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SADIKH BÂ, METTEUR EN SCÈNE ET ACTEUR DE FILM:”Pour une meilleure production cinématographique, il faut l'appui de l'État et des privés”

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SADIKH BÂ, METTEUR EN SCÈNE ET ACTEUR DE FILM:”Pour une meilleure production cinématographique, il faut l'appui de l'État et des privés”

Metteur en scène et acteur de film, Sadikh Bâ a joué le rôle de Nagou dans "Madame Brouette" de Moussa Sène Absa comme acteur principal. Il a eu à participer dans bien d’autres films tels que « Mariage précoce » de Amadou Thior, « Fatima l’Algérienne » de Med Hondo, « Docteur Dioug’s et Taph » de Fa Bakary Coly, »Terranga Blous » de Moussa Sène Absa, « Nguélwar » Sembène Ousmane. Dans cet entretien, M. Ba revient sur le cinéma sénégalais après le Fespaco, mais également sur la production théâtrale au Sénégal.


Matin: Qui est Sadikh Ba?

Sadikh Bâ :Sadikh Bâ est metteur en scène et acteur de film. Je suis enseignant de formation. J’ai joué le rôle de Nagou dans Madame Brouette de Moussa Sène Absa comme acteur principal. J’ai eu également à participer dans bien d’autres films tels que « Mariage précoce » de Amadou Thior, « Fatima l’Algérienne » de Med Hondo, « Docteur Dioug’s et Taph » de Fa Bakary Coly, »Terranga Blous » de Moussa Sène Absa, « Nguélwar » du grand Sembène Ousmane où j’ai fait une figuration intelligente et bien d’autres films.

Vos premiers pas dans le cinéma et qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans votre carrière ?

J’ai commencé par le théâtre sur scène et je me suis glissé dans le cinéma avec la production de Sembène "Nguélwar" où j’ai joué le rôle du médecin, une figuration intelligente. Ce qui m’a le plus marqué, c’est le prix de la meilleure interprétation masculine au Festival du Film de Paris avec Madame Brouette de Moussa Sène Absa, avec le rôle de Nagou.

Nous venons d’assister à la fin du Fespaco au Burkina, pouvez revenir sur la place du Sénégal dans le cinéma Africain ?

Permettez moi tout d’abord de féliciter le Burkina et les organisateurs du Fespaco qui est le festival africain le plus régulier. Ici, au Sénégal, on avait les rencontres cinématographiques de Dakar (RECIDAK) mais depuis un certain temps, on organise plus ces rencontres régulièrement. Une chose est sûre, au Burkina, le Fespaco est régulier. Espérons que cela nous inspire nous au Sénégal pour que l’on puisse faire quelque chose de régulier, d’autant plus qu’avec Ousmane Sembène, nous avons l’un des piliers du cinéma africain. Nous devons cependant reconnaître qu’il y a un festival de jeunes créateurs, mais c’est juste un festival qui leur permet de restituer ce qu’ils ont appris en tant que jeunes réalisateurs. C’est peut être le seul festival régulier au Sénégal et c’est vraiment dommage pour notre pays vu l’impact du cinéma dans le développement d’un pays et l’avantage que constitue l’image sur les plans socioculturel, économique et même politique. C’est d’autant plus regrettable que dans d’autres pays africains comme le Burkina ou encore l’Afrique du Sud, les choses sont en train de bouger véritablement. En Tunisie j’y étais pour le tournage d’un film, c’est un pays dans lequel beaucoup de productions étrangères sont tournées. Au Maroc, la plupart des films sénégalais y sont tournés également. Donc, vous voyez ce que cela fait. D’abord à notre niveau, nous qui sommes acteurs sénégalais mais ensuite pour l’économie de notre pays sans oublier les effets que cela pourrait engendrer sur le plan international, donc vous comprenez pourquoi je dis que c’est dommage.

Vous avez cité des pays africains qui sont très en avance sur le plan organisationnel, qu’en est il du niveau de la production cinématographique ?

La production existe au Sénégal mais la aussi elle très en baisse comparée à celle des pays que nous venons de citer. Par exemple en Tunisie quelqu’un m’a dit qu’ils sont à cinq longs métrages par an et presque vingt cinq courts métrages en moyenne. Donc, là aussi nous sommes très loin derrière. L’État doit nous aider dans la production en ce qui concerne les moyens surtout. Mais les producteurs privés doivent aussi appuyer la production, tant sur les plans cinématographique et théâtral. Si la production n’est pas appuyée par l’État ou par les producteurs privés, on ne peut prétendre jouer les grands rôles.

Qu’est-ce qu’il faudrait pour appuyer la production ?

Il faut investir. Moi, en tout cas, si j’avais les moyens, j’aurais investi dans ce secteur là. Actuellement je suis acteur, je ne peux rien faire et j’attends que ça produise et que je sois convié à jouer.

Est-ce que vous ne pensez pas que c’est par manque de volonté politique que les autorités de ce pays n’aident pas ce secteur ?

Des assises se tiennent avec l’Association des cinéastes, attendons de voir ce que cela va donner. Mais je ne puis affirmer d’emblée que c’est par manque de volonté politique des autorités que les choses tardent à bouger. En tout cas dans beaucoup de pays le développement se fait avec la production de l’image; soit cinématographique ou télévisuelle. J’ai eu vent d’activités au niveau du ministère de la culture en ce qui concerne la production en général mais attendons de voir ce qu’on va nous proposer pour que le cinéma sénégalais ne soit pas en reste. Je ne sais pas si avec cette dernière édition du Fespaco il y a eu un film sénégalais, mais il y a quelques années, le film "Madame brouette" sorti en 2004, dont j’étais l’un des principaux acteurs avec le rôle de Nagou, était au cœur du Fespaco. Il y’ a eu aussi "TGV" de Moussa Touré en 1997 qui, avec "Madame Brouette", ont tous eu à propulser le Sénégal dans ce domaine. Mais aujourd’hui la production est vraiment en baisse et il faut faire quelque chose aussi bien au niveau des autorités que des producteurs privés.

Vous êtes également metteur en scène; en ce qui concerne le théâtre, certaines grandes figures du théâtre sénégalais tel que Moustapha Diop de la troupe Daraay Kocc pensent que le théâtre professionnel est en léthargie à cause de l’émergence des troupes qui, à son avis, ne sont pas professionnelles. Qu’est-ce que vous en pensez-vous ?

Moi, ce que je souhaite, c’est qu’il y ait des gens dans ce secteur qui en veulent et qui cherchent d’abord à produire; que les acteurs soient sur le terrain et qu’ils s’évertuent à produire. J’ai eu à le dire, c’est au cours d’un processus qu’on améliore la qualité. La qualité a un processus d’évolution, on passe du passable au bien pour aboutir à l’excellence en passant par le très bien. On ne doit pas rester les bras croisés à ne rien faire, c’est cela qui est dangereux.

Êtes-vous en train de dire qu’en faisant de telles déclarations, ces grandes figures du théâtre Sénégalais découragent les jeunes talents ?

Mais bien sûr, nous devons les encourager. Permettons leur de s’améliorer pour avoir plus tard de la qualité. Vous pensez que les premiers films qui étaient produits en Inde ou à Bombay, étaient de grande qualité? Pourtant aujourd’hui on voit que les choses sont en train de s’améliorer à travers les acteurs, la manière de tourner et même au niveau de la logistique, ça commence véritablement à faire de la qualité.



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