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CONFLIT AU TCHAD : Comment la France a sauvé Déby Itno

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CONFLIT AU TCHAD : Comment la France a sauvé Déby Itno

Depuis le début des conflits au Tchad, on s’en doutait. Mais les preuves formelles de la participation directe de la France dans les combats de Ndjamena des 2, 3, 4 février 2008 sont suffisamment nombreuses pour être sûr qu'elle joue un rôle déterminant dans la protection de ses amis. Réputé pour être un fin stratège, selon certains analystes, M. Déby a-t-il une autre « dernière chance » ? En tout cas, à la lumière de ce qui se passe, la France ne veut pas perdre facilement le contrôle des vastes réserves de pétrole en grande partie inexploitées du Tchad.

Contrairement à la chansonnette du ministre de la défense français, ce n’est pas le "bon soldat Déby" qui dirige les combats. Ce sont plutôt l’Ambassadeur de France à N’djaména et le Conseiller militaire français qui sont au devant de toutes les opérations du début jusqu’à maintenant. Le Conseiller Militaire aurait élu domicile au Commissariat de Farcha (quartier), entouré des fidèles du Président Tchadien (Adoum Younousmi, Mahamat Orozi et Abass Tolli). Toutes les informations sont transmises par la France à ce Qg de circonstance, et ce Qg, à son tour, répercute aux militaires et à Déby lui-même.
L’Ambassadeur et le Conseiller qui exécutent les ordres de Paris, sont aussi connus à N’djamena pour être des zélés et obligés supporteurs de M. Deby. Selon des informations, Deby aurait fait des promesses alléchantes (dont la grâce possible des membres de l'Arche de Zoé condamnés à 8 ans de travaux forcés en France pour trafic d'enfants) à la France pour pouvoir bénéficier de ses services à tout moment. Et pour preuve, la France protège l’aéroport, protège les hélicoptères de l’armée tchadienne qui bombardent quotidiennement les rebelles. Elle a aussi établi un pont aérien entre N’djamena et Libreville par où passent les armes et minutions, fournies par Kadhafi, ainsi que des militaires que Bongo a envoyés sous couvert de la Cemac.
Plus grave, sur ordre du Conseiller militaire, les chars français ont participé directement aux combats du dimanche matin et tiré sur les rebelles tout autour du Palais présidentiel. D’après nos sources, l’ambassadeur de France au Tchad a personnellement rédigé la lettre que le Gouvernement tchadien devrait envoyer au Conseil de sécurité. Et depuis la France est en train de s’agiter au Conseil de sécurité pour avoir les mains libres afin d’intervenir militairement, avec le concours d’autres pays particulièrement de la Libye et du Gabon.

Sentiment anti-français à l’horizon ?

En choisissant Déby, au détriment des intérêts du Tchad, sur la base égoïste, privé et mafieux, les rebelles estiment que la France fait un mauvais choix. Pour qui connaît la stratégie militaire, la chute du régime de Déby est inévitable lors des combats du dimanche après-midi où les derniers éléments de la Garde Républicaine (Gr) ont été semble-t-il anéantis par la rébellion. Mais c’est grâce à la France avec son armada, son appui et les agissements de ses compagnons de circonstance (Kadhafi et Bongo), qui ont sauvé la tête M. Déby. L’insistance aveugle de la France de vouloir sauver M. Deby ne peut que perpétuer la désolation chez les tchadiens, augmenter le sentiment anti-français largement diffus et difficilement étouffable.
En clair, les jeux de Paris peuvent compromettre durablement les relations entre le Tchad et la France. En analysant de trop prés, le pays Nicolas Sarcozy est en train de rééditer au Tchad les sinistres événements de Rwanda de 1994. Les mouvements des déplacés et des réfugiés, ceux qui fuient aujourd’hui N’Djamena, ou qui vivent en plein-air à Kousseri (Cameroun), ou qui errent entre N'Djaména et Guelendeng, rappellent malheureusement ce qui s’est passé au Rwanda et dont la France était partie prenante. Si la France a décidé de sacrifier le Tchad et les Tchadiens au profit d’un seul individu dont le soutien est basé sur des relations françafricaines et néocolonialistes ou si elle a posé un acte permettant au peuple tchadien d'éviter un chaos d'une rébellion sans objectifs, seule l’histoire en jugera.

