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SERIGNE MODOU BOUSSO LEYE, MINISTRE DE LA CULTURE : « Le Monument de la renaissance met en perspective la fraternité humaine »

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SERIGNE MODOU BOUSSO LEYE, MINISTRE DE LA CULTURE : « Le Monument de la renaissance met en perspective la fraternité humaine »

“Une Afrique qui assure son passé, mais aussi qui prend ses responsabilités devant son avenir, une invitation permanente à tous les hommes noirs à plus d’engagement pour participer au développement de ce monde”. Le ministre de la Culture et de la Francophonie, Serigne Modou Bousso Lèye salue l’engagement du président Wade pour le “combat de l’homme noir” à travers l’édification du Monument de la renaissance et passe en revue l’actualité de son département. Il estime, en outre, que la candidature du président de la République, Me Abdoulaye Wade, soulage le Parti démocratique sénégalais (Pds) et les autres citoyens du pays. Elle va mettre fin « aux tiraillements » et encourager les « Sénégalais à travailler ». Entretien.

Monsieur le Ministre, vous avez récemment animé un point de presse pour dire que vous vous êtes fixé comme objectif la création d’une économie culturelle. Qu’est-ce qui fonde votre démarche ?

Cette démarche est tout à fait légitime dans le contexte actuel. C’est un vœu du président de la République qui nous a assigné une de notre principale mission de faire en sorte que l’homme de l’art vive de sont art. Cela nécessite un environnement économique et juridique favorable. Comme le chef de l’Etat a insisté pour que les métiers qui sont dans le secteur de la culture soient mieux structurés pour valoriser la culture. De 1960 à 1970, on a utilisé la culture comme support de rayonnement international de notre pays. Avec le plan d’ajustement structurel qui a suivi ces années, la culture a été considérée comme un secteur non rentable. Ses ressources avaient diminué et les initiatives pour trouver des fonds n’ont pas abouti. A son arrivée au pouvoir en 2000, le président Wade a identifié la culture comme quelque chose qui pourrait contribuer au développement économique(...) Avec le dernier communiqué du conseil des ministres, il a dit que le cinéma peut apporter beaucoup au Sénégal. Pour lui, l’industrie culturelle doit être développée à travers l’édition, le soutien aux artistes, la production cinématographique. Il a donné des instructions pour des dispositions réglementaires favorisant la production cinématographique. Tous les segments de la production sont désormais contenus dans une loi adoptée en 2002. C’est ce qui a permis de créer un lieu de production cinématographique au Sénégal. Les décrets qui ont suivi cette loi ont pris en charge le fonds national d’appui à la cinématographie, le centre de production cinématographique où on peut produire des films. Le site se trouve à l’ex-service d’hygiène qui est déjà libéré. Le président a pu prendre contact avec les spécialistes des studios de cinéma en France. Les cinéastes sénégalais pourraient produire dans leur pays au lieu d’aller au Maroc ou ailleurs. Le cinéma coûte cher. Les acteurs n’ont pas toujours les moyens de leur politique. L’Etat a pensé mettre en place un fonds d’appui à la cinématographie qui était déjà de deux milliards, il y a deux ans, qui n’ont jamais été utilisés, un milliard l’année dernière qui n’a jamais été dépensé. L’année prochaine on a inscrit trois milliards qui seront utilisés. Les gens vont se trouver dans les prochains jours pour définir les modalités de mobilisation de cette ressource à partir de scénarios identifiés.

Vous annoncez une structure de production cinématographique au moment où les salles de cinéma ferment leurs portes...

Le problème que nous avons, c’est qu’au Sénégal, il n’y a plus de salles de cinéma. Nous savons bien que les salles de cinéma relèvent du secteur privé. Si on arrive à avoir la production avec l’Institut de cinéma, l’exploitation à travers les salles de cinéma sera facilitée. Les gens sont en train de s’organiser pour identifier les salles de cinéma. Les Sénégalais aiment le cinéma, mais la production sénégalaise ne se regarde qu’à l’extérieur maintenant. Il faudrait que les Sénégalais en bénéficient. Le président a également décidé de soutenir l’édition.

Comment compte-t-il s’y mettre ?

