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FIN DE MANDAT POUR KOFI ANNAN : Un brillant diplomate quitte l’Onu

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FIN DE MANDAT POUR KOFI ANNAN : Un brillant diplomate quitte l’Onu

L’invite du Secrétaire Général Kofi Annan à créer "un nouveau conseil en lieu et place de l’actuelle Commission des droits de l’homme, dont l’aptitude à remplir sa mission a été sapée par une crédibilité et un professionnalisme en déclinª, avait jeté l’opprobre sur certains pays peu respectueux de la défense des droits de l’homme et des libertés individuelles .Sur d’autres questions sensibles comme les réformes de l’ONU, le Terrorisme, sa démarche de rupture a réveillé bien des antagonismes au sein d l’hémicycle du Palais de verre. Ajoutez y les conflits qui émaillent la stabilité de certains régions du globe comme la Palestine , IsraÈl ou la Tchetchénie , l’Irak la lutte contre la pauvreté contre les grandes endémies, le Soudan, et vous vous ferez une idée exacte du combat titanesque mené par ce baroudeur en dépit de ses allures de "gentlman diplomatique. En dix ans Kofi Annan a marqué de son empreinte l’organisation des Nations Unies. S’il n’a pas tout réussi il aura eu le mérite de soulever bien des questions cruciales pour le devenir de l’organisation mondiale souvent taxée de "moulin à paroles". Son successeur le sud coreen trouvera sur sa table ce mitigé qu’il a la responsabilité historique d’enrichir. Retour sur une décennie de pouvoir onusien.

Un acteur de paix et de progrès

Kofi Annan, septième Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, est le premier à venir de l’Afrique, mais aussi à sortir des rangs du personnel. Fin connaisseur de la maison pour y avoir fait ses armes et gravi presque tous les échelons, il a réussi avec brio son premier mandat de 1996 à 2001 et sur recommandation du Conseil de sécurité, l’Assemblée générale l’a réélu par acclamation pour un second mandat qui se termine 31 décembre 2006.

Ces deux mandats durant, il s’est fixé comme objectifs prioritaires, des réformes pour revitaliser l’Organisation des Nations unies, un renforcement des actions de l’institution dans les domaines du développement et du maintien de la paix et de la sécurité internationales et la défense les droits de l’Homme. Il s’est aussi évertué à propager le respect de la légalité et des valeurs universelles d’égalité, de tolérance et de dignité humaine, conformément la Charte des Nations unies et surtout amener les peuples à s’identifier à ses idéaux.

Qui eût pu, mieux que lui, mettre en œuvre ces vastes chantiers car comme prédestiné, il a connu les Etats-unis et les arcanes de l’Onu assez tôt.

Né à Kumasi au Ghana le 8 avril 1938, il a étudié à l’Université scientifique et technologique de Kumasi avant d’achever en 1961 sa licence d’économie au Macalester College, à St. Paul dans le Minnesota aux États-unis. Dès l’année suivante, il entre dans le système des Nations Unies comme fonctionnaire d’administration et du budget auprès de l’Organisation mondiale de la santé à Genève. Il en profite pour faire des études de troisième cycle en économie à l’Institut universitaire des hautes études internationales à Genève.

En 1971 et 1972, en qualité de Sloan Fellow au Massachusetts Institute of Technology, il obtient son diplôme de maîtrise en sciences de gestion. Il a été en poste à la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, à Addis-Abeba, à la Force d’urgence des Nations unies (Funu II) à Ismaïlia et au Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés à Genève. Il a aussi été au siège des Nations unies à New York, comme sous-Secrétaire général à la gestion des ressources humaines et Coordonnateur des Nations unies pour les questions de sécurité (1987-1990) puis comme sous-Secrétaire général à la planification des programmes, au budget et à la comptabilité, puis Contrôleur (1990-1992).

L’une des premières initiatives du premier Africain Secrétaire général a été son plan de réformes intitulé « Rénover les Nations unies », qui a été présenté aux États membres en juillet 1997 et a depuis mis l’accent sur l’amélioration de la cohérence et de la coordination de l’action de l’Onu.