Une rébellion sans objectifs

Lors d’entretiens avec des journalistes, les porte-parole de la rébellion ont rarement fait part de leurs objectifs en dehors de leur volonté de chasser du pouvoir M. Déby. Les amis de Déby d’hier, sont devenus ses ennemis d’aujourd’hui. C’est le moins que l’on puisse dire. Et cette attitude laisse croire que ces rebelles sont effectivement des marionnettes du Président soudanais Omar El Bechir qui cherche à régler son compte personnel avec son homologue tchadien Idriss Déby Itno.
Les ailes politiques des groupes rebelles ont, sous des alliances et des dénominations sans cesse changeantes, fait de nombreuses déclarations pour tenter de surmonter leurs divergences politiques et militaires. Les responsables de la rébellion sont peu communicatifs lorsqu’il s’agit de fournir des informations sur leurs forces ou le soutien dont ils disposent, ce qui explique qu’il soit difficile d’avoir une idée précise de leur nombre; mais les colonnes de rebelles qui se sont dirigées sur N’Djamena au cours du week-end comptaient environ 2 000 hommes et 300 véhicules et jeeps militaires. M. Déby a accusé Khartoum de soutenir directement les rebelles. Des accusations fréquemment rejetées par Khartoum, qui accuse à son tour le pouvoir de N’Djamena de sympathie envers les groupes de rebelles hostiles au gouvernement soudanais.

Déby et son "va-tout"

Le président tchadien Idriss Déby a l’habitude de se battre pour sa survie. Pilote d’hélicoptère formé en France, et ancien colonel de l’armée tchadienne, M. Déby a créé son propre mouvement rebelle au Soudan en 1989, avec le soutien des autorités de Khartoum. Réputé pour être un fin stratège, selon certains analystes, M. Déby a traversé le Tchad en 1990 à la tête d’une colonne de rebelles et a pris le contrôle de ce vaste pays semi-désertique en tirant à peine un seul et unique coup de feu. M. Déby a convoqué et remporté les élections de 1996 et 2001, mais son régime a fait l’objet de nombreuses critiques au sein même de son armée.
Les conflits au sein des groupes ethniques et l’irritation suscitée par le refus du président de soutenir les mouvements rebelles opposés à ses anciens mentors de Khartoum ont favorisé l’émergence d’une dissidence, d’après certains analystes. La rébellion a pris son essor en juin 2004 lorsque M. Déby a prétendu remporter un référendum contesté lui permettant de modifier une disposition de la Constitution limitant le nombre de mandats présidentiels. En 2005, de nombreux déserteurs de l’armée sont venus renforcer un mouvement rebelle tchadien implanté au Soudan voisin et dont les effectifs à l’époque étaient estimés à 3 000 hommes.

Des enjeux des vastes réserves de pétrole et des incertitudes

Pour certains diplomates, la rébellion constitue une menace pour la paix dans la région parce qu’on ne voit pas très bien comment une rébellion divisée pourrait s’unifier et diriger un vaste pays pauvre, qui a une frontière commune avec le Cameroun, la République centrafricaine, la Libye, le Soudan et le Niger. Les vastes réserves de pétrole en grande partie inexploitées du Tchad sont une excellente raison de s’accrocher aux rênes du pouvoir. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a autorisé le déploiement au Tchad et en République centrafricaine d’une force de maintien de la paix placée sous mandat de l’Union européenne et censée protéger les populations civiles et les réfugiés. Quelque 3 700 soldats devraient être déployés dans ces pays à compter de la mi-février pour une mission d’une durée d’un an.

Chronologie des deux dernières années au Tchad

En avril 2006, les troupes rebelles avaient failli prendre le contrôle de la capitale et du pays. Un mois avant les élections présidentielles, des colonnes de combattants avaient traversé le pays en moins d’une semaine pour arriver aux portes de N’Djamena. Selon le Comité international de la Croix-Rouge, les combats qui s’étaient ensuivis dans une des banlieues de la capitale pendant une journée avaient fait quelque 200 morts, combattants et civils. L’attaque avait été échouée en partie parce que les combattants rebelles, perdus après avoir atteint le centre-ville – les rues de N’Djamena ne portent pas de nom et il n’y a pas de panneaux directionnels dans la ville, avaient pris d’assaut le bâtiment vide de l’Assemblée nationale, qui se trouve dans la banlieue, croyant qu’il s’agissait du palais présidentiel, situé au centre de la capitale. Rappelons que les 2 et 3 février 2008, troupes rebelles et soldats de l’armée tchadienne se sont affrontés dans des combats de rue à N’Djamena, la capitale. Pour les autorités du Tchad, l’offensive de la rébellion a été repoussée, mais pour les rebelles, il s’agit d’un repli tactique dans les faubourgs de la ville.


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