La créativité sera magnifiée à travers la mise à disposition de ressources pour permettre aux artistes de continuer à avoir plus d’imagination. C’est pourquoi le président a dégagé 600 millions pour soutenir l’édition dont 200 millions sont déjà dans le compte. A mon arrivée et jusqu’à maintenant, nous avons pu éditer 107 livres. Il reste le fond d’appui au développement culturel. Quand on parle de développement culturel, il faudrait déjà identifier ce que nous devrons accompagner. Nous avons pensé qu’il faudrait améliorer l’encadrement des artistes. C’est pour cela que nous avons pu former des jeunes pour les mettre à la disposition des artistes. Le montant qui était de 30 millions en 2000 et que le président a relevé à 500 millions doit quand même prendre en charge toutes les facettes des difficultés des artistes. Si quelqu’un, qui a déjà la maquette, veut produire, on peut l’aider en subventionnant. Comment subventionner ? Nous avons pensé au départ que quand quelqu’un se présentait, on lui remettait la subvention directement. Il allait régler des problèmes de famille sans pour autant mettre les ressources pour la production. Nous avons pensé signer des conventions avec les maisons d’édition. L’artiste va choisir la maison avec laquelle il veut travailler, nous soutenons.

Des artistes dénoncent souvent un manque d’assistance. Est-ce que le gouvernement a pris des dispositions pour leur assurer une bonne protection sociale ?

Avant de pensez à cibler l’intervention de l’Etat sur les individus, il faut choisir les cibles. Qui est artiste ? Il faudrait qu’on structure tous ces corps de métiers et catégoriser les artistes. Ce qui permettrait de déterminer les avantages auxquels les uns et les autres doivent accéder. Nous avons pensé à deux choses pour la protection sociale : l’artiste qui a des difficultés pour se soigner, l’artiste qui arrive à la retraite et qui n’arrive plus à assurer le reste de sa vie. Nous avons pris deux consultants qui nous ont fait des propositions intéressantes. Nous allons dans les prochains jours discuter de ces propositions avec les artistes dans les prochains jours. Pour montrer sa volonté d’accompagner les artistes, l’Etat a décidé de mettre, à travers le fonds d’aide, une subvention directe de 50 millions pour atténuer les cotisations et prendre en charge les cas indigents.

Les populations de Ouakam ont récemment annoncé leur adhésion à la construction du Monument de la renaissance. Vos commentaires ?

L’avantage de ce monument qui symbolise la renaissance est qu’il appartient à l’homme noir. Il a été entièrement pris en charge par le Sénégal. Cela est à saluer parce que ça montre le niveau d’engagement du président de la République au combat de l’homme noir. Si vous regardez le monument, comme il a eu à l’écrire dans son livre « Un Destin pour l’Afrique », Il a mis en perspective la fraternité humaine qui doit se substituer à l’insoutenable commerce basé sur le profit. Il l’avait matérialisé par les trois personnes. L’un c’est l’enfant, vers l’autre, un Africain, un Européen et un Américain. Comme il ne peut pas avoir sur la même place les trois personnages qu’un regard pourrait embrasser, il a pris seulement la partie qui consacre l’Africain dans le Monument de la renaissance africaine. L’Africain est toujours en famille. C’est pour cela qu’il y a l’homme qui tient la main de la femme et son enfant qu’il brandit et pointe du doigt l’Amérique par rapport à ce que ce continent représente pour l’Afrique. L’homme, sorti du volcan avec une certaine énergie, montre l’engagement que les Africains ont par rapport à leur avenir. Le volcan éteint montre que l’obscurantisme est éteint dans la mesure où l’Afrique s’est libérée des siècles d’emprisonnement dans les profondeurs abyssales de l’ignorance et de l’esclavage. C’est une Afrique qui assure son passé, mais aussi qui prend ses responsabilités devant son avenir. C’est une invitation permanente à tous les hommes noirs à plus d’engagement pour participer au développement de ce monde.

En termes de rentabilité, qu’est-ce que les populations locales peuvent gagner ?

Il faudrait savoir déjà qu’en dehors du symbolisme culturel, c’est un investissement rentable, parce qu’il y aura des visiteurs qui vont payer. Il y aura des recettes qui vont prendre en charge le fonctionnement de la sculpture. Quand il a reçu les populations de Ouakam, le président leur a fait comprendre l’intérêt qu’elles doivent porter à ce monument, en plus des retombées qu’elles peuvent en tirer. Le président leur a dit que pour certains emplois, les populations locales auront jusqu’à 30%. Ouakam sera animé. Les populations ont même demandé qu’on leur construise une gare routière, il y a d’autres aspects induits qui vont accompagner la mise en œuvre du Monument.

