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[ Temoignage ] Cellou Dalein Diallo, président de l'Union des forces démocratiques de Guinée (Ufdg) : ‘ Comment le président Wade m'a fait évacuer de Conakry’

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[ Temoignage ] Cellou Dalein Diallo, président de l'Union des forces démocratiques de Guinée (Ufdg) : ‘ Comment le président Wade m'a fait évacuer de Conakry’
Avant-hier, samedi, la communauté guinéenne de France et de Belgique est venue écouter les témoignages de Cellou Dalein Diallo et de Sidya Touré, victimes de barbarie du 28 septembre 2009. De la tristesse, de la compassion et surtout de la révolte se sont emparées de la foule venue nombreuse participer à cette rencontre. Cellou Dalein Diallo dont des côtes ont été fracturées, le crâne fendu, le nez bousillé par la répression sanglante du 28 septembre, a raconté, avec des mots pathétiques, les atrocités qu'il a subies durant cette journée macabre. Il en a aussi profité pour expliquer comment le président Wade a pu l'exfiltrer des mains de la junte dirigée par Moussa Camara Dadis pour l'envoyer à Dakar, puis à Paris.

‘On m'a convoqué au Camp et ma femme a été intimidée’

‘Mes chers compatriotes, je voudrais signaler d’abord la présence de M. Malick Sankong qui est un leader d’un grand parti (Lcc) qui est un membre actif du Forum des forces vives. Je voudrais vous remercier très sincèrement pour votre présence massive ici (à Paris, Ndlr) cet après-midi (avant-hier, samedi, Ndlr). Cette présence massive est une illustration éloquente non seulement de l'attachement à votre pays, la Guinée, mais également de votre solidarité à l’endroit des victimes de la répression aveugle infligée à notre peuple le 28 septembre 2009. Je voudrais, au nom de toutes les forces vives, vous remercier très sincèrement pour cette solidarité et pour ce soutien. Beaucoup d’entre vous m’ont téléphoné, beaucoup d’autres m’ont rendu visite. Et je savais que tous, ici, vous vouliez me rencontrer pour vous assurer de mon état de santé, m’encourager et adresser les condoléances pour les pertes en vies humaines que nos différents partis ont subies le 28 septembre 2009.

‘Je souhaite apporter mon témoignage sur les évènements du 28 septembre, en tant que leader et organisateur de la manifestation, en tant que témoin oculaire et victime. Peut-être que le Premier ministre Sidya Touré va, après, prendre la parole pour parler de ce qui s’est passé après, la réunion du Groupe international de contact à Abuja et il va nous faire l’évolution des choses puisque, surtout depuis mon départ, je suis sorti dans une civière du pays.

‘A propos des événements du 28 septembre, il faut rappeler que depuis le 23 décembre 2008 jusqu’au mois d’août, il n’y a pas eu de conflits majeurs entre la junte et les partis politiques. Comme vous le savez, après la prise du pouvoir par l’armée, lorsque le capitaine Dadis a décliné le programme du Cndd, toute la classe politique a décidé de le soutenir et de l’accompagner. Il avait affirmé haut et fort que son intention n’était pas de s’éterniser au pouvoir. Il s’était donc engagé à organiser des élections libres et transparentes dans un bref délai. Il s’était surtout engagé à ne pas prendre part à ces élections. C’est sur cette base que toute la classe politique a décidé d’accompagner le Cndd et de le soutenir par rapport à ces objectifs, la préoccupation majeure de la classe politique étant, ces dernières années, d’obtenir des élections équitables, libres et transparentes. En Afrique, généralement, lorsque le président sortant est candidat, c’est très difficile d’éviter que l’administration garde une position partiale. Dès lors que le président nomme les préfets, les juges, les gouverneurs, ceux-ci se sentent généralement obligés d’aider le candidat sortant à se faire réélire.

‘Ce qui était nouveau dans le cas du Cndd, c’est que le capitaine Dadis ne se présenterait pas aux élections présidentielles libres et transparentes qu’il s’était engagé à organiser. Il avait fait preuve de disponibilité en disant à la classe politique et aux forces sociales de lui proposer une feuille de route pour la transition. On s’était retrouvé, on a élaboré un chronogramme qu’on lui a soumis et qu’il a accepté. Ce programme prévoyait l’organisation des élections législatives en octobre et des élections présidentielles en décembre 2009. Chaque fois qu’une personnalité était interrogée, tout le monde disait qu’on était derrière ce chronogramme.

