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Youssou Ndour : « From Rags to Riches »*

Single Post
Youssou Ndour : « From Rags to Riches »*
Youssou Ndour ne laisse personne indifférent… Parti de presque rien, il est parvenu à gravir tous les échelons de la pyramide des besoins de Maslow*. Aujourd’hui, il a véritablement atteint le stade d’accomplissement personnel. Non content de cela, il s’y attelle toujours, battant devant l’éternel...

Beaucoup de gens glosent sur son intransigeance par rapport à tout ce qui touche à son business. Certains disent que c’est un «profiteur ». On dit souvent que le plus dur n'est pas d'atteindre le sommet, mais d'y rester. Ce sommet, You l'a atteint. Nommé pour les Grammy Awards 2005, il décida de ne pas se rendre à la cérémonie. Il était en fait échaudé par le fait qu’il avait déjà été nommé à 4 reprises sans qu’il ne décrocha le fameux prix. C’était pourtant la bonne, car le 13 février 2005, il reçut le Grammy Award du meilleur album, catégorie World Music. Ce prix assoit alors définitivement son statut de star internationale de la musique…

En ce début de mois d’avril, le roi du Mbalax montre qu’il est encore bien là et qu’il va continuer à ravir le coeur des sénégalais. Il sort un nouvel album qui présage un carton. Après avoir accepté de poser en tenue de goal pour compléter notre collection « Les Artistes font du Sport », il répond à nos questions. Il revient sur certaines étapes de sa carrière, sur les derniers remous de sa vie privée et sur son tout nouvel album…

Le221 :

Cela fait plus d’une trentaine d’années que vous êtes dans la chanson ; vous êtes connu de par le monde mais nous voulons entendre Youssou parler de son parcours, en prenant le soin de remonter jusqu’à son enfance…

Youssou Ndour :

Je viens d’une famille Gawlo du côté de ma mère et toutes les choses qui me sont arrivées culturellement, particulièrement dans le domaine de la musique, sont dues à mon appartenance à cette famille. J’ai grandi dans la maison de ma grand-mère Mame Marie Sène à la médina, où j’ai pu acquérir naturellement ce don pour la chanson. Rien n’était prédit. J’ai commencé à chanter dans les Kassacks, jusqu’au jour où j’ai pu intégrer une troupe théâtrale puis un orchestre. La musique me passionnait par-dessus tout. Lorsque j’ai confié à mon père que je voulais mener une carrière de musicien, il était réticent car les chanteurs étaient plutôt mal vus à cette époque. Je suis parvenu à le convaincre avec l’aide de quelques parents. J’ai fait un passage chez le doyen Ibra Kassé qui est quand même, malgré tous les points qu’on peut relever, une bonne école où j’ai appris beaucoup de choses. Puis, j’ai intégré le Diamono, le Star Band, l’étoile de Dakar. J’ai ensuite voulu pas ser en carrière solo. Les choses sont venues naturellement. Je ne faisais pas de projections sur le long terme, comme je le fais par exemple aujourd’hui. Ma vision, c’est que le succès ou la reconnaissance des efforts n’a pas de frontières. Quelles que soient ses origines, l’individu est en mesure de réussir dans la vie. J’ai appris à me perfectionner, à m’entourer de gens qualifiés, à sortir le meilleur de moi-même, à comprendre et à apprendre beaucoup de choses. Je suis arrivé au stade où je sais ce que je veux et je suis en mesure de mettre en place les moyens pour y arriver. J’ai pu ainsi réaliser au bout de 25 ans de durs labeurs, un travail qui devrait être accompli sur 50 ans, d’après les repères que j’ai eus sur d’autres artistes internationaux. J’en suis fier et avec d’autres sénégalais, je symbolise le Sénégal qui se bat pour réaliser de grandes oeuvres, et qui peut se mettre au même niveau que les plus grandes nations de ce monde.

Le221 :

Qui est Youssou aujourd’hui ?

YN :

Youssou Ndour est un artiste connu dans le monde entier, mais basé au Sénégal, et qui essaie plus ou moins d’être un pêcheur qui part toujours des côtes sénégalaises, et revient avec des poissons appréciés de tous. Je voyage pour ramener des sons, des expériences que les sénégalais apprécient. De même, quand je vais à l’extérieur, j’exporte les sonorités de chez moi, qui sont appréciées de par le monde.