L’inauguration est annoncée pour décembre alors que la statue ne serait pas terminée...

La statue est déjà terminée. On a tout fait. Il reste maintenant de petites retouches extérieures. Elle pourra être livrée avant le 12 décembre. Pour les aménagements extérieurs, des efforts sont en train d’être déployés pour qu’ils soient disponibles. Le 12 décembre est un moment fort. Le président inaugurera le monument avec ses pairs africains et des gens de la diaspora. Il y aura tout un ensemble d’événements pour sensibiliser les Africains de l’importance du Monument dans la prise de conscience par rapport à la renaissance. Une commission nationale est déjà créée pour prendre en charge tous les aspects des manifestations. Sur les aspects sécuritaires, le ministère des Forces armées et celui de l’Intérieur sont mis à contribution.

La construction de l’édifice a suscité de vifs débats...

Le président a dit qu’un pays sans symbole est un pays sans personnalité. Il veut vraiment donner une personnalité forte au Sénégal. Le parc culturel avec les sept merveilles fera du Sénégal un « hub » culturel incontournable dans les prochaines années. On a sur place le théâtre national de 1800 places. On aura le musée des civilisations noires, l’école d’architecture, le palais de la musique, la bibliothèque nationale, le musé d’art contemporain et les archives nationales. Tout ce bloc sera sur le même lieu. Il faut saluer les efforts du président Wade dans le domaine de la culture. Il a toujours dit que la culture peut jouer un grand rôle dans le développement. L’exemple des Asiatiques est là. Ils ont conservé leur culture et sont arrivés à un bon niveau de développement. Le Sénégal doit aussi conserver sa culture tout en allant résolument vers le développement économique.

Ce sont de gros chantiers. Le gouvernement a-t-il les moyens pour les réaliser ?

Le théâtre a commencé. Pour le musée, je viens de la Chine. Mon homologue chinois m’a rassuré. Il déclare que la Chine fera tout pour un démarrage imminent des travaux. Pour les autres chantiers, nous sommes à la recherche de financement. Une fois réélu, le président aidera à terminer les chantiers.

La presse a fait état d’un gaspillage dans les fonds consacrés au Fesman. Quelle est la réponse du ministère par rapport à ces déclarations ?

Quand l’Etat confie une mission à une structure, celle-ci a la charge de bien respecter le cahier de charges. Si la structure a failli, l’Etat doit prendre ses responsabilités.

Vous êtes responsable politique à Pikine. Quelle appréciation faites-vous de la décision du président de la République de demander le suffrage des Sénégalais en 2012 ?

Je commence par rendre grâce à Dieu de cette décision. Le président Abdoulaye Wade est le principal responsable du Pds. Nous sommes arrivés à un moment très décisif dans la vie du parti. Il n’y a plus de n°2. Si le président ne se prononce pas, on va vers des difficultés. Me Wade a pris une décision salvatrice pour le parti et pour le Sénégal. Le Pds est le parti majoritaire qui dirige le pays. Si on est à un niveau d’incertitude, ça va se répercuter sur la marche de l’Etat. Si le président a dit deux ans plutôt qu’il est candidat, ça soulage les Sénégalais. Il aura tout le parti derrière lui. Mais s’il ne s’était pas présenté tôt, les Sénégalais et les membres du parti, faisant des spéculations, on serait à une situation de tiraillement en désignant des candidats qui ne se sont pas désignés et ça pourrait gêner le fonctionnement du parti.

Nous sommes à plus de deux ans des élections. Cela n’est-il pas prématuré d’annoncer cette candidature vu qu’il y a des urgences ?

Je pense que ça peut édifier les Sénégalais qui vont continuer à travailler dans la perspective d’une réélection de Wade et aussi pour le parti. Ça va aussi permettre de raffermir les liens. Il n’y a pas de candidature multiple. Les gens vont travailler autour du président Wade. Ça va aider le pays dans la mesure où les gens ne vont pas travailler contre tel ou tel personne qui a déclaré sa candidature, mais dans la perspective de réélire Wade.

Cette candidature ne met-elle pas la pression sur les responsables politiques de la banlieue qui ont perdu les dernières élections locales ?

