Côte-d’Ivoire : la fin pour le clan Gbagbo

La situation se complique pour le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, accroché à son pouvoir, malgré les injonctions de la communauté internationale et la pression des Forces républicaines fidèles au président élu Alassane Ouattara. La situation restait confuse à Abidjan jeudi en fin de soirée. Des tirs sporadiques à l’arme lourde étaient entendus dans le quartier du plateau, siège du Palais présidentiel et dans le quartier chic de Cocody, où se trouve la résidence de Laurent Gbagbo. Le président « boulanger » s’accroche à son fauteuil avec un petit carré d’irréductibles, mais les défections se multiplient dans son camp, comme pour sonner le glas d’un bras de fer qui dure depuis plusieurs mois. En milieu de journée, le chef d’Etat-major de l’armée ivoirienne, le général Philippe Mangou, jusqu’ici loyal au camp Gbagbo, a pris la fuite pour se réfugier à l’ambassade d’Afrique du Sud à Abidjan. Courtisé par Alassane Ouattara, suspecté par le camp Gbagbo, il ne devait jusqu’ici sa survie qu’à la fidélité d’une partie de son armée, qui refuse maintenant de se battre pour sauver le pouvoir d’un homme déjà mis au ban de la communauté internationale. 

L’avancée des troupes fidèles à Ouattara, qui sont maintenant aux portes d’Abidjan, après la prise de San Pedro, principal port d’exportation du pays, scelle le destin de M. Gbagbo et le place inéluctablement en situation d’être jugé pour crimes contre l’humanité. Les Forces républicaines annoncent leur arrivée à la périphérie d’Abidjan avec à leur tête Guillaume Soro et menacent de marcher sur la capitale économique ivoirienne. Alors que le doute persiste sur le sort du président Gbagbo, introuvable, d’autres responsables de l’armée ont fait allégeance à Alassane Ouattara, qui vient de décréter un couvre-feu. Le colonel Yao Yao Jules, ancien porte-parle des Fanci, a rallié les Forces républicaines, en même temps que le général de Brigade Détoh Firmin, commandant des Forces terrestres, qui a lui aussi fait allégeance au nouveau président élu de Côte-d’Ivoire. Ses plus zélés partisans recrutent plusieurs jours des milliers de jeunes pour défendre son régime, mais Laurent Gbagbo a perdu la main et ne peut plus sauver une situation considérée comme perdue d’avance. 

Le leader des jeunes patriotes, le controversé Blé Goudé, à la tête des milices qui ont fait régner la terreur ces derniers mois dans les quartiers d’Abidjan, aurait demandé l’asile politique à l’ambassade d’Angola. Plusieurs pontes du régime ont déjà pris la fuite ou s’apprêtent à le faire. Mais quitter Abidjan s’avère de plus en plus difficile, voire dangereux. Le détachement militaire qui contrôlait l’aéroport a transféré ses pouvoirs à la mission de l’Onu en Côte d’Ivoire, Onuci. Mamadou Coulibaly, une des figures marquantes du gbagboisme, se trouve à Accra. Laurent Ggagbo a démenti la rumeur selon laquelle il se serait réfugié dans une ambassade. Mais sa bravade ne durera pas longtemps. La quasi-totalité de l’armée est maintenant passée aux mains d’Alassane Ouattara, après la police et la gendarmerie, qui ont levé le blocus de l’hôtel du Golfe, où le président sortant était reclus, sous la protection des troupes des Nations Unies. Un nouveau jour se lève sur Abidjan où le transfert du pouvoir se révèle moins chaotique que prévu. Les Forces républicaines sont sur le point de réussir le pari d’installer le nouveau président à son siège du Plateau, sans rencontrer la moindre résistance.