THIONE SECK SUR L’ABSENCE DE SES FRÈRES LORS DU BAPTÊME DU PEENC-MI « Comment j’ai monté ma boîte de nuit »

Aux lendemains de sa soirée de baptême du « Peenc-Mi », vendredi dernier, Thione Ballago Seck est toujours aux petits soins de son bijou. Notre reporter a accroché le leader du Ram-Daan entre deux réunions. Il apprend à être chef d’entreprise.

Comment avez-vous vécu le baptême de votre nouveau bijou, ce vendredi dernier ?

Je rends grâce à Dieu qui m’a permis de vivre cette première soirée dans la paix et surtout avec une bonne santé. Les choses ont bien démarré et se sont terminées comme on le souhaitait et tout le monde était satisfait. Les gens sont venus en masse et certains n’ont même pas pu accéder à la salle. Le parrain de la soirée, Youssou Ndour, a joué sa partition jusqu’au bout, avec une belle prestation musicale. J’ai voulu lui rendre la pareille en l’invitant à la Médina, le quartier qui nous a vus grandir, car il m’avait invité à Bercy après nos retrouvailles. Je le remercie, ainsi que le Directeur Général du groupe Futurs médias (Me Mamadou Diop, ndlr). Tous les spots qui sont passés à la radio, à longueur de journée, pour la promotion des soirées, ils me les ont offerts. Mes confrères, Ismaël Lô, Omar Pène, Titi, Aby Ndour et Kiné Lam étaient aussi de la partie. Coumba Gawlo à ce moment Gambie et Baba Maal qui était aussi hors du pays n’ont pas pu prendre part à l’événement. Toutefois, ce n’est que partie remise, puisque je ne pouvais pas rassembler tout le monde sur le même plateau. Dans le cas contraire, il risque d’y avoir une cacophonie. Aussi je tiens à préciser que « Peenc-Mi » appartient à tous les artistes. Mon objectif n’étant pas de m’y produire seul, je suis en train de négocier avec les autres musiciens qui veulent s’y produire, sur les modalités de le faire.

Quelles sont justement ces modalités ?

C’est moi qui gère directement la question. L’artiste qui voudra se produire au « Peenc Mi » prendra d’abord contact avec moi et, ensuite, on tiendra une réunion pour essayer de trouver un terrain d’entente. Le plus important sera de tomber d’accord sur le cachet qu’il aura pour la soirée, car la salle, le matériel et la publicité ne sont pas payants. C’est d’ailleurs ce qu’on a fait avec Salam Diallo (lead vocal du Nokoss Band). Mon souhait est que tout le monde y trouve son compte.

Et quelle place pour les autres genres musicaux autre que le Mbalax ?

Comme je vous disais tantôt, le « peenc mi », c’est la maison de tous. Ce mercredi, ce sera au tour des rappeurs de se produire dans la salle. C’est Aladji Man (ex-membre de Daara-J) qui est le trait d’union entre Thione Seck et tous les rappeurs du Sénégal. C’est lui qui définit la programmation les mercredis et les dimanches après-midi pour les rappeurs. Pour le moment, le Rap et le Mbalax sont les seuls genres musicaux qu’on a choisis, en attendant de voir pour les autres.

Peut-on avoir une idée du coût global de l’investissement ?

Dans mes derniers calculs, j’en étais à plus de 400 millions.

C’est une sacré somme…

Oui. J’ai acquis une partie de la somme sous forme de prêt à la banque et l’autre, ce sont mes amis et mes proches qui me l’ont aussi prêtée. Je profite de l’occasion pour préciser que je n’ai pas acheté la boîte de nuit, je n’ai fait que louer le bail. Pour que ce soit clair, j’ai récupéré le bail pour de longues années.

Pourquoi avoir choisi d’investir dans ce secteur plutôt qu’un autre ?

