Kilmar Abrego Garcia, Salvadorien expulsé par erreur des États-Unis, aurait dû recevoir la visite de Chris Van Hollen, élu démocrate du Maryland.
INTERNATIONAL – Il a fait plus de 3 000 kilomètres pour visiter un détenu mais n’a même pas pu entrer dans la prison. Le sénateur démocrate du Maryland, Chris Van Hollen, s’est rendu au Salvador mercredi 16 avril pour obtenir la libération de Kilmar Abrego Garcia, résident légal aux États-Unis expulsé par erreur dans le pays d’Amérique centrale. Une requête déclinée par les autorités locales, qui n’ont même pas laissé l’élu démocrate le rencontrer.
Kilmar Abrego Garcia est enfermé dans la méga prison de haute sécurité CECOT pour sa supposée appartenance au gang salvadorien du MS-13. Chris Van Hollen a indiqué sur les réseaux sociaux qu’il avait demandé un échange par téléphone ou en visio avec le détenu, « afin de lui demander comment il allait et d’en faire part à sa famille ». Une demande elle aussi rejetée par le vice-président salvadorien Félix Ulloa, que le sénateur américain dit avoir rencontré.
L’affaire suscite une vive polémique aux États-Unis, puisque Kilmar Abrego Garcia, Salvadorien marié à une Américaine et habitant au Maryland, a été renvoyé vers son pays d’origine alors même que l’arrêté d’expulsion à son encontre avait été annulé définitivement par un tribunal fédéral en 2019. Si l’administration Trump a d’abord reconnu que son expulsion était une « erreur administrative », elle s’est récemment rétractée selon CNN, affirmant qu’il ne s’agissait pas d’une erreur.
« Il faut permettre à cet homme de sortir de prison »
Les trumpistes renvoient la patate chaude aux autorités salvadoriennes, arguant que ce sont elles qui détiennent Kilmar Abrego Garcia. D’où le voyage du sénateur Chris Van Hollen au Salvador, pour demander au président Nayib Bukele de « faire ce qu’il faut et de permettre » à « un homme […] qui n’a été condamné pour aucun crime et qui a été enlevé illégalement aux États-Unis » de « sortir de prison ». Lors d’une visite à la Maison Blanche lundi, le président salvadorien avait assuré ne pas avoir « le pouvoir de renvoyer [Kilmar Abrego Garcia] vers les États-Unis ».
De son côté, le camp Trump continue de jouer la sourde oreille, malgré la décision de la Cour suprême demandant à Washington de « faciliter » le retour du détenu. Lors d’un point presse, la porte-parole de la présidence américaine Karoline Leavitt a qualifié la visite de Chris Van Hollen au Salvador d’« affligeante ». Le directeur de la communication de la Maison Blanche, Steven Cheung, a lui estimé que le comportement du sénateur était « une véritable honte », accusant les démocrates de monter l’affaire en épingle et d’ignorer délibérément les crimes commis par les sans-papiers aux États-Unis.
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, Chris Van Hollen a assuré qu’il s’« intéresse à toutes les victimes de crimes », appelant à respecter « le système judiciaire » dont le rôle est de « tenir les personnes responsables de leurs actes ». « J’ai combattu [le gang] MS-13 sans doute bien avant que Donald Trump en ait entendu parler », a ajouté le sénateur démocrate, qui s’est engagé à « continuer de faire pression » pour la libération de Kilmar Abrego Garcia. « D’autres membres du Congrès viendront », a-t-il promis lors d’un point presse cité par The Guardian, estimant que cette « situation intenable et injuste » ne peut pas « perdurer ».
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