‘En avril à Kaloum, le Capitaine Dadis a dit que si les leaders ne le respectaient pas, il va enlever sa tenue et se présenter. C’était le premier signal. Il a rectifié pour dire qu’il ne se présentera pas et qu’il allait organiser les élections. Il y a eu deux signaux qui ont suscité des inquiétudes au niveau de la classe politique. Il a accordé une interview à Africa Cable (télévision). Au cours de cette interview, il a dit qu’il s’était engagé à ne pas se présenter seulement en 2009. Deuxième signal fort, il nous a convié à une réunion à Koroma au cours de laquelle prenaient part les ambassadeurs. L’ambassadeur de l’Allemagne lui a posé la question par rapport à cette interview en lui disant : ‘Est-ce que je dois comprendre que vous allez, si les élections ont lieu en 2010, vous présenter ?’. Il a piqué une colère et a dépassé toutes les limites dans sa réaction contre l’ambassadeur d’Allemagne.

‘Jusqu’à cet instant, nous continuions à nous interroger sur ses véritables intentions. Mais il a tenu une conférence encore à Koroma où il a affirmé haut et fort que personne ne pouvait l’empêcher de se présenter aux élections. A partir de là, étant donné que le chronogramme avait été déjà modifié entre temps, et que les élections avaient été envisagées en 2010 – il y a beaucoup de détails sur lesquels je ne reviens pas ; je retiens les grands faits - le Forum des forces vives a décidé de se retrouver et de prendre position. Nous sommes retrouvés (…) et nous avons publié une première déclaration dans laquelle nous avons marqué de façon ferme notre opposition à la candidature du capitaine Dadis à l’élection présidentielle. La veille, j’avais eu le privilège d’être interviewé. J’avais dit à Rfi qu’il n’est pas souhaitable que le capitaine Dadis se présente. On m’a convoqué au Camp (militaire). On a convoqué ma femme ; on l’a intimidée. Il y a eu beaucoup de choses, je ne reviens pas sur les détails. Il a commencé à réagir violemment contre tous les leaders.

‘Mais il y a déjà longtemps que des comités de soutien à cette candidature organisaient des manifestations un peu partout : au Palais du Peuple, au stade, dans tous les lieux publics, dans les quartiers pour exiger la candidature du capitaine Dadis. A un moment donné, chaque fois qu’il y a une délégation étrangère, on s’arrange qu’il y ait un comité de soutien qui soit là (femmes, jeunes, commerçants de Madina - un des grands marchés de Conakry, Ndlr). On distribue des t-shirt, de l’argent. Et les manifestants soutiennent qu’il faut que le capitaine Dadis se présente parce que c’est lui le sauveur de la Guinée. A partir de là, les Forces vives se sont retrouvées et ont décidé d’organiser aussi une manifestation pour marquer leur opposition à cette candidature. A l’issue d’une discussion, on a décidé d’organiser cette manifestation le 28 septembre. Ce serait un meeting au Stade du 28 septembre qui sera une manifestation pacifique au cours de laquelle on allait exprimer notre opposition à cette candidature qui risquerait de fausser le jeu démocratique. C’est ainsi que nous avons lancé un appel à nos militants et sympathisants pour qu’ils se mobilisent pour venir au Stade du 28 septembre pour dire non à la candidature de Dadis.

‘Deux heures avant la manifestation, ils ont pris des actes pour interdire la manifestation, diffusé des communiqués pour dire que la manifestation est interdite et annulée. La veille de la manifestation, le capitaine Dadis a téléphoné mon épouse chez moi à minuit. Il a téléphoné à Sidya Touré à une heure du matin ; il vous fera le compte-rendu. Moi, je n’ai pu parler avec lui, mais il m’a menacé. Toujours est-il que le lundi matin, les jeunes, les femmes, la population s’est fortement mobilisée pour prendre la direction du stade.

‘Les leaders ont décidé de se retrouver chez Jean-Marie Dorée. Vers 10 h, nous avons décidé d’aller à pied au stade. Arrivés au portail de l’Institut polytechnique, nous nous sommes heurtés à un barrage de policiers et de gendarmes. Les agents nous ont dit qu’on ne pouvait pas passer. Entre temps, le Commandant Tiécoro est arrivé. Il nous a rappelé que la manifestation est interdite, qu’on ne pouvait pas accéder au stade et que le 28 septembre est sacré. On a palabré. C’était Sidya Touré qui était notre interlocuteur, qui était son interlocuteur préféré d’ailleurs (rires de la salle). Le commandant a rappelé que le président de la République avait téléphoné à Sidya Touré pour lui dire de reporter cette manifestation, qu’elle est interdite et que dans tous les cas, personne ne peut accéder au stade. De toute façon, ils étaient les plus forts et il fallait respecter l’autorité de l’Etat. Nous sommes donc restés bloqués à un moment devant le barrage de police et de gendarmerie. De temps en temps, ils tirent en l’air.

