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En Afghanistan, depuis le retour des Talibans, la détresse des femmes

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SAJJAD HUSSAIN VIA AFP
Des femmes portant une burqa entrent dans un taxi à Kaboul le 31 juillet 2021.
(Photo by SAJJAD HUSSAIN / AFP)
Depuis que la capitale, Kaboul, est tombée, les femmes racontent comment elles s'effacent et se préparent à la terreur. Certaines cachent leur diplôme, d'autres ne peuvent déjà plus travailler.

AFGHANISTAN - "Avec beaucoup de douleur, j’ai fermé l’ordinateur qui me permettait d’aider mon peuple et ma communauté depuis quatre ans. J’ai quitté mon bureau les larmes aux yeux et j’ai dit au revoir à mes collègues. Je savais que c’était mon dernier jour au travail".

Ces mots, ce sont ceux d’une fonctionnaire de Kaboul, la capitale afghane, rapportés dans le Guardian, par sa sœur.

Alors que le pays est tombé tout entier aux mains des Talibans après une campagne de reconquête éclair, quelques voix des femmes nous parviennent. Incompréhension, sidération, colère et peur, bien sûr, d’avoir à vivre sous le joug des fondamentalistes, de voir toute liberté leur être retirée, de devenir comme vingt ans auparavant des esclaves des hommes au pouvoir.

Entre 1996 et 2001, les Talibans avaient imposé leur version ultra-rigoriste de la loi islamique, explique l’AFP. Les femmes ne pouvaient ni travailler ni étudier. Le port de la burka était obligatoire en public et elles ne pouvaient quitter leur domicile qu’accompagnées d’un "mahram", un chaperon masculin de leur famille.

Les flagellations et les exécutions, y compris les lapidations pour adultère, étaient pratiquées sur les places des villes et dans les stades. Le départ des talibans du pouvoir n’a pas pour autant amélioré la vie de toutes les Afghanes, notamment dans les régions rurales.

Une priorité, "cacher nos papiers d’identité, nos diplômes"

Cette habitante de Kaboul qui pour des raisons évidentes de sécurité témoigne au Guardian anonymement raconte aussi la panique qu’éprouvaient les étudiantes qui suivent des cours dans son université. Le 15 août, la police les a prévenues que les Talibans avaient repris la Capitale.

"Nous voulions toutes rentrer chez nous, mais nous ne pouvions pas utiliser les transports en commun. Et les chauffeurs de taxi ne nous auraient pas pris dans leur voiture pour ne pas avoir à prendre la responsabilité de transporter une femme."

Certains hommes qu’elles croisent se moquent d’elles et du sort que le réserveront les Talibans. En arrivant chez elle, avec ses sœurs, elles ont une priorité, "cacher nos papiers d’identité, nos diplômes". Progressivement, la mort dans l’âme, elles s’effacent. "J’aime me faire les ongles. Aujourd’hui, en rentrant chez moi, je suis passée devant le salon de beauté où j’avais l’habitude d’aller. La vitrine était décorée avec de belles photos de filles, il a été repeint en blanc pendant la nuit."

"Comment survivre ici ou comment s’enfuir"

Les sévices subis par les femmes quand les Talibans étaient au pouvoir ont été racontés aux plus jeunes, d’autres s’en souviennent, pour les avoir vécus. La professeure agrégée à la Faculté de droit de l’Université de McGill à Montréal, Vrinda Narain, rappelle dans une tribune, qu’au début du mois de juillet 2021, les chefs Talibans ont transmis des ordres aux autorités religieuses des provinces afghanes qu’ils avaient acquises pour qu’ils leur transmettent une liste des filles de plus de 15 ans et des veuves de moins de 45 ans pour les marier à des combattants Talibans.

Auprès de l’agence de presse AP, une autre étudiante témoigne. Aisha Khurram aussi était à l’université de Kaboul quand les Talibans ont repris la capitale. À peine arrivée, elle a dû rebrousser chemin et rentrer chez elle. Aisha espérait aider son pays après avoir été diplômée en relations internationales.

L’étudiante de 22 ans aurait dû terminer ses études dans deux mois. C’est désormais le désespoir qui transparaît dans ses mots. "Les combats que l’on a menés pour nos droits, les choses que nous avons défendues pendant le processus de paix, sont relégués au second plan. La seule chose à laquelle les gens pensent, c’est comment survivre ici ou comment s’enfuir."

"Me cacher et rester chez moi", le nouveau quotidien

Gayle Tzemach Lemmon, pendant des années, a écrit sur l’émancipation des femmes afghanes. Pour le Washington Post, elle rapporte certains des messages qu’elle a reçus de femmes afghanes depuis quelques jours.

On retrouve pêle-mêle, une activiste qui a reçu un appel du gouvernement pour la prévenir qu’elle faisait partie des cibles des Talibans et qui a dû fuir avec toute sa famille. Une vingtenaire à Kaboul qui lui demande si elle et sa sœur peuvent venir émigrer aux États-Unis, car elles craignent pour leur vie. Ou encore une lycéenne qui a passé la frontière et a dû laisser ses parents derrière elle.

À l’agence AP, Zahra, 26 ans se confie aussi. Elle vit dans la troisième plus grande ville du pays, Herat. Sous le choc, cette salariée d’une association qui vient en aide aux femmes se demande: "Comment est-il possible pour moi en tant que femme qui a travaillé si dur et qui a essayé d’apprendre et d’avancer, d’avoir maintenant à me cacher et à rester chez moi." Zahra ne va plus au travail depuis un mois, elle télétravaillait jusqu’à présent, mais depuis jeudi 12 août, même cette possibilité lui a été retirée.

Est-ce que ces femmes vivront le même calvaire que leurs aînées vingt ans auparavant? Comme le rappelle l’AFP, les Talibans ont affirmé à plusieurs reprises qu’ils respecteraient les droits humains si ils revenaient au pouvoir en Afghanistan, en particulier ceux des femmes, mais en accord avec les "valeurs islamiques".

Un timide espoir demeure. Marianne O’Grady, la directrice adjointe de l’ONG Care International en Afghanistan pense que les avancées des droits des femmes des deux dernières décades seront difficiles à effacer, même si les Talibans sont de retour. "Vous ne pouvez pas déséduquer des millions de personnes", espère-t-elle auprès d’AP. Si les femmes "sont de retour derrière les murs et dans l’incapacité de sortir, au moins pourront-elles éduquer leurs cousins, leurs voisins et leurs propres enfants, c’était impossible il y a encore 25 ans".


2 Commentaires

  1. Auteur

    Abc

    En Août, 2021 (16:38 PM)
    Ce sont ceux là qui pratiquent la vraie islam différent du sénégal, l'islam tue décapite viol. Désolé mais c'est ça
  2. Auteur

    Blabla

    En Août, 2021 (23:50 PM)
    c'est beau quand le patriarcat défend les femmes qu"il opprime !!!! J'espère que toutes ces femmes couperont les coui**es de leurs pères, maris et frères incapables de la moindre résistance. Jamais un bourricot ne fera un cheval de course...
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