La promotion de la femme, une de ses préoccupations majeures

Il s’est beaucoup soucié du devenir du continent africain et son rapport sur « les causes des conflits et la promotion de la paix et d’un développement durables en Afrique » au Conseil de sécurité en 1998 compte parmi plusieurs tentatives pour maintenir l’engagement de la communauté internationale en faveur de l’Afrique, le plus pauvre des continents.

Missionnaire infatigable pour la paix, il a œuvré, pour aider à promouvoir la transition à un pouvoir civil au Nigeria en 1998, trouvé un accord pour sortir de l’impasse de l’attentat de Lockerbie entre la Libye et le Conseil de sécurité. Il a aussi œuvré pour obtenir de l’Iraq qu’il respecte les résolutions du Conseil de sécurité, tenté une action diplomatique en 1999 pour amener la communauté internationale à réagir face à la violence au Timor oriental. Il a aussi été un acteur clé du processus de paix au Proche-Orient lors du déclenchement de l’Intifada II, pour encourager les Israéliens et les Palestiniens à régler leurs différends par des négociations pacifiques, s’inspirant des Résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité et du principe « la terre contre la paix ».

Pour mieux rapprocher les peuples des Nations unies et de ses idéaux, il a noué des alliances plus étroites avec la Société civile, le secteur privé et d’autres acteurs non-étatiques, dont les atouts complètent ceux des Nations unies. Il a dans ce cadre lancé « le pacte mondial » en direction des dirigeants des grandes entreprises mondiales et des organisations du monde du travail et de la Société civile pour faire en sorte que les peuples du monde aient leur part des avantages de la mondialisation et pour s’assurer que le marché mondial respecte bien les valeurs et pratiques d’importance fondamentale pour la satisfaction des besoins socioéconomiques des peuples. La promotion de la femme y compris au Secrétariat a été une de ses préoccupations majeures.

En avril 2000, il a publié un rapport sur le millénaire intitulé « Nous les peuples : le rôle des Nations unies au XXIe siècle », dans lequel il invite les États membres à s’engager en faveur d’un plan d’action pour l’élimination de la pauvreté et de l’inégalité, l’amélioration de l’éducation, la réduction du Vih-Sida, la préservation de l’environnement et la protection des peuples contre les conflits et la violence. Rapport qui a inspiré la Déclaration du millénaire adoptée par les chefs d’État et de gouvernement au Sommet du millénaire de septembre 2000 au siège de l’Organisation des Nations unies.

En avril 2001, Il lance un « appel à l’action » en cinq points, pour venir à bout de l’épidémie d’infection par le Vih-Sida - décrit comme une priorité personnelle - et a proposé la création d’un fonds mondial Sida et Santé, par lequel transiterait une partie des ressources nécessaires pour aider les pays en développement à surmonter la crise.

Ses actions inlassables pour la paix, la sécurité, le progrès et l’épanouissement de l’humanité ont été couronnés le 10 décembre 2001 par l’octroi du Prix Nobel de la Paix. Hommage lui a été rendu par le Comité Nobel qui a noté que Kofi Annan avait joué un rôle déterminant pour ce qui est d’insuffler une nouvelle vie à l’organisation. Le décernant également à cette dernière, il a dit que son intention était de proclamer que le seul chemin praticable vers la paix et la coopération mondiales passait par l’Onu.

ALASSANE DIAWARA (AVEC AFP ET SITE DES NATIONS UNIES)

L’ONU CHANGE DE PATRON

Ban Ki-moon, 8ème Secrétaire général

M. Ban Ki-moon, huitième Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, est Sud-coréen. En 37 ans de carrière, il a rendu d’éminents services au gouvernement de son pays et sur la scène internationale.

