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PORTRAIT : SALOUM DIENG, ARTISTE - Le précurseur de la musique « ngoyane »

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PORTRAIT : SALOUM DIENG, ARTISTE - Le précurseur de la musique « ngoyane »
Figure emblématique d’une certaine époque, l’artiste Saloum Dieng a fait les beaux jours des populations du Sénégal, celles Saloum en particulier. Légende vivante de la musique «ngoyane», Saloum Dieng nous livre, ici, quelques aspects étranges de son passé artistique de renommée.

Né en 1937 à Ndiao Bambaly, dans le département de Kaffrine, Saloum Dieng est très connu de par sa musique traditionnelle du «ngoyane». Ayant grandi auprès de ses parents, puis à Diamal, où il a fréquenté l’école coranique, il très tôt engagé dans la profession artistique, pour succéder à son père. Issu d’une famille de griots, Saloum transita, dans les années 40, au village de Médina Sabakh, prés de Nioro, où vivait une partie de ses parents. D’un rare dévouement, le jeune griot se consacra activement au métier de ses ancêtres.

Idole incontestable du «ndaga»

Chargé de l’éminente mission de promouvoir «le ngoyane», une musique alors peu connue dans le pays et à l’étranger, Saloum Dieng débuta sa carrière en parcourant les festivités et cérémonies familiales (mariages et baptêmes) jusqu’à devenir l’idole incontestable des «ndaga», cette sonorité traditionnelle accompagnée de xalam, de tam-tam et des calebasses. Du «ngoyane», nom de la localité d’origine regroupant l’actuel circonscription de Médina Sabakh et d’une partie du Rip, cette mélodie prendra son envol jusqu’à séduire le monde. Maître magistral du «xalam», il parviendra à mettre en place son propre groupe folklorique dénommé «Le Ngoyane» qui deviendra, plus tard, un style de musique. Ayant officiellement débuté sa carrière dans les années 45, il produira son premier enregistrement musical grâce à Mada Penda Seck, dans le cadre d’un programme surnommé «Pencum Sénégal». Imminent chef d’orchestre, Saloum devient, au fur des années, un véritable artiste «show man» avant d’entamer une page eurythmique internationale pour propulser et faire connaître le «ndaga». D’une célébrité notoire, cette formation, qui prendra l’allure d’un cachet lyrique et mythique, finit par se placer parmi les meilleurs groupes musicaux de son temps. «Hormis l’ensemble instrumental national et les troupes de ‘Bambamouskham’, la troupe «ngoyane» était plus connue», dira-t-il.

Dandy fouetté par la lèpre en pleine carrière

Revenant sur les origines de cette musique, le vieux rossignol soutient qu’elle provient d’une chanson d’amour qui était exclusivement réservée aux couples en période de noce. Conçue par son grand-père, cette forme musicale - basée sur les cordes de «xalam» et des sonorités «Mbalax» associées à des sons de calebasse - finit par être en vogue. Victime d’une maladie de lèpre en pleine carrière artistique, l’homme au «xalam» et à la voix symphonique ne se découragea guère de sa passion. «Cette maladie, que je qualifie de volonté divine, ne m’a jamais découragée dans mon chemin. Car j’ai toujours su combien j’encourais aux gens et autant j’étais l’ami incontestable des femmes. Et, en bon croyant à Dieu, je ne me suis jamais lamenté», raconte-t-il avec indifférence. Un accident de parcours qui n’a pas empêché l’artiste dans l’âme qu’il est à mener sa carrière et à continuer de séduire ses nombreux admirateurs.

L’ami de ces … chefs d’Etats

Agé aujourd’hui de 71 ans, d’une forte personnalité et d’une inspiration démesurée, la voix d’or de Médina Sabakh a fait vibrer, par sa belle voix et son rythme, beaucoup de cœurs. Et non des moindres. Invité d’honneur de l’ex président mauritanien, Mohamed Ould Daddah, vers 1967, il classe ce séjour parmi les plus mémorables de sa carrière. «Certes mes visites à l’étranger étaient trop éclatantes mais celle de Mauritanie était encore beaucoup plus royale. Car, à l’époque, le président Ould Daddah m’avait offert, avec toute ma délégation, des cadeaux qui ne sont réservés qu’aux grandes personnalités hôtes dans ce pays. Et c’était inoubliable», se rappela-t-il avec nostalgie. Sur ses excellents rapports avec l’ex-chef d’Etat gambien, Daouda Kayraba Diawara, Saloum Dieng les explique par les liens historiques et géographiques entre le Sénégal et la Gambie. «Notre localité, le «ngoyane», est très liée avec ce pays car tous les griots de Médina Sabakh sont originaires du village de Balanguar en Gambie. Ce qui réconforte davantage les rapports très fraternels entre nos deux peuples. D’ailleurs, ma fille artiste, Fana Dieng, vit à Banjul». Un passé historique qui l’avait mis en très bonne relation avec le premier président de la République de Gambie. Se souvenant de celui dont il avait chanté les louanges, lors de sa cérémonie d’intronisation, il révèle être son ancien fidèle conseiller et non moins compagnon artistique.