On est resté là un moment ; le Commandant Tiécoro est parti. Quarante minutes après, il revient et nous dit : ‘Je dois vous avouer qu’on a été débordé. Les enfants sont déjà au stade. Maintenant, ce que je vais vous demander, c’est de venir leur parler pour leur dire d’arrêter de jeter des pierres sur la police et sur la gendarmerie et d’éviter de casser les équipements du stade. Nous avons été débordés parce que nous n’avons pas voulu user de nos armes à feu parce qu’on ne voulait pas tirer sur la population’. Et il nous accompagne et on va au stade. Nous avons demandé aux enfants qui continuaient de lancer de pierres, d’arrêter. Ils ont arrêté et nous ont conduit au stade. Tous les leaders, présents à Conakry, étaient là. (...)’.

‘Je voyais les jeunes tomber par dizaine ; pour moi, ils s'amusaient’

‘Nous sommes entrés dans le stade. Nous étions assis à la tribune couverte. De temps en temps, on se levait. Le stade était déjà plein. Certains jeunes étaient sur les gradins, mais la majorité était sur la pelouse. On est resté là. On s’est dit : ‘Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? La manifestation a réussi. Le stade est plein. On ne peut pas s’adresser aux jeunes parce que nous n’avons pas de sonorisation. Ils ont interdit la manifestation ; elle a eu lieu. Ils ont interdit l’accès au stade ; les jeunes ont accédé au stade. On va attendre que les enfants dégagent un peu et puis, on va partir’. Les enfants jouaient sur la pelouse. L’atmosphère était bon enfant. Il n’y avait plus de confrontation parce que comme la police et la gendarmerie qui étaient envoyées pour arrêter la manifestation, avaient reconnu qu’elles étaient débordées, il n’y avait plus d’affrontement. Les enfants jouaient. Nous, on était dans la tribune. De temps en temps, on se levait, tous les leaders la main dans la main, on criait et les jeunes nous reprenaient.

‘C’est dans cette ambiance qu’on a vu les bérets rouges, la garde rapprochée de Dadis, faire irruption dans l’enceinte du stade. A leur tête, il y avait le capitaine Toumba Diakité. Ils sont entrés dans le stade en jetant des gaz lacrymogènes et en tirant. On les a vu tirer sur les jeunes. Sur le coup, je n’ai jamais pensé que c’était avec des balles réelles. Pour moi, ce n’était pas possible. Je voyais les jeunes tomber par dizaine parfois, mais pour nous, c’est exclu que quelqu’un, comme ça, puisse tirer avec des balles réelles sur des jeunes qui s’amusent. Les enfants couraient ; ils s’échappaient.

Finalement, nous avons dit qu’on reste sur place pour attendre. Le stade s’est relativement vidé et ils sont venus nous chercher. Mais nous, dans notre esprit, on s’est constitués prisonniers. Ils vont nous arrêter et peut-être même nous déférer. Ils nous ont interpellés’.

‘J'ai fait le mort pour rester en vie’

‘On descendait de la tribune. Sidya Touré était devant moi. Lorsqu’on est arrivé en bas, j’ai vu Sidya Touré à terre. J’ai vu qu’on était en train de le frapper - excuse-moi (il s’adresse à Sidya Touré qui est assis à côté de lui, Ndlr). Il saignait de la tête. Subitement quelqu’un a dit : ‘Ah, Cellou (Dalein Diallo, Ndlr) est là, le raciste peulh’. Il m’a envoyé un coup sur le visage, sur le nez. J’ai saigné. Il a pris quelque chose et m’a tapé sur la tête. Ça saignait. J’ai un garde du corps civile non armé qui fait les arts martiaux. Il a voulu s’interposer. Il a pris son arme et a tiré sur les deux bras de mon garde du corps qui est tombé. Après cela, ils ont pris possession de mon petit corps et m’ont envoyé à terre et ont dit : ‘Voilà Cellou ! C’est lui qui veut le pouvoir. Lui ne parlera plus de pouvoir’. Je ne peux pas vous dire tout ce qu’ils ont fait. Après, ils sont venus danser sur moi. Et mes côtes se sont cassées. J’ai senti une douleur atroce. Ils m’ont tiré avec des injures de toutes sortes. A un moment donné, j’ai réalisé qu’ils voulaient vraiment me tuer. J’ai fait l’effort de m’abstenir de gémir pour faire le mort parce qu’il n’y avait pas d’autre solution. Les uns me frappaient en me qualifiant de raciste. Les autres me tapaient avec leurs souliers. Et puis, j’ai fait le mort complètement. J’ai fait l’effort de ne plus gémir, de ne plus rien faire, de ne même plus regarder, mais je saignais déjà de la bouche, du nez, de la tête et si vous voyez après mon corps, c'était vraiment effroyable.