Au moment de son élection au poste de Secrétaire général de l’Onu, M. Ban était ministre des Affaires étrangères et du Commerce de Corée du Sud. Au cours de sa longue carrière au ministère coréen des Affaires étrangères, qui l’a emmené à New Delhi, Washington et Vienne, il a occupé des postes de plus en plus prestigieux - conseiller du Président en matière de politique étrangère, conseiller principal du Président en matière de sécurité nationale, vice-ministre chargé de la Planification de la politique, directeur général aux Affaires américaines. Il a toujours défendu la vision d’une péninsule coréenne pacifique, assumant un rôle de plus en plus important en faveur de la paix et de la prospérité dans la région et dans le monde

M. Ban à commencé à travailler avec l’Organisation des Nations unies depuis 1975, lorsqu’il était fonctionnaire à la Division des Nations unies du ministère. Ses liens avec l’Onu se sont resserrés au fil des années, quand il a été nommé Premier secrétaire de la Mission permanente de la République de Corée auprès de l’Organisation des Nations unies à New York, puis directeur de la Division des Nations unies au ministère à Séoul et enfin ambassadeur à Vienne, ce qui l’a amené à présider la Commission préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires en 1999.

En 2001-2002, en tant que chef de Cabinet du Président de l’Assemblée générale, il a facilité l’adoption rapide de la première résolution de la session, qui condamnait les attentats terroristes du 11 septembre et a pris un certain nombre d’initiatives visant à améliorer le fonctionnement de l’Assemblée, si bien qu’une session ouverte dans la crise et la confusion a finalement été marquée par l’adoption d’un certain nombre de réformes importantes.

M. Ban s’est beaucoup investi dans les questions ayant trait aux relations inter-coréennes.

M. Ban est né le 13 juin 1944. Il est marié à Mme Yoo (Ban) Soon-tael avec qui il a eu un fils et deux filles. Outre le coréen, M. Ban parle anglais et français.

Le général Babacar Gaye à la tête de la Monuc

Kofi Annan a nommé, le général Babacar Gaye, commandant des forces de la Mission de l’Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo (Monuc), le 4 avril 2005. Il est le deuxième Sénégalais à la tête de cette mission après le général Mountaga Diallo, ancien Inspecteur général des Forces armées sénégalaises et actuel ambassadeur du Sénégal à Moscou.

Le général de corps d’Armée Babacar Gaye, qui la dirige est né le 31 janvier 1951 à Saint-Louis. Il prépare après son baccalauréat en 1968 le concours de Saint-Cyr au Lycée Dumont d’Urville de Toulon et intègre en 1970 l’École spéciale militaire de Saint-Cyr. Il y appartient à la promotion "N°157 1970-1972 Général de Gaulle ". Devenu officier de la Cavalerie, il en commande une Unité élémentaire à Tambacounda de 1980 à 1981, puis un Bataillon à Thiès à deux reprises de 1984 à 1986 et de 1991 à 1993 à son retour de la Guerre du Golfe. Il est enfin le premier commandant de la Zone militaire de Kolda .

Diplômé de l’École d’état-major de Compiègne et breveté de l’École supérieure de guerre française (100e promotion), il a servi tour à tour comme chef de Division (1988-1990), directeur de l’Information et des relations publiques des armées (1993-1994) et enfin directeur de la Documentation et de la Sécurité extérieure (1994-1997).

Le général Gaye a participé à plusieurs opérations à l’extérieur, notamment dans le cadre des Nations unies : Funu/Sinaï 1974-1975, Finul/Liban 1980-1981, « Tempête du désert » 1990-1991.

IRAK, RDC, PALESTINE, DARFOUR, LIBAN : Kofi Annan le baroudeur international

Le Ghanéen patron de l’Onu aura lutté de toutes ses forces pour « reformer » ce « machin » qu’est l’Onu, la rendre "efficace et respectée" par ce que "débarrassée de ses « usines à papiers », de ses "moulins à parole" et autres "surplus de fonctionnaires". En vain. Signe des temps, c’est sur une nouvelle polémique autour de l’idée d’une "Conférence internationale sur l’Irak" que ce gentleman aux cheveux poivre sel tire les rideaux d’une décennie de mandats à la tête de l’Onu. Il aura marqué l’organisation par son empreinte. Un véritable baroudeur s’en va.

Alors qu’il aborde les dernières semaines de son mandat d’une décennie arrivant à terme avec la fin de l’année, Kofi Annan, septième Secrétaire général de l’Onu, est au centre d’une polémique confirmant ses désaccords récurrents avec l’administration de Washington.

