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En visite au Gabon : Le discours de Sarkozy fait grincer des dents

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En visite au Gabon : Le discours de Sarkozy fait grincer des dents

Les déclarations du président français Nicolas Sarkozy, pendant son séjour éclair le 27 juillet à Libreville, sur la ‘bonne gestion’ de la forêt gabonaise ainsi que son intention de pérenniser les liens d’amitié forts et séculaires entre Libreville et Paris ont suscité des grincements de dents chez de nombreux Gabonais. Ils ne demandent pas un changement brutal de régime politique, mais plaident plutôt pour une révision générale des accords qui lient le Gabon à l’ex-puissance coloniale afin de parvenir à la ‘rupture’ dont Sarkozy se fait le chantre.

‘Sarkozy a fait des déclarations spectacle, hâtives et très loin de la réalité’, s’indigne Marc Ona, président de l’Ong environnementale Brainforest. Marc Ona soutient que le Gabon n’est pas un modèle de préservation de la forêt, vanté par le numéro un français. Pour preuve, la forêt de la Mondah (10 000 ha) où il a été conduit par hélicoptère, est menacée de disparition. ‘Il y a un projet de construction d’un aéroport au milieu de cette forêt et un chemin de fer pour évacuer les minerais de fer’, rappelle-t-il en faisant remarquer que cette forêt, classée depuis 1951, sert pourtant de terrain d'expérimentation et de formation pour l'Ecole nationale des eaux et forêts.

Le cas de la forêt de la Mondah n’est qu’un exemple sur la pression exercée sur la forêt qui couvre plus de 80 % des 268 000 km du territoire. ‘Des permis de recherche de pétrole, de l’or et de construction des barrages hydroélectriques dans certains des fameux 13 parcs nationaux sont accordés aux Chinois et autres opérateurs peu soucieux de l’environnement’, regrette le président de Brainforest, convaincu que les rapports sur la gestion des forêts sont truffés de mensonges à cause de la corruption dans ce secteur. ‘Les représentants des ONG internationales cachent aussi la vérité pour préserver leur emploi’, soutient-il.

‘Hors des 13 parcs nationaux couvrant 10 % du territoire, la menace est encore plus grave’, ajoute-il. Libreville a produit 1 515 000 m3 de grumes en 2004 contre 1 586 000 en 2005 et 1 603 000 en 2006. ‘A ce rythme effréné des coupes de la forêt primaire, nous risquons de nous retrouver très rapidement dans la situation de la Côte d’Ivoire où il ne reste plus que 20 % de forêt sur 80 % avant les indépendances’, avertit-il. Pour lui, les 50 millions d’euros, annoncés par M. Sarkozy en faveur de la préservation de la forêt, doivent être versés dans des projets d’aménagement afin de promouvoir la politique de développement durable qui a du mal à prendre corps dans le pays. D’autres bailleurs de fonds doivent suivre l’exemple de Paris avant que ne disparaisse cette forêt, partie intégrante du bassin du Congo, deuxième massif forestier de la planète après la forêt amazonienne, suggère-t-il.

La coalition ‘Publiez ce que vous payez (Pcqvp)’, dont certains membres de l’antenne gabonaise ont été reçus à Libreville, sur ordre de Sarkozy, par la Secrétaire d’Etat aux droits de l’homme, Mme Rama Yade, presse la France de réviser les accords ‘secrets’ conclus avec le Gabon en 1960. Pour Nicaise Moulombi, membre de cette coalition, Paris doit rendre transparents les accords sur le pétrole, les mines et la défense. ‘Il faut revisiter ces accords conclus à une époque où les relations du colonisateur à colonisé étaient encore très fortes’, souligne M. Moulombi également président de l’Ong environnementale Croissance saine environnement.

‘La désastreuse situation économique du Gabon est le fait d’une coopération économique viciée par la France’, soutient pour sa part le président de Sos consommateurs, Christian-Richard Abiaghe Ngomo. Pays pétrolier, riche en minerai et en bois, le Gabon n’est classé en 2006 qu’au 124e rang mondial par le Pnud dans son rapport sur l’indice de développement humain (Idh). ‘Cette mauvaise situation doit interpeller la France qui nous a toujours assuré une assistance technique massive’, a martelé le président de Sos consommateurs, très critique contre le discours de Sarkozy à Libreville. ‘Nous attendons une refonte en profondeur des termes de notre coopération et non des discours flagorneurs’, répète-t-il.

Contrairement aux Ong, les partis politiques sont demeurés moins incisifs. Le président de l’Union gabonaise pour la démocratie et le développement (Ugdd), Zacharie Myboto, qui a affirmé avoir demandé en vain une rencontre avec le président Sarkozy, s’est abstenu de tout commentaire. ‘Je ne dirai pas à un journaliste ce que je souhaitais dire au président français’, s’est excusé l’ex-baron du parti au pouvoir. Il a tout de même pris part au dîner de gala organisé au palais présidentiel en l’honneur du président français. L’ancien opposant radical, Pierre Mamboundou de l’Union du peuple gabonais (Upg) y a également participé.

Le gouvernement s’est pour sa part montré particulièrement élogieux à l’issue de cette visite. ‘Cette visite augure des lendemains prometteurs entre la France et le Gabon qui entretiennent des relations étroites, exemplaires et exceptionnelles’, a vanté le porte-parole du gouvernement, René Ndemezo’ Obiang dans un entretien exclusif à Rfi. ‘C’est une visite extrêmement importante qui honore le Gabon et son président’, martèle-t-il. Ndemezo’ Obiang a cependant regretté ce qu’il a appelé ‘l’acharnement’ de la presse française contre le président Bongo. Le numéro un gabonais est poursuivi en France pour ‘recel de détournement de biens publics’, suite à une plainte déposée à Paris par l'Association Sherpa, Survie et la Fédération des Congolais de la diaspora. Ces associations accusent le président Bongo et son homologue congolais Denis Sassou Nguesso de posséder en France des biens immobiliers de luxe financés par de l'argent public détourné. ‘N’est-il pas normal pour le président Bongo, au pouvoir depuis près de 40 ans, d’avoir une épargne lui permettant de disposer de quelques biens immobiliers et mobiliers en France ?’ s’est-il interrogé. Le ministre soupçonne les médias français, particulièrement Rfi, de ‘racisme’ puisque d’éminentes personnalités à travers le monde possèdent également des biens immobiliers de luxe au cœur de Paris, mais ne font pas l’objet d’un lynchage médiatique. ‘C’est peut-être parce que les présidents Bongo et Sassou sont noirs’, conclut-il.

 



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