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ANTOINETTE M. SAYEH, DIRECTRICE DU DÉPARTEMENT AFRIQUE DU FMI « L’Afrique subit déjà les effets sévères de la crise… »

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ANTOINETTE M. SAYEH, DIRECTRICE DU DÉPARTEMENT AFRIQUE DU FMI « L’Afrique subit déjà les effets sévères de la crise… »

L’impact de la crise financière mondiale en Afrique se fait déjà sentir. Ses conséquences iront crescendo. C’est l’avis de Mme Antoinette M. Sayeh, Directrice du Département Afrique du Fonds monétaire international (Fmi), qui s’est entretenue jeudi 19 février dernier en conférence téléphonique avec des journalistes africains. Ceci en prélude à la rencontre que le Fmi organise conjointement avec le président de la République Unie de Tanzanie, M. Kikwete en mars prochain à Dar es Salam. Selon elle, la « décroissance », soulignée par nous, avec un taux de croissance projeté de 3,3% seulement, « soit environ la moitié de la moyenne observée depuis 2000 », sera de rigueur jusqu’en 2010 où une reprise pourrait s’amorcer.

« Pour 2009, nous tablons désormais sur un taux de croissance de 3,3 %, soit environ la moitié de la moyenne observée depuis 2000. Par ailleurs, l’inflation ne décroît que lentement, vu les effets persistants de la crise des prix énergétiques et alimentaires de 2008 », a souligné d’emblée le jeudi 19 février, Mme Antoinette M. Sayeh, Directrice du Département Afrique du Fmi qui s’entretenait au téléphone avec des journalistes africains. Selon elle, l’Afrique subit déjà les effets de la crise financière mondiale, et ceux-ci sont sévères. La principale cause de cette baisse de croissance est le brusque ralentissement de l’économie mondiale, a-t-elle diagnostiqué. D’après les dernières projections du Fmi, ajoute-t-elle dans ses propos liminaires, « la croissance mondiale devrait être quasiment nulle en 2009 ; les pays avancés traversent d’ailleurs presque tous une profonde récession. Une reprise devrait sans doute s’amorcer en 2010 au niveau mondial, mais les perspectives mondiales restent marquées par une profonde incertitude, à laquelle l’Afrique n’échappe pas ».

Pour la Directrice Afrique du Fmi, « la crise financière mondiale se transmet à l’Afrique par trois principaux canaux : Premièrement, la baisse de la demande mondiale pour les biens et services africains. La demande d’importations dans l’Ue, aux États-Unis et dans les pays émergents d’Asie – qui ensemble absorbent les trois-quarts des exportations africaines – a fortement chuté. Deuxièmement, les cours des matières premières se sont effondrés et devraient rester déprimés en 2009. Cela nuit aux exportateurs de pétrole (dont les cours ont baissé en moyenne de 50 % en 2009), mais aussi aux autres producteurs de matières premières. Par exemple, les cours du cuivre ont perdu environ 60 %.Troisièmement, les flux financiers sont en repli. Cela est déjà le cas pour les investissements de portefeuille.

Ce sont maintenant les investissements directs étrangers, qui avaient doublé ces dernières années, et les envois de fonds des travailleurs émigrés, qui constituent une source importante de devises pour certains pays africains, qui risquent de se contracter ». Et de s’interroger : Qu’est-ce que cela signifie pour les économies africaines ? Réponse : « La baisse des recettes publiques va soumettre les budgets des États à rude épreuve. La chute des prix à l’exportation affectera également le compte courant : d’après nos estimations, le déficit du compte courant des pays africains devrait se creuser de plus de 5 points de PIB en 2009 ».

Le Secrétaire général adjoint des Nations-Unies et Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique, Abdoulie Janneh n’a pas dit autre chose, lui qui, lors de la dernière journée du 12ème sommet de l’Union Africaine à Addis Abeba qui a vu le « sacre » du colonel Khadafi comme nouveau « roi » d’Afrique, a indiqué « que la crise financière mondiale pourra avoir un impact important sur les économies africaines ». Si même « les systèmes bancaires africains n’ont pas été affectés par la crise en raison des réformes antérieures et de l’intégration limitée dans l’économie mondiale, la menace sur son économie réelle est indiscutable », a-t-il affirmé. Il a souligné que la croissance dans le continent pourra baisser d’au moins 1,5% en 2009 par rapport aux niveaux de 2007, et pourra même diminuer de quatre points.