Le221 :

Quelle a été la clé de votre succès ?

YN :

La clé du succès de Youssou est le fait d’avoir refusé de s’enfermer dans un style de musique. On m’appelle certes le Roi du Mbalax, mais j’ai refusé de rester dans un style figé. Cela ne m’a pas valu que du bonheur. J’ai été critiqué et fortement tancé sur des albums que j’avais sortis et qui ne ressemblaient pas à ce qui se faisaient de coutume. Les gens s’en plaignaient au départ pour ensuite se rendre compte que ces musiques étaient agréables à l’ouïe. Ce fut un challenge réussi. C’est cela quelque part la clé de mon succès actuel. Je peux aller du mbalax au blues, du jazz à la musique orientale… et ainsi de suite.

Le221 :

D’aucuns perçoivent mal votre situation d’aujourd’hui et en ont une perception négative. Ils n’apprécient pas votre côté d’« affairiste forcené, sans état d’âme », et ils sont d’avis que c’est en exploitant d’autres artistes que vous en êtes arrivé là aujourd’hui. Qu’auriez vous à répondre à ces gens là ?

YN :

Personne n’est à l’abri des critiques. Comme j’ai coutume à le dire « Boul falé té dé ko soralé*… ». Vous savez, j’ai même peur de l’unanimité. Et personne ne peut d’ailleurs la faire. Même notre guide le prophète Mohamed (PSL), le plus parfait d’entre les hommes, n’avait pas que des amis. Je sais que certains pensent du mal de mon travail, mais ma satisfaction est le soutien que j’ai pu apporté à plein de gens dans mon métier. Je n’ai jamais oublié les autres. J’en ai encouragé tellement que je peux revendiquer à juste titre, avec mes initiatives et mes démarches, plus de 40 voire 50% de la musique sénégalaise de ces dernières années, tant au plan de la production, que de l’enregistrement et des encou - ragements. J’ai également toujours partagé le micro avec d’autres pour contribuer autant que faire se peut à leur promotion. Je ne vois pas d’inconvénient à ce que certains critiquent ce que je fais. Je ne désire pas l’unanimité car ce sont les critiques qui me permettent de m’élever. Tout participe à mon amélioration. Je considère que je suis investi d’une mission et je m’y attelle. Personne ne peut me distraire et m’atteindre jusqu’à ce que j’en oublie ma mission, ma vision : qu’ils soient mélomanes, hommes politiques, ou autres, sauf Dieu… J’ai la conscience tranquille.

Le221 :

Pourriez-vous revenir sur le livre de cuisine fait avec votre maman?

YN :

Je reçois beaucoup de propositions dans tous les domaines culturels. Un jour, j’ai reçu une proposition me demandant de parrainer une initiative et permettre à ma maman de parler de la cuisine sénégalaise et des mets avec lesquels j’avais grandis et qui m’avait nourri. J’ai trouvé l’idée très originale et j’en ai parlé à ma mère qui a acquiescé. Une équipe n o u s a accompagnés pendant 1 5 j o u r s d u r a n t lesquels ma mère a préparé tous les plats sénégalais et je me suis bien régalé. Ce fut une partie de plaisir. J’avais retrouvé les tendres saveurs de sa cuisine et des mets auxquels je n’avais plus goûtés depuis fort longtemps. Tout cela a été rassemblé pour en faire un livre qui a été intitulé « La Cuisine de ma Mère ». Le succès fut étonnant ! Et mon plus grand réconfort fut d’avoir, grâce à mon travail, réussi à intéresser les gens sur ce que fait ma propre mère.

Le221 :

En 2005, vous aviez organisé le Festival Africa Live qui a connu un succès éclatant. Y’aura-t-il un Remake?