‘C'est ainsi qu'on m'a pris et je me suis retrouvé dans la voiture de Tiécoro. Ba Oury, un de mes vice-présidents, était avec moi pendant un bout de temps. Je ne sais pas comment on m'a mis dans la voiture de Tiédeur car je faisais le mort. J'ai entendu : ‘Allô, on va aller à Ambroise Paré’ (une clinique). On est arrivé à Ambroise Paré, on y a trouvé un sergent qui a dit : ‘Si vous le descendait ici, je vais faire sauter la clinique’. Il avait dans la main une grenade. Tiécoro a dit de continuer. Ils m'ont envoyé au camp (militaire) Samovar où j'ai reçu les premiers soins. Deux à trois heures plus tard, ils m'ont envoyé à la clinique Pasteur où j'ai retrouvé Sidya Touré, Jean François Fall, Jean-Marie Doré, Mouctar Diallo, Tidiane Traoré...

‘Vers 16 h - 17h, on apprend qu'ils sont passés à ma maison. Ils ont tout détruit. Ils ont tiré sur toutes les voitures qu'ils n'ont pas pu emporter. Ils ont détruit la maison. Vers 19h, on nous a dit qu'ils sont passés aussi chez Sidya Touré, Jean-Marie Dorée pour faire la même chose. Vers 23 h, on a reçu la visite du Conseil inter-religieux avec Tiédeur, El Hadji Ibrahima Bâ, Monseigneur Gomez, Monseigneur Coulibaly, le Pasteur Kamano, le secrétaire général de la Ligue islamique, le Premier ministre. Ils nous ont dit qu'ils ont obtenu du capitaine Dadis qu'on soit libéré et qu'il y a des véhicules pour nous accompagner chacun chez lui. Moi, j'ai souffert plus que les autres parce que j'avais les côtes fracturées. Ce n'était pas évident. Alors, j'ai dit que je ne rentre pas. Ils ont insisté pour que je rentre. J'ai dit non parce que je dois être sous surveillance médicale. Les autres sont rentrés, Jean-Marie et moi sommes restés. Vers 3 h du matin, ils ont allés chez moi parce que l'information n'a pas circulé que je ne suis pas rentré. Un groupe de bérets rouges a demandé où j'étais. On leur a dit qu'on ne savait pas où j'étais. C'est qu'ils ne savaient pas. Ils ont réduit tout en poussière : les lits, l'armoire, les tôles de la maison... Ils ont tout cassé. Ils ont percé le plafond. Et finalement, ils sont partis’.

‘Le président Wade a mis en place un petit état-major de crise pour moi’