Sur un dossier aussi sensible que l’Irak, au bord de la guerre civile où quatre années de guerre n’ont conduit, en dépit des tueries sans fin, qu’à une violence confessionnelle grosse de tous les dangers pour l’Irak et pour la sous-région, son idée d’une conférence internationale à laquelle prendraient part la Syrie et l’Iran n’a pas eu l’heur de plaire ni aux faucons de la Maison-Blanche ni aux autorités étatiques irakiennes. Celles-ci , par le truchement de leur Premier ministre Nouri Al Maliki, caressent plutôt le rêve d’organiser en lieu et place une "conférence de réconciliation".

Pour sa part le chef de la coalition chiite trouve même « inacceptable » pour le peuple irakien que ces questions soient débattues dans les conférences internationales .

Il n’empêche, aux yeux de tous les esprits lucides, un véritable changement de cap en Irak est à venir et est même devenu de plus en plus inévitable.

Se faisant l’écho de cette préoccupation comme le dicte le poids de la charge internationale qu’il assume, Kofi Annan n’a pas mis des gants pour souligner, avec courage, que "la perspective d’une guerre civile tous azimuts et même d’un conflit régional est devenue beaucoup plus réelle". Par conséquent, souligne-t-il encore, " le défi à relever ne consiste pas seulement à endiguer et à désamorcer la violence actuelle mais aussi à prévenir une escalade".

L’opinion américaine en envoyant les Démocrates au Congrès est en phase avec le patron de l’Onu car elle mesure le lourd tribut payé pour cette sale et interminable guerre livrée sur des bases fausses au nom de la démocratie et pour contrer les armes de destruction massive, pour redessiner la carte proche-orientale et autres préoccupations géostratégiques vaines et inavouables.

Au finish, la guerre en Irak a déjà coûté en quatre ans la vie à quelque 2.900 Gis. Ce qui a révolté cette opinion américaine qui par un vote-sanction a envoyé une majorité démocrate au Congrès et renvoyé à leurs études les neoconservateurs comme Donald Rumsfeld vite remplacé à son poste par un tenant d’une ligne plus modérée, en la personne de Bob Gates.

Notons, pour l’histoire, que ce dernier, en 2004, a co-rédigé pour un cercle de réflexion un rapport plaidant pour des pourparlers directs avec l’Iran, même s’il a fait l’aveu lors d’une récente audition récente au Sénat de n’être plus favorable à des pourparlers depuis l’avènement du président Ahmadinejad. La nouvelle embellie créée par les recommandations du rapport de la commission Barker Hamilton donne en tout cas force aux idées développées par le Secrétaire général sortant de l’Onu, qui sera remplacé en début d’année par le Sud-coréen Ban Ki-moon .

La solution diplomatique

Le locataire du 38eme étatge du palais de verre de Manhatan, en bon dialecticien, dira : "je ne crois pas qu’il n’y a qu’une seule solution à un problème et je pense que l’idée que le président ait demandé au rapport de réfléchir à d’autres options et qu’il ait indiqué qu’il allait les étudier est très positif". On peut aisément comprendre que sur une question aussi importante que le Proche-Orient, Bush joue la carte du pragmatisme incarné lors du mandat de Bush-père par le même James Baker auquel il a aujourd’hui recours pour le tirer d’embarras .

On avait assisté, on s’en souvient, à un engagement sans précèdent de l’administration américaine pour trouver solution à l’épineux problème palestinien (territoires occupés par Israël) comme le laissait entrevoir l’impulsion donnée par la conférence de Madrid de 1991 suivie de celle d’Oslo sous l’ère de Bill Clinton.

Sur ces dossiers chauds visant à protéger les droits de l’Homme, le successeur de Kofi Annan sera attendu. Son prédécesseur, reconnaissons-le, s’est souvent montré intraitable chaque fois que ces droits inaliénables ont fait l’objet de violations flagrantes quelque part dans le monde.

