En exil après avoir été chassé du pouvoir en 2013, François Bozizé est rentré à Bangui, selon son parti et ses proches. L’ancien président centrafricain n'a jamais caché son intention de reprendre le pouvoir par les urnes, alors que se profile la présidentielle de décembre 2020.
À un an de la présidentielle prévue fin 2020, son retour pourrait redessiner le paysage politique en Centrafrique. Après le coup d'État qui l'a renversé en 2013 et six années d'exil, l'ex-président François Bozizé est revenu au pays, ont annoncé lundi 16 décembre son parti et ses proches.
"Depuis hier, je peux vous le dire de la manière la plus solennelle : François Bozizé se trouve bel et bien dans la capitale centrafricaine", a lancé devant la presse Bertin Béa, le secrétaire général du Kwa na Kwa (KNK), la formation politique de l'ancien chef de l'État. Une information confirmée par nos confrères de RFI.
"Dans les jours à venir, François Bozizé prendra la parole pour s'adresser à ses compatriotes", assure Bertin Béa. "En attendant, ne me demandez pas comment il est arrivé, ni où il se trouve", lâche-t-il. Question de "sécurité".
"Cette annonce ne me semble pas crédible", a toutefois réagi le porte-parole du gouvernement, Maxime-Ange Kazagui.
Le président déchu n'a jamais caché son intention de chercher à reprendre le pouvoir par les urnes. Son retour semble être dicté par sa volonté de respecter le code électoral, qui stipule que les candidats à la présidentielle de décembre 2020 doivent se trouver sur le territoire national au moins un an avant le scrutin.
François Bozizé jouit toujours d'une grande influence dans un pays qu'il a dirigé de 2003, à l'issue d'un coup d'État, à 2013. Une période marquée par deux guerres civiles.
La seconde, en 2013, provoque finalement sa chute. Après des années d'instabilité et de mauvaise gouvernance, la Séléka, une coalition de groupes armés rebelles venus du nord et de l'est, met en débandade l'armée régulière et fond sur Bangui.
Sa garde armée sud-africaine vole en éclats et François Bozizé doit fuir la capitale. Le chef de file de la Séléka, Michel Djotodia, le remplace.
Spirale de violences intercommunautaires
Après son départ, la Centrafrique sombre vite dans une spirale de violences intercommunautaires, déclenchant l'opération Sangaris de l'armée française en décembre 2013.
Et, depuis le Cameroun voisin où il est accueilli par le président Paul Biya, François Bozizé continue d'user de son influence pour tenter de rétablir son régime.
En 2013, la Centrafrique lance un mandat d'arrêt international contre lui pour "crimes contre l'humanité et incitation au génocide". Accusé d'avoir soutenu, depuis le Cameroun, les milices chrétiennes anti-balakas, au départ formées pour contrer les exactions de la Séléka à dominante musulmane, Bozizé est également sous le coup de sanctions des Nations unies. Ses déplacements en avion sont interdits et ses avoirs gelés.
Après un régime de transition dirigé par Catherine Samba Panza, il ne peut donc se présenter à la présidentielle de janvier 2016 que remporte Faustin Archange Touadera.
Depuis 2016, une circulaire du ministère centrafricain des Transports interdit également à toute compagnie aérienne desservant ce pays d'y amener François Bozizé. Depuis lors, ses avocats et ses fidèles, encore nombreux dans le pays, militent pour que le gouvernement autorise son retour.
Mercredi, le tribunal administratif de Bangui a rejeté une première requête de ses avocats, qui demandaient la suspension de cette circulaire.
Ces dernières semaines, plusieurs figures de l'opposition s'étaient exprimées en faveur d'un retour de l'ancien président, dont Anicet Georges Dologuélé, candidat malheureux au second tour de la présidentielle de 2016.
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