Après la mort d'au moins neuf personnes depuis mardi lors d’importantes manifestations, un couvre-feu a été déclaré dans trois villes du Sud irakien et des unités antiterroristes ont été déployées à l'aéroport de Bagdad.
La contestation s'est poursuivie en Irak mercredi 2 octobre. Des milliers d'Irakiens ont défilé pour le second jour consécutif. Au moins neuf personnes ont été tuées et des centaines blessées depuis mardi.
Huit manifestants et un policier ont été tués par balles mardi et mercredi à Bagdad et dans la ville de Nassiriya, dans le sud, selon des responsables qui n'ont pas précisé l'origine des tirs.
Le gouvernement a répondu aux manifestants, qui protestaient contre la corruption du pouvoir, le chômage et la déliquescence des services publics, en imposant un couvre-feu à trois villes du sud du pays : Nassiriya, Amara et Hilla.
Des unités antiterroristes ont par ailleurs été déployées à l'aéroport de Bagdad où elles ont tiré à balles réelles sur des manifestants, les empêchant de le prendre d'assaut.
Le pays a également été privé d’Internet, y compris la capitale Bagdad, a indiqué l’ONG NetBlocks, qui répertorie les coupures d'Internet. Les réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter et Instagram ne fonctionnaient plus mercredi, sauf au Kurdistan irakien qui a ses propres infrastructures Internet.
Mercredi, les forces antiémeutes déployées dans ces régions ainsi que dans la ville sainte chiite de Najaf, au sud de Bagdad, ont de nouveau tiré à balles réelles pour disperser les milliers de manifestants, selon des journalistes de l'AFP sur place.
Fermeture de la zone verte
Manifestants et policiers se faisaient principalement face aux abords de l'emblématique place Tahrir à Bagdad, point de rendez-vous traditionnel des manifestants séparé de l'ultrasensible Zone verte par le pont al-Joumhouriya bouclé par les forces de l'ordre.
Du fait de la présence des manifestants, les autorités irakiennes ont décidé mercredi de refermer la Zone verte à Bagdad, où siègent les plus hautes institutions du pays et l'ambassade américaine, a indiqué à l'AFP une source gouvernementale.
Des véhicules militaires et des membres des forces de sécurité ont été déployés devant les entrées et les routes menant à la Zone verte, a précisé cette source.
Les manifestations contre le pouvoir ne sont pas rares en Irak mais depuis l'arrivée du gouvernement d'Abdel Mahdi le 25 octobre 2018, aucun rassemblement d'apparence spontané n'avait connu une telle ampleur.
La mobilisation rassemble toutes sortes de déçus du gouvernement, des diplômés chômeurs aux détracteurs de la corruption. Aucune organisation, politique ou religieuse, ne s'est déclarée à l'origine des appels à manifester en ligne.
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