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MOISE AMBROISE GOMIS, PROMOTTEUR DE MISS SENEGAL « AU SENEGAL TOUT SE RÉDUIT AUX INSULTES ET INSINUATIONS »

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MOISE AMBROISE GOMIS, PROMOTTEUR DE MISS SENEGAL « AU SENEGAL TOUT SE RÉDUIT AUX INSULTES ET INSINUATIONS »

Sa voix chaleureuse a surtout marqué la génération 80, du nom de l’émission qu’il animait à l’époque. As du micro et promoteur de spectacles chevronné, Moïse Ambroise Gomis continue de nourrir cette flamme à travers, entre autres événements, l’élection de Miss Sénégal. Même si, reconnaît-il, son âge représente un handicap. 

Quel bilan tirez-vous après l’élection Miss Sénégal qui vient de se terminer ?

C’est d’abord la satisfaction d’avoir tenu le pari de l’organiser hors de Dakar. Nous avons trouvé intéressant, pour la promotion du Tourisme, d’aller dans une station  balnéaire et faire profiter gracieusement les touristes du spectacle. Certes nous l’avons fait, mais sans moyens. Il aurait fallu que les agences de voyage soient mobilisées, mais cela est du domaine de l’Institutionnel Sénégalais. A  notre niveau, nous nous contentons de ramasser les maigres fonds mis à notre disposition et essayer de faire du mieux qu’on peut. Je dois dire que je n’aime pas cette situation, car nous avons de sérieux problèmes structurels. Et mes ambitions pour la mode ne me feront pas lâcher prise. C’est comme si j’étais à la recherche du Graal. Je me demande, chaque fois, ce qui me pousse à continuer. D’ailleurs, je pensais demander au chef de l’Etat de nous autoriser à devenir une Ong. Il nous avait promis de nous aider en nous donnant la place du Souvenir. Mais, la dernière fois que j’y ai organisé un spectacle, j’ai passé un an à payer la dette. Quand je regarde du côté de la Côte d’Ivoire, c’est à en devenir jaloux. Là-bas, l’élection est un événement national. C’est d’ailleurs le chef de l’Etat ou la Première dame qui la président. Maintenant, il fut un temps où tout le gouvernement venait siéger, on avait vraiment un conseil des ministres.

Selon vous, qu’est-ce qui explique ce soudain snobisme des autorités ?

Peut-être que certains ministres sont arrivés au moment des restrictions budgétaires. En tout cas, après Ousmane Masseck Ndiaye, c’est le calvaire. Les autres veulent bien nous soutenir, mais les moyens leur font défaut. On essaie alors de colmater les brèches. 

A quelles sortes de difficultés faites-vous face exactement ?

C’est surtout la diffusion à la Rts. Pour chaque  saison, il faut compter 6 à 7 millions, c’est vraiment un dilemme. Ensuite, il y a le logement des candidates, et surtout le fait que nous sommes obligés de distribuer beaucoup d’entrées gratuites lors de la finale. Nous recevons des délégations qui viennent de loin, sans compter les autorités. Alors, c’est sûr que cela va se ressentir sur les finances. Il y a longtemps qu’il n’y a plus de rentabilité.

Est-ce donc ce manque de moyens qui explique les défaillances notées dans les dernières éditions ?

Oui. Même si nous avons des Miss splendides, c’est dans le suivi que ça pose problème. Par exemple, cette année, nous avons reçu, pour la première fois, la diaspora. Pourtant, nous n’avons eu qu’un seul dîner offert par le Président du Sénat. Ce n’est pas suffisant dans la mesure où toutes ces filles ont envie de garder un lien fort avec leur pays. C’est quand même dommage. Car, une fois de retour, elles feront l’objet de beaucoup de questions sur leur séjour. Et c’est là où le bât blesse. Nous avons certes des idées. Mais, pour la mise en place, il faut un coup de pouce des autorités.