‘ Je cherche à me faire évacuer. Entre temps, j'apprends que le président Wade souhaite envoyer un avion pour prendre tous les leaders gravement blessés. L'ambassadeur du Sénégal me le confirme. Le Premier ministre m'en parle lui-même parce qu'il est venu me rendre visite. L'ambassadeur du Sénégal me dit que c'est elle qui allait chercher les autorisations. Elle m'a dit qu'il n'y a pas d'opposition de principe, mais qu'elle n'a pas toutes les autorisations. Moi je décide de faire une réservation sur Air France le mercredi (29 septembre). On me prend un billet. Je continue de recevoir les soins. Mercredi vers 20 h, un ami m'appelle et me dit : ‘Je crois que le Capitaine ne veut pas me laisser partir’. Avant, dans la journée, j'avais appelé le président Wade pour le remercier des bonnes dispositions qu'il avait prises. Mais je lui ai dit que j'ai fait une réservation sur Air France et que je devais être évacué à Val-de-Grâce avec l'aide de l'ambassadeur de France (à Conakry). Je lui ai dit que le médecin était venu m'examiner. Je l’ai remercié de ses bonnes dispositions. Mais à 18 h, on m'informe qu'on ne veut pas me laisser sortir. Je rappelle le président Wade et je l'informe parce qu'il m'a dit de ne pas hésiter à le solliciter et m'a remis un numéro où je pouvais l'appeler à tout moment. Je l'appelle et je lui dis : ‘Je crois que j'ai besoin de vous parce que le capitaine Dadis ne veut pas me laisser sortir. Or je suis malade et je souffre atrocement’. Il m'a dit : ‘Ne t'en fais pas, je vais l'appeler’. Il me rappellera plus tard pour m’informer qu'il l'avait appelé et que je pouvais partir. Je laisse les détails que je ne peux pas dévoiler. Au même moment, on me dit qu'il y a un déploiement inhabituel de bérets rouges. Le capitaine Toumba en personne dirigeait l'équipe et ils sont à l'aéroport. Les gens me disent qu'ils vont m’arrêter là-bas et qu'ils ne me conseillent pas d'y aller. Je commence à hésiter. Une personnalité diplomatique m'appelle et me dit de ne pas aller à l'aéroport. J'appelle le président Wade et lui dis : ‘Je crois que sur l'accord qu'il vous a donné, il n'a pas donné les instructions’. Le président Wade : ‘Non, il ne peut pas (faire ça). Il faut y aller ; il ne faut pas avoir peur’. Je lui ai dit : ‘D'accord !’. Alors j'ai remis mon passeport et mon billet au Docteur Maléga qui est là (à ses côtés) et je lui ai demandé d'aller faire pour moi les formalités puisque, c'est l'ambulance qui va m'amener de toutes les façons. Il y est allé, mais on a saisi mon passeport et on lui a dit que je ne suis pas autorisé à voyager. Alors, je rappelle le président Wade et je lui explique que maintenant, j'ai une preuve parce qu'on a saisi mon passeport pour me dire que je ne suis pas autorisé à voyager. Il y a beaucoup de détails que je vais sauter.

‘Alors, Air France devait partir. J'étais en retard. Le président Wade a appelé l'ambassadeur de France à Dakar et le représentant du secrétaire général des Nations-Unies. Il a mis en place un petit état-major de crise pour moi. Au même moment, des bérets rouges ont encerclé la clinique où j'étais.

Ils ont envoyé quelqu'un pour dire que je ne dois pas sortir de là-bas. Le médecin qui était très gêné, est venu me dire : ‘On vient de recevoir un ordre de la présidence qui dit que vous ne devez pas sortir d'ici.’ Finalement, le président Wade n'a réussi à joindre le capitaine Dadis que très tard. Ils ont discuté et se sont mis d'accord qu'il va m'envoyer son avion personnel à la première heure. Mais il a demandé au capitaine Dadis de me laisser aller dormir à l'ambassade de France parce que tous sentaient que je n'étais pas en sécurité. Finalement, il n'a pas accédé cette doléance, mais il a donné des garanties qu'on pouvait venir me chercher le lendemain matin dès que l'avion de commandement du président Wade sera à Conakry. Il avait marqué son accord sous condition que je signe un accord pour répondre à la Commission internationale d'enquête si elle veut m'entendre. J'ai dit d'accord. Mais il faut que mon dossier aille au ministère de la Justice à 1 h du matin pour que celui-ci examine si mon évacuation est justifiée.

‘Le Conseil inter religieux est allé aussi le voir. C'est ce Conseil qui est venu prendre le dossier pour l'amener au ministre de la Justice. Vers 1 h du matin, ils ont constaté que mon évacuation est justifiée et convenu qu'ils allaient m'envoyer des juges à la première heure puisque l'avion de commandement de Wade devait être à Conakry très tôt le matin. Toujours est-il que l'avion est arrivé à l’heure. Le Premier ministre lui-même est venu me chercher à la clinique avec le Conseil inter religieux. Et j'ai pu m'envoler vers Dakar vers 10 h. Dans une cabine où des médecins m'attendaient, ils ont refait les examens et ont confirmé la fracture des côtes. Une fois à Dakar, le médecin du président Wade m'a accompagné sur Air France jusqu'à Percy où on est arrivé à 6 h du matin.

‘Il faut aussi reconnaître que, pour le Quai d'Orsay, le conseiller Afrique et de l'Océan indien m'attendait à la passerelle et m'a accompagné jusqu'à Percy, à l'hôpital d'instruction des armées où j'ai reçu, pendant une semaine, les traitements appropriés. Ensuite, j'ai quitté l'hôpital pour aller à l'hôtel. Voilà mon témoignage’.(…).

Propos recueillis par Moustapha BARRY (Correspondant permanent à Paris)



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