Sur des dossiers comme la Palestine, le Liban, le 7ème Secrétaire général de l’Onu a toujours privilégié la solution diplomatique en lieu et place de l’option militaire. L’histoire récente lui a parfaitement donné raison. En effet, pour citer le cas le plus patent, le Liban, le pouvoir israélien y a vécu un échec assimilable à celle enregistrée lors de la guerre du Kippour de 1973, une déroute qui le décrédibilise aux yeux de l’opinion internationale, témoin du fait qu’aucun des objectifs poursuivis par Tashal n’a été atteint au Liban.

Ni la libération des soldats prétexte à l’envahissement, ni le désarmement de la milice chiite et encore moins la neutralisation de Hassan Nasralah devenu même un des héros de cette guerre, où le tout aérien israélien, pour parler comme les stratèges, s’est soldé par un échec cuisant de Tashal.

Condamnant les bombes s’abattant sur le village de Cana, Kofi Annan en a appelé à un cessez-le-feu immédiat malheureusement non suivi d’effet et a même mis en branle un plan stipulant l’arrêt immédiat des hostilités et la libération des deux soldats israéliens capturés."Je suis profondément consterné de constater que mes appels précédents pour une cessation immédiate des hostilités n’ont pas été suivis », finira-t-il par avouer.

Du point de vue du Secrétaire général de l’Onu : "L’instabilité qui prévaut au Proche-Orient est le plus grand défi régional à la paix et à la sécurité internationale et il doit être affronté de manière plus globale" .

Il a estimé enfin que la Feuille de route "demeure le point de référence". Cette feuille de route initiée comme solution en 2003 par le quartette sur le Proche-Orient (Etats-unis, Union européenne, Russie et Onu).

Elle prévoyait la création d’un Etat palestinien indépendant en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Pour l’instant, elle est restée lettre morte.

Ailleurs, comme sur le continent africain, Kofi Annan en est arrivé hélas à faire un aveu sur un ton pathétique de "l’échec de l’organisation pour protéger par exemple les droits de l’Homme au Darfour.

"L’inaction de la communauté internationale a conduit à la mort de quelque 200.000 personnes et le déplacement de deux millions et demi d’habitants. Soixante ans après la libération des camps de la mort nazis, trente ans après le Cambodge, la promesse du "jamais plus" sonne creux", a-t-il fini par avouer...

CONGO :APPEL A L’OPPOSITION

Le bilan du patron de l’Onu n’a pas été malgré tout, tout à fait négatif sur le continent africain. Bien au contraire. Que ce soit en Côte d’Ivoire, à Madagascar, au Soudan, la voix de l’Onu a résonné fort, même si, hélas, elle n’a toujours pas empêché l’irréparable de se produire. Dernier exemple sur le tableau de bord du "conducteur onusien" : la Rdc. Elle vient de vivre, grâce à l’appui de l’organisation internationale, ses premières élections démocratiques depuis quarante ans. Ce n’est pas peu. Pour un pays sorti fraîchement de cinq ans de guerre précédés d’une dictature dont il porte encore les séquelles.

Autant de raisons qui fondent et donnent force aux argument de Kofi Annan : "Ces élections constituent un moment historique pour ce pays, en ce qu’elles marquent la fin officielle du processus de transition envisagé dans l’accord global et inclusif" signé en 2002 en Afrique du Sud et qui instaurait, de fait, la transition en Rdc, après cinq ans de guerre régionale ayant fait plusieurs morts.

Le Secrétaire général sortant en appelle du reste au futur gouvernement pour qu’il établisse le contact avec l’opposition. Une manière de préserver ces acquis précieux et obtenus de haute lutte.

Un Prix Nobel et quelques petites misères ...

PAR EL BACHIR SOW

Les adversaires de Kofi Annan ont voulu profiter de l’affaire du programme « pétrole contre nourriture » en Irak pour l’affaiblir et, probablement, le pousser à renoncer à réformer l’Onu. Grandeurs et servitudes d’un Africain au service de la communauté internationale.