Hormis l’organisation, d’aucuns remarquent que le choix des Miss laisse également à désirer …

C’est juste que les critères changent. Les morphologies ne sont plus les mêmes qu’avant. Il n’y avait aussi pas le «xessal». Maintenant, il faut veiller à ne pas avoir des candidates qui se dépigmentent et c’est extrêmement difficile. Demander aux Sénégalaises d’arrêter le «xessal», c’est prêcher dans le désert.

Ne pensez-vous que la prolifération des concours de beauté y soit aussi pour quelque chose ?

Non, pas du tout. Il y a même une nette différence. Je trouve que c’est une bonne chose qu’il y ait beaucoup d’élections de Miss. Mais, il faut que l’on aille vers l’élitisme. Maintenant, tout le monde sait que Miss Sénégal, c’est le top. Je peux me réveiller un bon matin et mettre la clé sous la porte. Donc, il est bon que les jeunes promoteurs se lancent. Histoire d’assurer la relève. En tout cas, j’entretiens toujours la flamme et ce serait bien que d’autres viennent pour entretenir à leur tour cette flamme après moi.

D’où tenez-vous la légitimité pour l’organisation de Miss Sénégal ?

D’abord, de mon ancienneté et de mon amour pour cette compétition. J’ai aussi été celui qui l’a tirée de l’ornière. Miss Sénégal était naguère organisée par la Délégation générale au Tourisme. C’est bien après que, avec mon ami Demba Ndir, nous avons relancé la machine. A l’époque, c’était l’ancien ministre de la Culture, Abdoulaye Elimane Kane, qui m’avait envoyé une lettre pour me demander de lui soumettre un draft pour l’organisation de Miss Sénégal. Je lui ai présenté un document qu’il a approuvé. C’est à partir de ce moment que j’ai pris l’élection comme un sacerdoce. Car, c’est l’image du pays qui compte et non l’argent.

Cela fait combien d’années que vous organisez cette élection ?

Je me refuse à comptabiliser les années. En tout cas, depuis Abdoulaye Elimane Kane, je suis là. On a arrêté, une ou deux fois, et c’était à cause du conflit Casamançais. Dès que la paix est revenue, nous avons repris la compétition.

Si l’on vous demandait d’élire la Miss des Miss parmi toutes les reines de beauté que le Sénégal a eues, qui serait-elle ?

C’est vrai que ce serait intéressant d’avoir un palmarès. Mais, vous savez, elles sont toutes belles.

Il y en a, au moins, une qui sort du lot ?

C’est difficile à vue d’œil. Mais, celles que je garde beaucoup plus en mémoire, ce sont les dernières. Elles sont arrivées avec la jeunesse, l’insouciance  et la légèreté. Ce n’était pas comme avant. On ne peut pas les mettre bout à bout. Elles ont chacune quelque chose de différent. Toutefois, il y en avait une qui m’est restée en travers de la gorge, c’est une Miss qui est mannequin Top modèle, qui vit aux Etats-Unis et qui est mariée. D’ailleurs, elle n’était même pas Miss Sénégal, elle a été première dauphine de Maïmouna Diallo. Elle avait tellement de classe et d’assurance qu’elle s’était permise de dire à la presse, «je me présente parce, je suis belle», et les Sénégalais ne lui ont pas pardonné cela. Elle a perdu sa couronne comme ça. Malheureusement, j’ai oublié son nom. Il y a eu aussi Aïcha Faye de Bargny qui a surpris plus d’un. Personne ne misait un sou sur elle. Certains disaient même qu’elle n’avait pas de classe. Et quand elle est arrivée le soir de Miss Dakar, c’était autre chose. C’est comme ça qu’elle a survolé la finale. Et je me souviens, c’est Youssou Ndour qui animait la soirée. Ce soir-là, il avait du mal à regarder devant lui (rires). 

Est-ce que vous gardez toujours des relations avec les Miss ?

Alors là, oui, d’excellentes relations ! C’est, peut-être, ce qui me pousse à continuer.

Ne pensez-vous pas que c’est de cette proximité qu’est partie la rumeur selon laquelle vous servez d’entremetteur entre ces Miss et certaines autorités ?