Le commerce et les flux financiers pourront également être largement affectés alors que les prix des denrées ont chuté et les sorties massives des capitaux sont enregistrées, d’après le secrétaire général adjoint des Nations-Unies. Et d’ajouter que les flux des capitaux privés vers l’Afrique tels que l’investissement direct étranger, les rapatriements des fonds, les recettes touristiques s’assèchent. Aussi, avait-il relevé, « la crise pourra éroder la plupart des acquis obtenu par l’Afrique ces récentes années dans le secteur à la fois économique et social ». Toute chose que Mme la directrice du département Afrique du Fmi a corroboré jeudi dernier.

Toutefois, éclaircie dans la grisaille, comme pour faire naître l’espoir, elle assure que « la bonne nouvelle est que les économies africaines sont mieux préparées pour faire face à ce choc que par le passé. Les pays qui ont des réserves de change suffisantes peuvent les utiliser de manière temporaire pour faciliter leur ajustement au nouvel environnement économique. De même, grâce à la mise en œuvre de politiques budgétaires saines et au vaste processus d’allégement de la dette, de nombreux pays africains ont un endettement public faible.

De ce fait, certains pays disposent de marges de manœuvre budgétaires suffisantes pour maintenir, voire augmenter, les dépenses publiques sans pour autant menacer la stabilité économique. Les marges de manœuvre sont en revanche beaucoup plus limitées dans les pays où subsistent d’importantes contraintes de financement ».

N’empêche, « tous les pays doivent veiller à ne pas compromettre les gains durement acquis au cours de la dernière décennie. Ce sont ces gains qui permis à un nombre croissant de pays d’Afrique de bénéficier d’une croissance forte et de réduire durablement la pauvreté ». Pour ce faire, les pays à régime de change flexible doivent permettre à leur taux de change de s’ajuster. « La supervision du secteur financier doit aussi être renforcée.

Enfin, il est d’important d’identifier les vulnérabilités et de mettre en place des plans d’action pour y faire face ». Selon elle, la communauté internationale a également un important rôle à jouer, au moins sur deux fronts. Premièrement, elle doit respecter les engagements pris lors du sommet de Gleneagles en matière d’aide au développement en faveur de l’Afrique. Ces engagements restent cruciaux pour permettre au continent de continuer à progresser vers les Objectifs du Millénaire pour le Développement. La conjoncture actuelle renforce la nécessité d’une aide au développement prévisible, transparente et alignée sur les priorités des pays bénéficiaires. Deuxièmement, il faut repousser les pressions protectionnistes dès qu’elles apparaissent. Un système commercial mondial ouvert constitue pour l’Afrique un lien vital avec le reste du monde ».

De son côté, le FMI aide les gouvernements africains de diverses manières. En apportant des concours financiers directs. Nous avons accru notre financement aux pays touchés par la crise des prix énergétiques et alimentaires de l’an dernier. Nous avons par ailleurs mis en place un nouveau mécanisme de financement plus flexible pour aider les pays qui subissent des chocs exogènes. L’Éthiopie, le Sénégal, les Comores et le Malawi ont déjà bénéficié de ce mécanisme. De plus, notre Directeur Général plaide en faveur d’un doublement des ressources concessionnelles du FMI, dont l’essentiel bénéficie à l’Afrique. En fournissant une assistance technique pour renforcer les capacités du secteur public. Nous comptons ajouter deux nouveaux centres régionaux d’assistance technique en Afrique aux trois qui existent déjà.

Enfin, en offrant, le cas échéant, nos conseils de politique économique, mettant à profit notre expertise globale en matière de gestion économique, a-t-elle souligné. On a envie cependant de l’interroger sur les sanctions à l’égard de son institution si d’aventure, elle se plante dans ses posologies ? Les sommes décaissées dans la plupart de ses programmes dont les conditionnalités ont suscité émeutes et révoltes des populations qui ont souvent renversé les gouvernements, ne doivent-elles pas dans ces conditions être inscrites à la colonne perte et profit ? Questions et autres qui trouveront certainement réponses à la conférence que le Fmi organise conjointement avec le président de la République Unie de Tanzanie, M. Kikwete, le mois prochain à Dar es Salam.



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