Non. On a, certes, perdu plusieurs communes pendant les élections locales. Cela est lié à une situation d’inorganisation à la base, mais pas à une puissance des forces adverses. On avait donné trop de responsabilités à des gens qui ne savent pas que pour gagner des élections, il faut ratisser large. Ils ont mis des listes où ils ont exclu des responsables dont nous-mêmes et d’autres personnes porteuses de voix. Ils ont concentré leurs listes sur des personnes qui vont les élire comme maire alors qu’il fallait s’assurer déjà de faire passer la liste(...) Les banlieusards doivent eux-mêmes se mettre une pression. Nous sommes majoritaires. Nous avons gagné la proportionnelle pendant les élections locales. Cela veut dire que si c’était des élections législatives ou présidentielles, le Pds allait gagner Pikine. Le mode de scrutin au niveau des communes fait en sorte que si on te dépasse d’une seule voix, tu perds la liste majoritaire. La candidature de Wade nous a donné une certaine prise de conscience en disant qu’aujourd’hui, il faudrait tout faire pour améliorer le score du président dans la banlieue. C’est faisable dans la mesure où l’Etat a fait beaucoup d’efforts dans la banlieue, mais il reste aussi beaucoup d’efforts à faire.

Justement, parmi ces efforts, on peut citer les inondations qui semblent constituer une bombe pour le régime...

Il y a des calamités qui nous tombent dessus et qui compliquent la situation. Mais je pense que les gens commencent à prendre conscience des problèmes des inondations. Dans la mesure où si vous voyez l’évolution de la banlieue, il y a Pikine régulier et Pikine irrégulier. Pikine régulier ne connait pas de problèmes d’inondations, sauf quelques bas-fonds. Pour Pikine irrégulier, je rappelle que c’est à partir de 1972, avec la sécheresse, que les gens ont commencé à migrer vers Dakar. Comme ils n’avaient pas beaucoup de moyens, ils ont occupé ces zones. L’eau a repris son lit naturel avec le retour des pluies. La seule solution qu’il y a, c’est la restructuration et la construction d’un autre cadre de vie pour ces populations. C’est pour cela que le président a lancé un programme de construction de logements dénommé « Jaxaay ». Ce projet ne pouvant pas absorber toutes les demandes, il a annoncé « Jaxaay II » avec le financement de la Banque mondiale. Ce projet pourrait permettre de faire partir plus de 10.000 familles. Si on arrive à faire cela, on réglerait le problème des effets des inondations.

Le défi de l’unité va rester. N’est-ce pas un autre grand chantier pour les libéraux de la banlieue ?

D’aucuns disent qu’il y a deux camps à Pikine, mais en réalité, il n’y a qu’un camp. C’est le camp du président Wade avec ses sous-groupes. Tous les libéraux de la banlieue sont d’accord sur la candidature de Wade. Nous soutenons cette candidature et allons agir sur le terrain. Nous assistons les populations dans la durée en prenant en compte toutes leurs préoccupations quotidiennes. Nous serons plus proches des populations. C’est pour cela que nous avons installé une permanence pour que les gens puissent trouver leurs responsables.

Vous dites qu’il y a un camp. Pourtant, Mme Aminata Lô Dieng ne participe pas à vos activités...

Mme Aminata Lô est une militante du parti. Elle a beaucoup fait pour le Pds. Il faut le reconnaître. Peut-être qu’elle ne comprend pas pour le moment la situation, mais nous convergeons vers le même but : la réélection du président Wade. J’ai écouté la déclaration de ses militants. Ils ont bel et bien dit qu’ils soutiennent la candidature. L’objectif est donc le même. C’est ça qui est important. L’idéal aurait été que tout le monde soit ensemble, mais si un groupe décide de faire cavalier seul et de ratisser pour le compte du président, je n’y vois pas de problèmes majeurs. L’objectif c’est d’avoir le maximum de voix et je pense que nous l’aurons.

L’opposition contrôle le pouvoir local. N’a-t-elle pas plus d’atouts pour avoir le maximum de voix ?

Je sais comment l’opposition a contrôlé ce pouvoir local. Je connais des maires ici qui dormaient pendant les élections. C’est parce que nous nous sommes divisés qu’ils ont pris le pouvoir. La preuve, ils ne se sont même pas préparés. Ils sont là à nous regarder. Ils ne peuvent rien faire contre les inondations. Je pense que c’est une erreur et les populations vont en tirer des leçons.



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