C’est de la méchanceté de bas étage. Je ne joue pas dans ce registre-là. C’est dommage que, dans ce pays, tout se réduit aux insultes et aux insinuations. Malheureusement, les Sénégalais sont formatés ainsi. Libre aux gens de croire ce qu’ils veulent. Ces rumeurs ne datent pas d’aujourd’hui. Mais, ils doivent savoir que j’ai la peau dure. Si je suis là, c’est parce que Dieu l’a voulu. 

Cela dit, que pensez-vous du cliché «belles, abruties et parfois dépravées» que les Sénégalais ont généralement des Miss ? 

Cela ne s’applique pas à toutes les Miss, mais il y en a. C’est à l’image de notre société. La preuve, elles se marient aussitôt après l’élection et donc les gens savent faire le distinguo, entre les Miss qui sont propres et celles que l’on trouve au casino tous les soirs. Il y en a qui ont choisi un certain mode de vie, cela les regarde. Pour ma part, tous les mannequins de mon agence qui défilent en maillots de bain ou string dans les boîtes de nuit, je les ai virées. Car, elles ne servent pas d’exemple aux plus jeunes de l’agence.

Vous avez été un mythe pour toute une génération. Est-ce que vous n’avez pas l’impression, avec l’arrivée des jeunes loups, d’avoir perdu de votre notoriété ?

Bien au contraire, je trouve cela formidable. Il faut, quand même, que chacun fasse son temps et je l’accepte volontiers. Surtout que je ne me suis jamais pris au sérieux. C’était, peut-être, de la chance. Toujours est-il que, jusqu’à présent, je suis en mesure d’exercer mon métier. D’ailleurs, on me demande toujours d’assurer l’animation de certains événements. Mais, j’ai pris de l’âge et j’ai certaines responsabilités qui ne me permettent pas de sortir tous les soirs. A chaque fois que mon calendrier me le permet, j’anime une petite soirée et c’est carrément une petite fête pour moi. Quand même, ce serait dramatique qu’il n’y ait que moi.

N’empêche que le niveau des animateurs n’est plus le même…

C’est peut-être cela qui me fait survivre.

Quelle est la suite des événements pour vous ?

C’est le Festival international des tresses africaines que j’ai mis sur pied, en collaboration avec des coiffeuses et la Direction de l’Artisanat. Nous avions prévu de faire son lancement le jour de l’inauguration du Monument de la Renaissance, initialement prévue le 12 décembre prochain, qui aura finalement lieu le 4 avril 2010. Toutefois, nous nous maintenons et le festival, en tant que tel, est programmé pour 2010. Il s’agira de présenter les anciennes coiffures traditionnelles des régions. A cet effet, il y aura un prix, qui porte le nom du président de la République, pour encourager les coiffeuses. Et pourquoi pas, pour les prochaines éditions accueillir toute la diaspora.

Quels sont les objectifs du festival ?

Sauvegarder notre patrimoine pour mieux l’exporter.

Comment envisagez-vous votre retraite ?

Je ne sais pas, je tiens difficilement en place. Je pensais ouvrir un club de jazz où on sert beaucoup de soupe jusqu’au petit matin. J’ai aussi un studio vidéo. Mais, je ne pourrais jamais lâcher la mode.

 Mais, qu’est-ce qui vous lie tant à la mode ?

C’est uniquement de la passion. La mode, le sport et la  musique étaient tout ce qui m’intéressait. D’ailleurs, à un moment, j’ai commencé à chanter de la Salsa et je n’étais pas mal. Tout comme pour le sport, surtout en athlétisme, et j’ai même été sélectionné pour la Semaine régionale, à l’époque vers les années 70-80, et j’ai terminé 2e. Par la suite, j’ai eu des problèmes de cœur et j’ai dû arrêter. Ensuite, j’ai un peu roulé ma bosse en France, puis en Belgique où j’ai fait ma formation de reporter. J’ai aussi fait de la radio au Canada dans une grande station française de la place. En 83, j’ai atterri à la Rts et c’est là que j’ai commencé à animer «Génération 80».



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