En France, deux femmes jugées pour port du voile intégral

Deux femmes ont été jugées ce jeudi 16 juin 2011 devant le tribunal d'instance de Meaux en Seine-et-Marne. Elles avaient été verbalisées le 5 mai dernier devant la mairie de la ville en vertu de la loi sur le port du voile intégral. Le ministère public a requis une amende de 150 euros et un stage de citoyenneté pour chacune d'entre elles, tandis que leur avocat, Gilles Devers, a plaidé la relaxe. Le tribunal rendra sa décision le 22 septembre prochain.

Seule une des deux femmes verbalisées, Hind Ahmas, était présente à Meaux. Mais elle n’a pas pu entrer dans le tribunal, faute d'avoir enlevé le voile qui lui masquait le visage. « En plus de nous interdire de nous habiller comme on veut, on m’interdit donc le droit de m’exprimer », s’est plainte Hind Ahmas. « On ne vous interdit pas de vous exprimer, mais on vous demande d’entrer dans le tribunal le visage découvert », lui a-t-on répondu.

L'avocat Gilles Devers a reconnu que ses clientes avaient violé la loi du 11 octobre 2010. Mais d'après lui, cette loi viole elle-même les droits fondamentaux protégés par la Cour européenne des droits de l'homme : « Cette loi est condamnée d’avance car elle viole les bases du droit européen. On demande la protection de ce droit contre un Parlement qui oublie les bases du droit ». A la sortie de l'audience, Hind Ahmas affichait sa détermination et sa déception de ne pas avoir été encore condamnée. « Je ne cache pas que je suis déçue dans le sens où j’aurais aimé être condamnée et recevoir cette amende de 250 euros pour saisir la Cour européenne des droits de l’homme. Ce n’est que partie remise », a-t-elle annoncé, revancharde.

Une quarantaine de personnes, dont une dizaine de femmes entièrement voilées, étaient venues soutenir Hind Ahmas et Najet Ait Ali. Durant ce petit rassemblement, huit infractions pour port du voile intégral sur la voie publique ont été relevées devant le tribunal. Ces femmes vont recevoir prochainement une convocation au commissariat de Meaux.