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Décryptage : G20 et sommet de l’Otan : les ambiguïtés du nouveau monde

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Décryptage : G20 et sommet de l’Otan : les ambiguïtés du nouveau monde
Deux sommets consécutifs, celui du G20, puis celui de l’Otan, ont donné en quelques jours un aperçu du nouveau monde dans lequel nous sommes entrés. Avec ses ambiguïtés, ses points forts et ses faiblesses. En vingt ans, après la chute du mur de Berlin, le monde est passé d’une illusion à l’autre. D’abord celle d’une communauté internationale réconciliée, qui aurait atteint comme disait le politologue américain d’origine japonaise, Francis Fukuyama, « la fin de l’histoire ». A l’époque, avec la fin de la division du monde en blocs, on a d’abord cru au grand retour des Nations unies, à la gestion collective et non conflictuelle des affaires du monde.

Cette illusion s’est d’abord fracassée dans l’impuissance collective face aux massacres dans l’ex-Yougoslavie, puis au Rwanda.

La seconde illusion a été incarnée par l’ex-président américain George Bush, et a pris son essor après le 11 septembre 2001 : c’est celle d’une seule superpuissance, les Etats-Unis. On était avec l’Amérique ou contre elle. Il y avait les forces du bien et l’axe du mal.

Cette illusion-là s’est elle aussi fracassée sur le mur du réel, d’abord avec le bain de sang en Irak, provoqué sur la base d’un énorme mensonge. Et dans le discrédit massif d’une administration qui a provoqué, sur tous les continents, un rejet massif d’une Amérique trahissant ses propres valeurs au moment même où elle voulait les imposer au reste du monde.

La crise financière et économique est venue sonner le glas de cette époque, qui restera dans l’histoire comme une monumentale et dangereuse erreur.

Arrive Barack Obama, et le retour d’une Amérique souriante et ouverte sur le monde, capable en tous cas de faire preuve d’une inhabituelle humilité, même relative. Et dans ce passage à vide de la puissance américaine, épuisée par les années Bush, s’ouvre une nouvelle ère, plus complexe, dont on vient de voir les prémisses.

Le sommet du G20, reflet du nouveau monde

Le format du G20 en est le reflet. Qu’il parait lointain le temps où il y avait un G7 qui se proposait en « directoire mondial », dans lequel ne siégeaient que les dirigeants des grands pays industrialisés, l’Amérique du nord et l’Europe occidentale pour faire court.

Le basculement du monde au cours de la dernière décennie se reflète dans la nouvelle configuration inaugurée à Londres. Les géants de ce qu’on n’ose plus appeler « le Sud », la Chine, l’Inde, le Brésil et quelques autres, se sont imposés à la table des nantis, forts de leur spectaculaire croissance économique et du rééquilibrage qui s’est produit.

C’est assurément un progrès. Pour autant, le monde est-il plus juste ? Ou cette nouvelle disposition ne fait-elle que créer un nouveau cadre dans lequel les puissants, ceux d’aujourd’hui comme ceux d’hier, défendent d’abord leurs intérêts nationaux et personnels avant de s’intéresser à ceux du plus grand nombre ? L’ambiguïté reste entière.

Car si l’urgence, à Londres, était effectivement de sortir la planète des affres de la crise financière, on a bien vu que les intérêts nationaux étaient à l’œuvre, que le sort des plus pauvres de ce monde, qui subissent eux aussi la crise de plein fouet, a été largement ignoré. Et la nature de certains des régimes représentés autour de la table n’a rien de réjouissant.

L’Otan, gendarme occidental du monde ?

Plus ambigu encore, le deuxième sommet de la semaine écoulée, celui de l’Alliance atlantique, qui célébrait son soixantième anniversaire avec un beau cadeau : le retour complet de la France dans ses structures militaires, tournant ainsi la page gaulliste.

L’Otan est l’enfant de la guerre froide, née pour assurer la défense collective du bloc occidental face à la menace soviétique. En 1989, pendant un bref moment, certains ont rêvé d’une dissolution simultanée des deux blocs. Vaclav Havel, le premier président de la Tchécoslovaquie redevenue démocratique, et pas encore divisée, avait ainsi plaidé en faveur de la dissolution de l’Otan comme du Pacte de Varsovie. Les « vainqueurs » de la guerre froide n’ont pas écouté, et la République tchèque est devenue un membre enthousiaste de l’Alliance atlantique.

Mais depuis vingt ans, l’Otan est une alliance en redéfinition. Après avoir paradoxalement gagné la guerre froide sans tirer un coup de feu, l’Alliance atlantique a commencé à s’engager dans des conflits, de plus en plus durs, de plus en plus loin. Au point d’être en première ligne, aujourd’hui, en Afghanistan, devenu la ligne de front d’un Occident qui se sent menacé.

Ressoudée grâce à Nicolas Sarkozy, dotée d’un chef charismatique et bien plus acceptable en la personne de Barack Obama, que va faire l’Otan ? Devient-elle le gendarme occidental du monde dans un monde divisé, remplaçant des Nations unies dont plus personne ne parle, sauf pour quelques résolutions que nul n’appliquera ?

Les ambiguïtés de la nouvelle gouvernance

Il y a non seulement ambiguïté, mais aussi danger dans cette situation. Les pays occidentaux, même à visage souriant avec Obama, ne peuvent prétendre assurer seuls la sécurité d’un monde plus complexe, toujours dangereux. L’escalade du conflit en Afghanistan, décidée unilatéralement par Washington avant d’être entérinée par les membres de l’Otan, a de ce point de vue valeur de test.

Le grand absent, ce sont les Nations unies, pourtant les seuls légitimes à incarner la régulation du monde. Le système onusien est à bout de souffle, marginalisé, impuissant. Faut-il pour autant l’enterrer ?

Nous n’en sommes qu’aux débuts de cette redéfinition de la gouvernance mondiale. Mais il faut bien reconnaître que, malgré le changement d’époque incarné par la victoire d’Obama, on est encore loin du compte d’un « autre » monde plus juste.

Source : Rue89



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