MEGA-CONCERT - Entre rock, R’n’B, mbalax, reggae et musique africaine : Tous chœurs pour les chérubins

Le stade Léopold Sédar Senghor a vibré, mercredi dernier, aux rythmes de musiques africaines, mais également de sonorités rock et R’n’B. Le public a découvert les accents punk et rock d’artistes notamment norvégiens, véritables stars sur la scène internationale, tels que A-Ha, Mira Craig, Patti Smith ou Mortel Abel. Mais ce sont Angélique Kidjo, Lauryn Hill, Alpha Blondy, Awadi, Viviane Ndour et Youssou Ndour qui ont littéralement enflammé Léopold Senghor.

Des vedettes de la musique africaine et des groupes norvégiens et internationaux montent, alternativement, sur scène. Ils font vibrer le stade Senghor, aux rythmes de leurs musiques des spectateurs enthousiastes, venus nombreux, assistés au méga-concert organisé par l’Ong Plan. Et les…chœurs de battre pour les enfants. Pour leurs droits, notamment pour l’enregistrement des naissances.

Les artistes norvégiens ont défilé, suscitant mi-incompréhension, mi-appréciation, de la part d’un public jeune plus habitué au mbalax national et au rap qu’au rock. Le célèbre groupe norvégien «A-Ha», si plébiscité chez lui, mais aussi à l’étranger, comme lors de l’un de ses concerts à Rio de Janeiro avec plus de 175 mille spectateurs présents, n’a suscité que peu d’adhésion de la part du public sénégalais. De même, ce-dernier n’a été que peu séduit par Patti Smith, le célèbre pionnier de la scène punk de la ville de New York. Un chanteur qui, malgré son rock’n’roll poétique et les louables efforts de Youssou Ndour par un feat avec elle pour chauffer le stade, ne laissera cependant pas un souvenir impérissable dans la mémoire du public sénégalais.

La chanteuse norvégienne Mira Craig a, quant à elle, su réellement toucher le public par une voix chaude, volontaire et parfois agressive et des danses évocatrices. Une séduction en partie favorisée par le groupe de danse Les Amazones qui l’accompagnait et la tenue de scène par l’artiste. Les spectateurs ont en effet assisté à des roulades, sursauts, trémoussements, coups de pieds et grognements… Un tourbillon véritablement endiablé de femmes plus fermes les unes que les autres. Maquillage noir, traits ethniques sur le visage, tenues sexy, les Amazones n’ont pas fait mentir leur nom.

«LE MEILLEUR POUR LA FIN !!!»

Les Dakarois ont également eu l’opportunité de découvrir le hard rock enflammé de Mortel Abel et de bouger aux sons des cris stridents de leurs guitares électriques. Mais c’est sans aucun doute la chanteuse Lauryn Hill qui a mis le feu au stade, offrant un r’n’b de qualité à des fans comblés.

Mais c’est indéniablement sur les rythmes africains que le stade, en extase, a le plus dansé et chanté. Les Grands de la scène musicale de tout le continent ont donné de la voix pour la bonne cause. Le reggae man militant Alpha Blondy, était bien entendu présent. Angélique Kidjo a également fait un passage remarqué sur scène, notamment avec son titre Ayé, que les spectateurs ont repris en chœur. C’est une prestation scénique énergique et sensuelle qu’a offerte la souriante petite bonne femme béninoise, par ailleurs excellente danseuse. Un moment magique, un intermède afro-funk paisible dans un concert au rythme effréné.

Ce fut ensuite le tour à l’inévitable trio sénégalais, Didier Awadi, Viviane Ndour et Youssou Ndour. «Le meilleur pour la fin !!!», lance un spectateur impatient et ravi, dont les ardeurs ne semblent pas tempérées par l’heure tardive et le froid. Il ne sera pas déçu.

Fidèles à leur réputation, les trois monstres sénégalais allument la poudre au stade, au sens propre comme au sens figuré. «Où sont passés les voleurs de la République ? Ils sont là ; ils roulent en 607 AD ; ils ont pillé le patrimoine. Le président t’oublie, oublie le président», lance, accusateur, Awadi pour qui Un autre monde est possible. Comme à son habitude, il ne pèse pas ses mots pour parler de l’actualité brûlante universitaire. Accompagné par la kora, il lance, strident, Le cri du peuple, adapté bien entendu à la bavure policière : «Ceux qui sont en haut, n’écoutent pas le peuple d’en bas. Aujourd’hui, une mère pleure, parce son enfant a perdu une jambe. Il y a eu la barbarie au Campus. Les policiers n’ont rien à faire à l’Université. Parce que c’est l’Université Cheikh Anta Diop.»

C’est par le timbre mélodieux de sa voix et les atouts de son anatomie, mis en valeur par une danse langoureuse, que Viviane entend bien chauffer pour sa part le stade. Le méga concert se clôt en apothéose sur l’étoile de Dakar. Il s’agit bien sûr de Youssou Ndour qui, en dépit des rumeurs, entonnera à la demande du public, son titre phare : Xaliis. Avec les milliards qui font beaucoup désordre.