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Musique - Disiz La Peste vide son sac et tourne la page du RAP : « Les rappeurs sénégalais doivent continuer à chanter leur fierté d’être sénégalais et pousser la jeunesse à changer les choses ».

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Musique - Disiz La Peste vide son sac et tourne la page du RAP : « Les rappeurs sénégalais doivent continuer à chanter leur fierté d’être sénégalais et pousser la jeunesse à changer les choses ».

Après quelques années d’absence sur la scène musicale, Serigne Mbaye Guèye, alias Disiz La Peste était à Saint-Louis dans le cadre de la tournée des CCF qui l’a mené au Niger, au Mali, au Bénin, en Mauritanie, au Ghana et au Togo. Une occasion pour lui de s’expliquer sur sa longue absence, sa carrière, ses projets, mais aussi de faire une lecture sur le rap français, sénégalais et aussi l’émigration clandestine.

Disiz, cela fait un bout de temps que vous avez disparu de la scène musicale, que s’est-il réellement passé ?

J’ai sorti mon dernier album cela fait donc trois années qu’on ne m’a pas entendu parce que je suis en train de changer beaucoup de choses et notamment écrire un livre qui s’intitule « Le dernier de la rue Ponty ». Ce n’est ni une biographie, encore moins une autobiographie, mais plutôt un livre de littérature accessible en France et qui sortira le 7 janvier 2009. J’ai pris du temps pour l’écrire, mais aussi écrire et enregistrer mes deux prochains albums. Le quatrième qui s’intitule « Disiz the end » dans lequel je tourne la page, j’arrête le rap et l’autre dans lequel je continue la musique, mais qui est beaucoup plus influencé par le folk.

De quoi parle votre livre ?

C’est l’histoire d’un jeune français qui commet une faute grave en Occident et qui tente de revenir en Afrique pour se racheter.

Parlez-nous de votre quatrième album.

« Disiz the end » est un album assez nostalgique, très triste même, très dur. Dans cet album, je me livre et raconte des choses que je n’ai jamais racontées auparavant. Vous savez, j’ai toujours été quelqu’un de très discret dans ma vie. Je n’ai pas eu une enfance très facile, mais je n’en ai jamais fait état. Mais, vu que c’était mon dernier album, j’ai préféré vider mon sac et dire tout cela. J’y raconte aussi qu’il y a une page du Rap qui sera tournée, qu’on est passé à autre chose et plein de trucs encore.

Est-ce que vous pouvez revenir sur la portée des messages que vous véhiculez ?

Au niveau des messages qui évoluent selon l’apprentissage de la vie, ma vision des choses. J’essaie toujours d’être mesuré, dans le sens où l’on croit savoir aujourd’hui et qu’on peut découvrir plus tard en grandissant, qu’on se trompait.

J’ai toujours essayé de faire attention pour ne pas avoir à le regretter. J’essaie également d’exhorter les jeunes à avoir confiance en eux, de ne pas être défaitistes. Je suis né dans la banlieue en France et c’est très compliqué de grandir là-bas et ce n’est pas en Afrique que je vais expliquer cela. On nous condamne à beaucoup de choses, à ne pas croire en nous, à croire réussir par le biais de la musique, du football alors qu’on peut faire plein de chose, mais ce sont des modèles qu’on ne nous montre pas. J’essaie de dire à la jeunesse ou à mes semblables de ne pas se laisser avoir par certains discours.

Est-ce qu’avec toute l’expérience que vous avez, vous comptez un jour investir dans le Rap ?

Je ne me vois vraiment pas investir dans le rap, car je trouve que le seul avenir qu’on a donné à la jeunesse est souvent le rap ou le sport et ça ne m’intéresse pas de participer à cela. Aujourd’hui, je peux dire que ma part de contribution pour développer le rap, c’est mettre à profit mon parcours, mon image, mes « featuring » avec des artistes. Cependant, quand j’avais gagné beaucoup d’argent, je me suis dit que j’allais investir au Sénégal pour permettre à certaines personnes de vivre par elles mêmes, parce que souvent, les gens investissent dans des dispensaires, des orphelinats et tout ce qui est bien. J’avais donc acheté un terrain à Mbao pour y implanter des manufactures de vêtements, qui créera beaucoup d’emplois. Je voulais créer ma propre marque et venir la vendre en France. J’ai donc monté le projet avec près de 165.000 euros. Tout était prêt, mais, au dernier moment, je me suis aperçu qu’il y avait des lois occidentales, européennes et américaines qui empêchaient l’Afrique d’exporter des produits finis. J’ai eu une désillusion et par la suite, je me suis dit que la politique des blocs occidentaux est que l’Afrique ne se développe pas par elle-même, mais que ce soit toujours par le biais de subventions, de dettes, de dons.

Comment se porte le Rap français ?

Franchement, il ne va pas bien parce qu’il n’y a plus d’originalité. L’industrie du disque est complètement verrouillée. Il y a une page qui a été tournée et ça ne va plus bien.

Quelle lecture faites-vous du Rap Sénégalais ?

J’en fais plutôt plusieurs lectures. Je dirai d’abord que je suis très fier des rappeurs sénégalais dans le sens où il y a cette solidarité, cet esprit communautaire qu’il y avait au début dans le Rap français et américain. Et pendant la campagne électorale des présidentielles en 2000, il y avait beaucoup de rappeurs qui étaient montés au créneau pour dénoncer pas mal de choses et j’ai beaucoup apprécié ce côté revendicatif. Par contre, aujourd’hui, le Rap se présente sur un autre visage. Il s’américanise et devient de moins en moins engagé. Il faut donc que les rappeurs sénégalais continuent à chanter leur fierté d’être sénégalais et de pousser la jeunesse à changer les choses. Le slam est aujourd’hui une forme de Rap qui influence beaucoup de jeunes en Afrique et particulièrement au Sénégal. Je crois que le slam, c’est quelque chose qui nous met en seconde zone dans le sens où le slam est, pour moi, de la poésie. Ce n’est pas sous le prétexte que ce sont des noirs qui le font qu’on va dire que c’est du slam. C’est dire qu’on va toujours faire une différenciation à partir du moment où les noirs s’investissent à vouloir faire quelque chose pour dire que c’est de la poésie urbaine. Maintenant, si le slam influence beaucoup de jeunes au Sénégal, c’est tant mieux.

Aujourd’hui, l’émigration clandestine est un fléau qui est en train de prendre des proportions importantes. Qu’en pensez-vous en tant que rappeur ?

Malheureusement, ce sont des choses qui m’attristent. Quand on voit en France ou dans les îles Canaries, des pirogues qui échouent avec des mamans et leurs enfants décédés, on ne peut que déplorer cela. C’est trop facile pour moi de dire à ces jeunes de ne pas partir, quant on sait qu’ils sont dans une telle misère et qu’ils sont prêts à sacrifier leurs vies pour faire ce voyage mortel. Une fois de plus, c’est la politique occidentale qui fait que les gens sont poussés à se risquer dans ces embarcations de fortune. Et quand on voit le tourisme sexuel et que les gens soient prêts à vendre leurs enfants, c’est parce qu’il y a une certaine misère qui les pousse à le faire. C’est ce rapport Nord-Sud tellement injuste qui fait que ces gens sont prêts à faire n’importe quoi pour survivre.



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