Accueilli dans le cadre du “ Just 4U ” depuis le 5 avril, c’est à un grand tour de la ville de Dakar que nous invite le peintre Abdourahmane Bâ… ou plutôt Akeba, puisque c’est le nom d’artiste qu’il s’est choisi depuis près d’une décennie qu’il expose entre Dakar et Paris.
La présente exposition d’Akeba propose 26 peintures qui sont dans la vision de l’artiste des “ Regards ” posés sur la ville de Dakar. Akeba (pseudo créé à partir de son nom et celui de son épouse) aborde le sujet en faisant appel à la fois à la fibre émotionnelle, Dakar est avant tout une ville qui l’a vu naître et dont il a appris, au long des années, à en connaître les pulsations d’une saison à une autre. Mais le regard est à la fois tendre et inquisiteur.
Il décrit les sites de la ville comme un voyageur qui vient de débarquer. Les mœurs citadines, les aléas de la conjoncture qui touchent les populations, les cités nouvelles qui naissent et se développent à toute vitesse au milieu des tracas de la circulation ainsi que le Dakar des grands travaux, rien n’échappe à la perspicacité de cet artiste doublé d’un cadre de l’environnement et de la qualité à la SDE. Justement, la préoccupation environnementale émerge nettement du travail présenté par cet artiste.
Sa peinture abstraite est pour autant pleine de messages dans son “ enrobage ” d’acrylique et d’argile posé sur du papier “ kraft ”. A part quelques halos de lumière jaune et blanche, les couleurs sombres dominent en contraste avec la couleur “ kaki ” du kraft .
L’ambiance est voulue par l’artiste.
Une symphonie fantasmagorique Après ses peintures “ rupestres ” de 1999, suivies des “ Flaneries au royaume chérifien ”, visions ressassées d’un séjour au Maroc en 200, Akeba était resté dans ce genre presque hermétique de l’abstraction en parlant de l’art “ pariétal ” en 2003 et 2004 à Paris.
Avec les “ regards sur Dakar ”, le peintre aborde une “ symphonie fantasmagorique à la gloire de l’insolite et du dantesque ”. Dans l’aspect figé, ses toiles sont pourtant le réceptacle de toute une vie bruyante et grouillante que l’on semble percevoir entre “ Impressions ”, comme le nom du morceau de Coltrane, long et déchirant solo. Une poésie sortie du slam saccadé d’un acteur du hip hop s’étale au grand jour et l’on voit surgir “ fakhman ” (une sorte de vagabond) et un espace envahi par le “ Mbalitt ” (tas d’ordures). Le tour de ville ne manque pas de passer par le “ roukhou djinné ”(coupe gorge), on sera assailli par le “ tinta…marre ” , le “ brou…ha !ha ! ”, le tohu-bohu des cars rapides du tableau “ grand dakar fass ”.
Quelque part dans la ville, à la nuit tombée, on allumera les “ sondels ”(bougies) lorsque le courant sera parti, et las d’un geste de la main on dira “ grawoul ”. Les tableaux de cette exposition sont le résultat d’une cogitation intense de l’artiste. Et l’on peut dire qu’il offre derrière ses cadres originaux en bois une “ sombre beauté dans un fantastique chaos ”.
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