus de moyens de contourner, à sa manière, la piraterie. Cependant cela ne suffit pas pour combattre la piraterie. Il faut trouver une solution définitive. Pour cela, l’Etat doit s’y mettre. Il faut qu’il ait une volonté politique et que les consommateurs soient conscients des dégâts causés par la piraterie. En achetant une cassette piratée, les consommateurs contribuer à tuer l’artiste. On empêche ainsi l’artiste de vivre de son art. Tout le monde doit être conscient de cela pour mettre fin à la piraterie.

Wal Fadjri : Il y a aussi le téléchargement sur Internet…

Ma SANE : Le téléchargement concerne toute la planète : l’Europe, l’Amérique et même l’Afrique. Mais c’est plus grave au Sénégal. Les gens achètent de moins en moins les cassettes. Avant ils n’achetaient pas beaucoup, maintenant c’est plus grave à cause du téléchargement. C’est une forme de piraterie qu’il faut combattre par tous les moyens. Là aussi, c’est aux consommateurs de participer au combat. Parce que c’est une question de conscience.

Wal Fadjri : Mais c’est peut-être aussi une question de niveau de vie des Sénégalais ?

Ma SANE : Les cassettes ne coûtent que 1000 à 1500 francs cfa. Donc ce n’est pas du tout cher. Il faut simplement être un peu conscient et responsable pour ne pas acheter des cassettes piratées. Il faut essayer d’aider les artistes. Si tout le monde fait un petit effort, chacun pourra se procurer une cassette non piratée.

Wal Fadjri : Comment réagissez-vous sur le cas de Laba Socé malade qui, après quarante ans de musique, se trouve, aujourd’hui, dans une situation financière difficile ?

Ma SANE : Cela prouve qu’il y a problème au niveau de l’organisation du milieu musical. Si Laba Socé, à son âge, a des problèmes pour se soigner malgré tout ce qu’il a fait pour la musique sénégalaise, cela veut dire qu’il y a des problèmes de sécurité des artistes. Cela veut dire aussi qu’ils ne sont pas protégés. A mon avis, il faut poser le débat et réunir tous les artistes autour d’une table pour discuter et trouver une solution pour l’avenir des artistes. Cela montre que notre avenir est précaire. Déjà avec le problème de la piraterie les artistes n’arrivent plus à s’en sortir. Si Laba Socé, qui a tout fait pour la musique sénégalaise, n’arrive plus à trouver les moyens pour se soigner, cela veut dire tout simplement que nous ne sommes pas protégés. Alors je lance un appel à tous les musiciens, à l’Etat et à toutes les bonnes volontés qui s’activent autour de la culture pour se retrouver autour d’une table et poser le problème de l’avenir des artistes.

Wal Fadjri : Est-ce que ce problème n’est pas lié à la question du statut de l’artiste ?

Ma SANE : Bien sûr que c’est cela. Tout cela, à mon avis, demande une volonté de faire bouger les gens pour que cela change. De grands musiciens, c’est-à-dire les têtes d’affiche, comme Youssou Ndour, Baba Maal, Ismaël Lô, Omar Pène doivent faire quelque chose dans ce sens. Cela ne veut pas dire qu’ils peuvent tout faire. Mais s’ils décident vraiment de faire bouger les choses, ils sont capables de beaucoup apporter dans ce sens. Ils ont de la voix et s’ils décident de réunir tout le monde pour trouver une solution à ce problème, je crois que cela peut se faire. Ce sont des gens qui sont influents et qui peuvent faire quelque chose sur ce plan.

Wal Fadjri : Pourtant des choses ont été faites dans ce sens-là. Mais on a l’impression que les têtes d’affiche, comme vous le dites, n’arrivent pas à harmoniser leur position …

Ma SANE : Mais cela n’est pas du tout normal. A mon avis, ils ont la capacité d’arriver à quelque chose. S’ils arrivent à réussir leur business, à hisser plus haut la musique sénégalaise sur le plan international, il n’y a pas de raisons qu’ils décident de faire quelque chose pour l’avenir des musiciens et que cela ne réussisse pas. Encore une fois, je leur lance un appel, mais aussi à tous ceux qui s’activent autour de la culture sénégalaise comme les journalistes, les animateurs, mais aussi à l’Etat, pour que tout le monde soit conscient de l’avenir des artistes. Il faut dire que les artistes sénégalais ont du mérite. Si le Sénégal est aussi connu au plan international, c’est grâce aussi à la culture sénégalaise en général. Donc, il y a de quoi protéger les artistes pour qu’ils puissent faire leur métier correctement pour l’avenir de la musique sénégalaise.

Wal Fadjri : Le Sénégal a enregistré ce mois de juin des décès de grands hommes de la culture comme Mamadou Konté et Ousmane Sembène. Comment l’avez-vous vécu ?

Ma SANE : C’est vraiment regrettable. Mamadou Konté et Ousmane Sembène font partie des pionniers dans leur domaine respectif. Ce sont des gens qui ont beaucoup contribué à la promotion de la culture sénégalaise, mais aussi africaine. Ils se sont imposés au plan international. C’est une grande perte pour le Sénégal, mais aussi pour l’Afrique et le monde. Je souhaite que Dieu les accueille dans son paradis Il faut des gens comme eux pour assurer la relève.

Wal Fadjri : Par rapport à la musique sénégalaise, comment entrevoyez-vous l’avenir du Mbalax au plan international ?

Ma SANE : Il faut reconnaître que le Mbalax est une musique qui ne s’impose pas carrément sur la scène internationale. Il n’est connu que dans la communauté africaine. Il n’a pas encore trouvé sa grande place au plan international. Mais j’espère que si l’on arrive un peu à le dépouiller – parce que c’est une musique un peu compliquée – pour faire plus léger, il pourra se hisser au plus haut niveau de la scène internationale. Cependant c’est une belle musique accompagnée de spectacle. Mais il faut apporter un petit changement au niveau de la musique pour qu’on puisse la comprendre.

Wal Fadjri : Quels genres de changements faut-il apporter ?

Ma SANE : Comme je l’ai dit tantôt, c’est une musique un peu surchargée. Ça se joue aussi en contre-temps. Déjà surchargée et le fait que ça se joue en contre-temps, je crois que ce sont seulement les Sénégalais qui peuvent comprendre cela. C’est pourquoi, il faut dépouiller, aérer un peu le Mbalax pour avoir des mélodies et que cela soit beaucoup plus posé, à mon avis.

Wal Fadjri : La danse n’est-elle pas aussi un frein à la pénétration du Mbalax en Europe particulièrement ?

Ma SANE : Non, la danse, c’est du spectacle. Vous voyez bien comment les Américains dansent. Au contraire ! Par exemple, on voit la Salsa qui est très rythmée, mais que l’on comprend.

Wal Fadjri : Et l’avenir de Wa Flash ?

Ma SANE : On essaie toujours de monter le plus haut possible, faire sortir un Compact Disque au plan international et continuer les tournées.



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