Pour la bonne et simple raison que c’est mon domaine. Si j’allais dans un autre secteur ce ne serait qu’une aventure et je risquerais de faire faillite. Je suis musicien, donc je m’y connais un peu, même si quelque part, ce n’est pas du tout évident. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai nommé Pape Samba Ndir comme Manager Général de la boîte, pour que les choses aillent de l’avant et qu’il n’y ait aucune faille.

Pourtant, vous aviez dit que vous n’investirez jamais dans une boîte de nuit…

Je ne l’ai jamais dit. Par contre, j’ai dit et je le maintiens, que je n’achèterai jamais une boîte de nuit. Cela n’a rien avoir avec le fait d’investir dans une boîte de nuit pour avoir la possibilité d’y gagner et n’avoir aucune contrainte financière. Surtout vis-à-vis de mes musiciens dont je pourrais assurer les salaires.

La boîte de nuit se trouve dans un secteur réputé pour son insécurité. N’avez-vous pas des craintes à ce sujet ?

Pas le moins du monde ! Pour cela, il ne faut y avoir aucune crainte. J’ai recruté 30 lutteurs dans une écurie, ils jalonnent tous les côtés de l’établissement, sans oublier la sécurité extérieure et les videurs qui surveillent toutes les entrées. 

Vous disiez tantôt que la soirée de lancement s’est bien déroulée, toutefois vos frères, également musiciens, n’étaient pas de la partie. Est-ce parce que vous ne les avez pas invités ?

Je vous ai dit que je ne pouvais pas rassembler tous les musiciens sur une même scène. Les choses se feront étape par étape. C’était la première soirée, il y en aura d’autres…

Pour une grande première, vos frères auraient dû être à vos côtés quand même…

« Bùl kani thiep bi » (il ne faut pas jeter de l’huile sur le feu). Il ne faut pas rentrer dans ces détails. Je vois les choses de la même manière, aussi bien pour mes frères que mes collègues musiciens. Tout le monde sera de la partie, un point c’est tout.

Que pensez-vous de l’argent qui coule à flot, lors des soirées, comme celle animées par Salam Diallo, mardi dernier, marquant la première prestation au sein du Peenc-Mi ?

Ce sont des habitudes qui ne datent pas d’aujourd’hui. Nous les avons trouvées et elles vont rester. Personne ne saurait rester insensible aux louanges de ses grands-parents, même s’il faut puiser dans son petit salaire. Cette pratique est purement ancrée dans la société Sénégalaise, on n’y peut rien.

Et la crise dans tout ça ?

La crise n’a rien à voir dans cela. Les gens viennent en boîte pour oublier leurs soucis et s’épanouir. D’ailleurs, je me demande ce que serait le monde avec cette crise généralisée sans ce genre d’endroits où on peut décompresser.

Votre fils Waly est depuis quelque temps au-devant de la scène. Que ressentez-vous en le voyant marcher sur vos pas ?

Juste de la fierté. Toutefois, il devrait l’être d’avantage. Il a eu la chance d’avoir un père artiste et de jouer avec ses musiciens. Egalement, je lui arrange ses morceaux, en plus de lui prodiguer des conseils. Moi, tout comme d’autres artistes, n’avons pas eu cette chance. On errait de gauche à droite, jusqu’à y arriver. Lui, il a tout trouvé sur place et la balle est dans son camp.

Pensez-vous qu’il a un avenir dans la musique ?

Bien sûr ! C’est un don inné chez lui. Si ce n’était pas le cas, je ne l’aurais pas soutenu.

Comme aussi vous auriez pu le soutenir parce qu’il est simplement votre fils ?

Tous les pères ne sont pas les mêmes, tout comme les fils. Ce n’est pas parce qu’il s’agit simplement de mon fils que je le soutiens. C’est parce que je crois en son talent et je suis prêt à faire le maximum afin qu’il suive la bonne direction.

On a comme l’impression que vous couvez un peu trop votre enfant…

Pour le moment, il est sous mon autorité.

De là à lui interdire formellement de parler dans la presse ?

Je ne veux pas qu’il parle et c’est tout ! Il parlera quand je le déciderais. Chaque chose en son temps.