YN :

C’était un grand événement pour l’Afrique et j’ai l’intention de remettre cela. Tous mes amis artistes me contactent très souvent pour me demander à quand le prochain Africa Live et je pense que cela devrait pouvoir se faire d’ici 2008. Mais avant cela, nous sommes aujourd’hui concentrés sur la formation et l’évolution de notre association qui s’appelle l’Ampa (Association des Musiciens Professionnels Africains) qui est mon initiative et qui est dirigée par Rokia Traoré. Récemment, à la veille du sommet françafrique, nous avons reçu le soutien de Jacques Chirac et de tous les présidents africains. Cette association vise à davantage professionnaliser le métier, lutter contre la piraterie, intervenir comme médiateurs pour le règlement des conflits en Afrique, organiser des spectacles pour permettre aux artistes de se produire un peu plus en Afrique... Bref, un grand projet qui nous tient à coeur et je voudrais bien qu’en 2008, si nous arrivons à organiser Africa Live au Sénégal, que nous en ressentions les retombées et que nous concrétisions tous nos objectifs à travers son organisation.

Le221 :

A quand le prochain Bercy ? Certaines rumeurs font état d’un désaccord de Sarkozy, qui pense que cette manifestation encourage l’émigration clandestine…

YN :

C’est un projet qui tient la route. C’est la troisième fois que l’on saute une année pour mieux préparer l’événement. La seule chose qu’il faut noter et qui est d’ailleurs révisable, c’est que nous n’avons plus l’autorisation de jouer jusqu’à 4h du matin. C’est tout simplement un détail technique. Et Sarkozy n’est en rien impliqué à cela. Deuxième chose, le dernier Bercy a été un grand succès et les gens se délectent toujours de ses morceaux. Je ne voulais donc pas casser cela et j’ai préféré le repousser jusqu’en 2007. Bercy sera pour très bientôt car il est devenu un événement incontournable pour la diaspora sénégalaise en particulier et africaine en général. Bercy ne m’appartient plus. C’est même devenu une obligation pour moi de l’organiser périodiquement ; c’est un rendez-vous attendu par tous et gare à moi si je désire y mettre un terme un jour… (rires)

Le221 :

Vos deux épouses ont défrayé la chronique ces derniers mois. Et si vous reveniez sur cet épisode, histoire de clarifier les choses une bonne fois pour toutes ?

YN :

Les gens parlent beaucoup mais il y’a un sujet que je ne vais jamais aborder dans la presse : c’est ma vie privée. Une chose m’a quand même beaucoup atteint, c’est le fait que les gens aient dit que je sortais mon épouse du domicile conjugal. Si jamais cette rumeur était avérée, je serais la personne qui sortirait et non le contraire. De toutes les manières, ces choses là m’importent, I don’t care ! Je dis toujours que j’ai ma vie privée et je ne la dévoilerai jamais pour rien au monde. A mon dernier baptême, j’avais invité beaucoup de personnes et c’était pour montrer à tout le monde que la vie est simple. Un enfant naissait, l’enfant symbolise l’espoir et c’était une manière pour moi de prôner la paix et l’entente cordiale. J’avais invité la presse, les politiques pour montrer que tout le monde est uni au Sénégal. J’ai donné à ma fille le nom de ma grand-mère Mame Marie Sène que j’aimais bien et qui est décédée. Et comme j’ai coutume de le dire : Le chien aboie, la caravane passe. Que personne ne compte sur moi pour que je lui raconte ce qui se passe dans mon domicile. Par contre, quand les gens racontent des méchancetés du genre que je sors ma famille, cela me déçoit et c’est mal me connaître que de me croire capable de tant de bassesses. Et je le répète encore une fois, dans pareille situation, je serai la personne à foutre dehors… (rires)

Le221 :

Sur le plan international toujours, vous avez joué dans un film intitulé Amazing Grace dont la première a eu lieu à New York le 23 février. Pourriez-vous nous parler plus amplement de ce film et du rôle que vous y avez joué ?

YN :

