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En Birmanie, les déplacés creusent leurs bunkers

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En Birmanie, les déplacés creusent leurs bunkers
Dans un camp de fortune en Birmanie pour les personnes déplacées par les combats entre l'armée et les rebelles, deux jeunes hommes travaillent la terre rouge avec une houe et une machette pour construire un bunker.

L'État de Kayah (Est), frontalier de la Thaïlande, est le théâtre d'affrontements réguliers depuis le coup d'État militaire du 1er février 2021 qui a poussé des dizaines de groupes de défense à prendre les armes contre la junte au pouvoir.

Anéantir la résistance

«Nous entendons le bruit des armes lourdes tous les jours et nous nous demandons si les obus vont exploser près de chez nous», confie à l'AFP Ar Mu qui vit depuis des mois dans un campement de bric et de broc près de Demoso. Elle est l'une des 200 habitants de ce camp temporaire où des bâches ont été fixées aux arbres pour offrir de l'ombre à ceux qui ont dû fuir leur village en raison des violences.

Deux ans après le putsch, l'armée a admis en février qu'un tiers de la Birmanie échappait toujours à son contrôle total. Dans ces territoires en proie au conflit civil, la junte s'appuie sur des tirs d'artillerie et sa force aérienne pour anéantir la résistance qui s'est organisée au sol.

Un rapport des Nations unies a dénoncé début mars la violence des militaires qui se sont lancés dans «une politique de la terre brûlée», selon le Haut-Commissaire aux droits de l'homme Volker Türk. Près de 3000 personnes ont été tuées depuis le coup d'État. L'État de Kayah compte plus de 90.000 déplacés, d'après l'agence onusienne en charge des réfugiés (HCR).

«Punition collective»

Les bunkers qui parsèment le camp près de Demoso sont de petites chambres creusées dans le sol, dont le toit -des troncs d'arbres sommairement assemblés- est renforcé par plusieurs sacs de sable. Dans l'un d'eux, des enfants jouent à un jeu de société.

L'alarme peut retentir à n'importe quel moment, indique Ar Mu. «Parfois, pendant que nous déjeunons, nous entendons des coups de feu, et nous allons directement dans nos bunkers», décrit-elle. «C'est le pire pour des personnes âgées comme moi. Nous ne pouvons pas nous déplacer rapidement.»

Les barrages d'artillerie et les frappes aériennes de l'armée agissent comme «une punition collective» envers les civils opposés au coup d'État, a dénoncé l'an dernier un rapport d'Amnesty International. «Tout le monde veut rentrer à la maison, mais nous ne le pouvons pas dans cette situation», explique Khu Oo Reh, arrivé récemment dans le camp. «J'ai dit à ma famille que nous rentrerons à la maison un jour.»

Face aux violences qui laissent planer une menace quotidienne, les familles vivant dans le camp s'en remettent au destin. «Si un obus tombe sur notre bunker, alors on sera blessé ou on mourra», lance Ar Mu. «Si nous avons de la chance, nous serons en sécurité.»


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