Comme nul n’est prophète chez soi …

Pourtant, au Sénégal, Saloum Dieng dit n’avoir jamais intégré la troupe lyrique nationale de Daniel Sorano. «J’y jouais simplement sur invitation mais je n’ai jamais adhéré à ce troupe à cause de principes qui me sont propres. Et j’ai toujours voulu préserver aussi mon ‘ngoyane’», argumente-t-il. Toutefois, il soutient avoir participé à plusieurs spectacles musicaux dont le Festival mondial des arts nègres tenu à Dakar. Parfaitement mélancolique de son histoire, l’artiste ne tarde toujours pas à se rappeler de ses brillantes prestations en compagnie des Thione Seck, Ndiaga Mbaye et Youssou Ndour. D’ailleurs, tonna-t-il, le tube musical «Wendélou» a été chanté, pour la première fois, avec ce dernier. «Je m’en rappelle toujours. C’est ici, à Kaolack, que j’ai accompagné Youssou Ndour alors qu’il était jeune». Très reconnaissant de cette collaboration, Saloum Dieng qui n’accepte pas, jusque là, de quitter son art, prédit une sortie musicale qu’il espère produire avec le leader du Super Etoile de Dakar.

«Je n’ai reçu qu’une seule fois 100 mille francs du Bsda»

Sur ces revenus de sa très longue carrière musicale, le chef d’orchestre et fondateur du ngoyane déclare toutefois n’avoir pas beaucoup emmagasiner pour autant de ressources financières à travers sa musique. Mais même s’il n’y regrette rien, il évoque avoir beaucoup gagné sur sa notoriété et son personnage. Et malgré ces plusieurs tubes musicaux distribués sur le marché, Saloum Dieng plaint n’avoir perçu qu’une seule fois cent mille (100 000) francs du Bureau sénégalais des droits d’auteur (Bsda). Et alors ces produits sont jusqu’aujourd’hui utilisés dans les radios, l’artiste déclare attendre toujours ses dus issus de ses propriétés intellectuelles. «Depuis plus de 50 ans que je m’investi dans cet art, je réclame, de plein droit, les fruits de mon travail», a-t-il déclaré pour aborder le récurrent problème des artistes par rapport à leurs droits d’auteur. Personnage hors pair, le grand maître de l’ambiance du ngoyane ne s’est pas lui aussi épargné de la vie politique. Comme à sa musique, la politique constitue la principale activité de l’artiste. Avec le parti socialiste qu’il n’y a jamais quitté, Saloum Dieng déclare que ce parti fait part de sa vie, encore plus de son patrimoine.

«Mes relations avec Tanor Dieng et Me Wade»

Et pour le vieux troubadour, le militantisme ne peut rimer que dans la sincérité et une fidélité basée sur aucun intérêt. Donc fervent propagandiste du parti socialiste et de ces idéologies, l’artiste explique son parfait et son loyal compagnonnage de par la dignité des hommes qui ont toujours dirigé cette formation politique. Même sans jamais y diriger une quelconque structure ou instance régulière, Saloum Dieng justifie aussi cet amour par sa rencontre historique qu’il a eu avec le président Léopold Sedar Senghor en 1946 dans son village natal de Ndiao Bambaly. «Cette rencontre reste légendaire et très alléchante pour moi. Alors que j’étais très jeune, j’avais tellement séduit la personne en visite dans notre village dans ma prestation qu’il a aussitôt pris contact de moi. Et partir de là, je l’ai accompagné plusieurs fois surtout quand il est devenu chef d’état. Et il a cependant tout fait pour moi». Quant à l’actuel Secrétaire général du Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng, le chanteur dévoile que c’est un contrat moral qui le lie avec lui. Toutefois, il dit avoir beaucoup d’estime et de considération à l’actuel président de la République, Abdoulaye Wade, à cause de son courage politique. Un militantisme qui fait qu’il a été décoré par l’ex-président Abdou Diouf, en 2002, dans l’Ordre du Mérite. Une distinction reçue des mains du député libéral Mor Maty Sarr.



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