Au départ, je n’étais pas prêt pour faire un film. J’avais reçu plusieurs propositions pour réaliser des films mais j’avais toujours été assez réticent car cela prend du temps. Mais ce film est assez spécial. Le réalisateur Michael Apted y parle de l’abolition de l’esclavage en Angleterre. Dans le parlement anglais, il y’avait des groupes dirigés par un ancien premier ministre du nom de William Wilbeforce, qui se battait pour qu’on abolisse l’esclavage et c’était très difficile à l ’ é p o q u e . Moi, j’y joue le rôle de Olaudah Equiano, un poète d’origine nigériane qui a écrit un livre qu’il vendait lui-même et qui a été un best seller en Angleterre. C’était un ancien esclave qui s’est lié à Wilbeforce pour lutter pour l’abolition de l’esclavage. Bizarrement, il y’avait une grande ressemblance entre cette personne et moi-même. Quand ils ont commandé la musique du film à mon agent, il m’en a parlé. Mon agent a remarqué la grande ressemblance entre Olaudah et moi-même. Il demanda au réalisateur s’il m’avait déjà vu physiquement. Ce dernier rétorqua que non. Il montra au réalisateur, qui ne m’avait jamais vu auparavant, ma photo et il n’en revenait pas. Le réalisateur tint coûte que coûte à ce que je joue le rôle d’Olaudah. Mon agent lui expliqua que je n’étais pas un acteur mais il s’engagea à m’apprendre à jouer. Tout partit ainsi. Je fus à Londres pour les tests qui s’avérèrent concluants. J’étais en tournée aux Usa et le réalisateur mit 2 coachs à ma disposition : un aux Etats-Unis et un autre à Londres pour me suivre à travers mes tournées et m’apprendre à jouer car le film devait se faire en anglais. Je pense avoir bien joué le rôle d’Equiano qui montrait essentiellement toutes les atrocités vécues par les noirs durant l’esclavage. Dans le film, j’étais le seul homme noir du parlement. C’était rempli d’émotions. Je m’en suis sorti avec beaucoup de satisfaction et les premières critiques sont plutôt positives. Je pense que c’est une grande porte qui s’ouvre pour moi dans le monde du cinéma. Mais ma seule crainte demeure ma musique. J’ai peur de ne pouvoir lui consacrer le temps nécessaire. Le film vient juste de sortir aux USA. Je ne m’occupe pas de la promotion mais je pense qu’il devra être bientôt disponible au Sénégal. Je vais en parler aux gens avec qui je travaille et je ferai tout pour qu’il y’ait une première au Sénégal très bientôt.

Le221 :

Parlez-nous à présent de votre nouvelle production qui sort ce mois d’avril.

YN :

Je n’ai pas sorti de nouvel album depuis 2001. C’était Bercy ou des remix tous les ans. L’album que je sors actuellement en ce début de mois d’avril, plus précisément le 10, s’intitule « Alsaama Day » et est « fresh » à 100% avec que des nouveaux titres. J’ai préféré attendre la fin des élections pour le sortir. C’est un album que j’ai fait avec le coeur, il est très fort avec des thèmes qui interpellent chacun. La sortie de l’album sera suivie d’une tournée nationale, que je n’ai pas faite depuis 10 ans. Ce sera vraiment inédit. J’attaquerai ensuite la sortie d’un Cd à l’échelle internationale vers le mois de septembre que je compléterai avec d’autres titres. C’est donc un extrait de l’album qui va sortir dans un premier temps en Afrique, en attendant de sortir le produit complet au niveau mondial. Je sais que les Sénégalais attendaient avec impatience un nouveau produit, un truc flambant neuf. Ils sont servis et je devine déjà qu’ils vont bien se régaler. Je ne reviendrai pas sur les thèmes car je n’aime pas trop parler de mes albums et traiter les titres. Je laisse cela aux bons soins du public qui appréciera. Mais sachez déjà que vous y trouverez de l’amour, la justice, la solidarité, la confiance, les méfaits des nouvelles technologies ; bref, c’est la société dans laquelle nous évoluons.

Le221 :

Par quoi terminerez-vous ?

YN :

Il y’a beaucoup de choses qui restent à faire. Aujourd’hui, nous attendons qu’il y’ait une véritable politique culturelle qui protège les créateurs. La presse doit également évoluer pour montrer aux africains et au reste du monde
que le Sénégal n’est pas un petit pays. Quoique petit par la taille, il reste un grand pays de par ses hommes, ses
oeuvres et ses ambitions…

* Quelqu’un qui, parti de rien, est parvenu à réussir brillamment dans la vie…, un Self Made Man * Maslow = La pyramide des besoins est une théorie élaborée à partir des observations réalisées dans les années 1940 par le psychologue Abraham Maslow sur la motivation. * « Le chien aboie, la caravane passe… »

Selly Wane
Photos : Kamikazz









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