La mesure est extraordinaire alors que la pandémie de coronavirus créé la panique aux États-Unis : à partir de vendredi à minuit, les voyageurs européens se verront interdire l'entrée sur le territoire américain pour une durée de 30 jours. Une décision désapprouvée par l'Union européenne (UE) : jeudi, en milieu de journée, l'UE a critiqué une décision "unilatérale de Donald Trump.
Si l'UE appelle les États-Unis à la "coopération", le président américain n'a pas pris le temps de consulter ses partenaires européens avant de faire son annonce, le 11 mars au soir. Il espère ainsi freiner la multiplication des cas de Covid-19 dans le pays. Plus de 1 200 personnes y sont touchées et au moins 38 ont succombé au virus, selon un dernier bilan publié mercredi.
Donald Trump, qui s'adressait à la nation depuis la Maison Blanche, a indiqué, sans expliquer pourquoi, que le Royaume-Uni n'était pas concerné. Peu après son discours, le département de la Sécurité intérieure a précisé que les citoyens américains et les résidents permanents n'étaient pas concernés non plus, ni la famille très proche des citoyens.
Ce sont les étrangers ayant transité par l'un des 26 pays de l'espace Schengen durant les 14 derniers jours qui sont visés. Les marchandises, elles, ne sont pas concernées, a dû préciser Donald Trump sur Twitter après avoir insinué l'inverse lors de son discours.
Donald Trump, qui a dénoncé un "virus étranger", a assuré répondre à la menace "avec une grande rapidité et un grand professionnalisme". Il a estimé que si l'Europe était de plus en plus touchée, c'est parce qu'elle n'avait pas fermé ses portes aux voyageurs venant de Chine, pays d'où est parti le virus, contrairement aux États-Unis.Hoping to get the payroll tax cut approved by both Republicans and Democrats, and please remember, very important for all countries & businesses to know that trade will in no way be affected by the 30-day restriction on travel from Europe. The restriction stops people not goods.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) March 12, 2020
Mesures économiques
Sur le plan économique, le locataire de la Maison Blanche a également annoncé l'octroi de prêts à taux faible afin d'aider les petites entreprises ainsi que le report de la date de paiement des impôts pour les individus et les sociétés en difficulté. Il a aussi demandé au Congrès de voter une loi pour baisser les taxes salariales. Un peu plus tôt, le Sénat républicain avait bloqué un texte visant à mettre en place des congés maladie payés pour les salariés qui doivent rester chez eux.
Nancy Pelosi et Chuck Schumer, les chefs des démocrates au Congrès, ont estimé que les annonces de Donald Trump n'étaient pas suffisantes : "C'est alarmant : le président n'a pas indiqué comment l'administration allait s'attaquer au manque de kits pour la détection du coronavirus aux États-Unis". Les deux élus ont ajouté qu'ils soumettraient jeudi au vote un texte pour apporter une réponse à la crise.
Angoisse
L'inquiétude est de plus en plus palpable aux États-Unis, où les chaînes américaines tournent en boucle sur le coronavirus. Une vingtaine d'États américains ainsi que la capitale fédérale Washington ont déclaré l'état d'urgence. Les rassemblements de plus de 1 000 personnes ont été interdits dans plusieurs grandes villes.
À Seattle, dans l’État de Washington, où 24 patients sont morts du nouveau coronavirus, la limite est de 250 personnes maximum et les écoles vont fermer pendant deux semaines. Plusieurs grandes universités comme Harvard ont annoncé passer aux cours en ligne. À New York, la parade de la Saint-Patrick a été annulée. Quant aux habitants, ils commencent à faire des réserves de nourriture.
Les médias s'interrogent sur la réponse apportée par la Maison Blanche. Il y a encore une dizaine de jours, Donald Trump relativisait l'importance du virus et le comparaît à la grippe saisonnière. Depuis, les cas se sont multipliés dans un pays où des millions d'habitants ne possèdent pas d'assurance santé et rechignent donc à se faire examiner. Les Bourses se sont effondrées et les Américains paniquent pour leurs retraites. "Cela va disparaître, restez calme", disait encore le président mardi.Et pour la première fois dans mon supermarché depuis le début de la pandémie pic.twitter.com/ZGYTPPdpVR
— Inès Bel Aïba (@InesBelAiba) March 12, 2020
Tom Hanks contaminé, la NBA annule tout
Même les plus hauts personnages politiques se protègent. Le futur chef de cabinet de la Maison Blanche a été placé à l'isolement pour 14 jours, tout comme cinq élus républicains qui ont été en contact avec une personne contaminée lors du rassemblement conservateur CPAC fin février. Donald Trump, 73 ans et donc considéré comme particulièrement à risque, y avait donné un discours. Il semble désormais prendre la menace plus au sérieux puisqu'il a annulé un déplacement prévu en fin de semaine dans le Colorado et le Nevada.
La course démocrate elle aussi commence à être perturbée. Joe Biden et Bernie Sanders ont tous les deux dû annuler leur soirée électorale mardi. Leur débat, prévu dimanche soir, se tiendra sans public.
Le monde de la culture n'est pas épargné. L'acteur Tom Hanks a indiqué mercredi que sa femme et lui avaient été diagnostiqués porteurs du virus. "Nous nous sentions un peu fatigués, comme si nous avions un rhume et des courbatures (...) Pour en avoir le cœur net, comme il est recommandé actuellement, nous avons fait le test pour le coronavirus et il s'est révélé positif", a écrit l'acteur de 63 ans qui se trouve actuellement en Australie.
— Tom Hanks (@tomhanks) March 12, 2020Les sportifs non plus n'échappent pas au coronavirus. Tous les matches de la saison de NBA ont été suspendus mercredi soir. "Un joueur des Utah Jazz a préalablement été testé positif pour le Covid-19. Le match de ce (mercredi) soir à Oklahoma City a été annulé. Le joueur concerné n'était pas dans la salle", avait indiqué la NBA un peu plus tôt. La chaîne ESPN et le site The Athletic croient savoir que le joueur est un Français, Rudy Gobert.
0 Commentaires
Participer à la Discussion