Kofi Annan, l’enfant de Kumasi, au Ghana, quitte le siège de l’Onu à la fin de ce mois après 10 ans de bons et loyaux services. Son long mandat à la tête de l’organisation onusienne est d’abord la reconnaissance de la qualité d’un homme qui, bien formé en Afrique et en Occident, a, très tôt, intégré le système des Nations unies.

C’est un homme du système. Kofi Annan y a fait un parcours remarquable avant d’occuper le fauteuil de Secrétaire général. Il est le premier Africain à diriger l’Onu. Il avait, dès son élection, affiché son ambition de « rapprocher les Nations unies des peuples ». Il ajoutait : « le monde a changé : l’organisation des Nations unies doit changer avec lui ».

L’homme d’appareil s’est révélé, au fil des ans et des réformes engagées avec plus ou moins de succès, un leader qui a su imprimer sa marque à l’organisation mondiale. Le Prix Nobel de la Paix obtenu en 2001 est la consécration suprême pour un fonctionnaire onusien devenu l’interlocuteur des grands du monde et champion du multilatéralisme.

Kofi Annan a su exister malgré l’ombre pesante des délégués des pays membres et surtout des Etats qui composent le Conseil de sécurité. Dans les couloirs de l’Onu, on dit qu’il est un « gentleman diplomatique ». Un diplomate ajoute : « Difficile de dire de mal de lui, car il écoute tout le monde ». Kofi Annan, dit-on, aime à chercher le consensus. « C’est sa force et sa faiblesse », regrettent certains.

Ses adversaires ont voulu profiter de l’affaire du programme « pétrole contre nourriture » en Irak pour l’affaiblir et, probablement, le pousser à renoncer à réformer l’Onu. En définitive, le rapport rédigé sur cette affaire a blanchi le Secrétaire général de l’Onu, tout en accusant son fils. Celui-ci avait travaillé avec une société qui avait décroché un contrat dans le cadre dudit programme. La probité du Secrétaire général n’a pas été mise en cause. Après la publication du rapport, Kofi Annan s’est dit « attristé » par l’attitude de son fils et a vite dit son intention de poursuivre son mandat.

Les enjeux de cette affaire n’avaient pas échappé aux Africains. Alpha Oumar Konaré, le président de la Commission de l’Union africaine, déclarait, dans « Le Monde » du 31 mars 2005, que : « la campagne visant à salir le nom de l’un des plus grands fils de l’Afrique devait immédiatement s’arrêter ».

« L’Union africaine, a-t-il ajouté, considère comme une question de principe que le Secrétaire général de l’Onu ne soit poursuivi pour ce qu’a pu faire ou pas son fils ».

Avant qu’il ne prenne fonction, l’un des plus grands contributeurs au budget de l’organisation, en l’occurrence les Etats-unis, était en attente de profondes réformes de l’Onu. À la prise de fonction de Kofi Annan, cette attitude de défiance de la plus grande puissance du monde a coïncidé - si elle n’en était pas la conséquence - avec un net recul du multilatéralisme. Ce qui, relativement à un certain nombre de dossiers, a conduit à la marginalisation de l’organisation dans la gestion de certains grands dossiers du monde. C’est le cas notamment pour la crise irakienne.

Une situation durement vécue par tous ceux qui, à travers le monde, croient encore, sans se départir de leur réalisme, en la nécessité d’un organisme supranational car l’espace qu’il offre est, de l’avis d’un professeur de Droit international, « au-delà des invectives publiques, un endroit où l’on peut toujours se parler ».

Réformer l’Onu a été donc une des ambitions de Kofi Annan. Les réformes qu’il a engagées ont connu des fortunes diverses. La réforme symbolique, celle du Conseil de sécurité, n’a pas eu lieu. Aucun Etat africain n’intégrera le cercle restreint où siègent cinq membres détenteurs d’un droit de veto (France, Etats-unis, Chine, Grande-Bretagne, Russie). L’Inde, le Japon, le Brésil, l’Allemagne n’y entreront pas également.

Pourtant, comme le reconnaît le Secrétaire général de l’Onu, le Conseil de sécurité, composé de 15 membres dont cinq permanents, ne reflète plus « les réalités géopolitiques du XXIe siècle ». « La réforme de l’Onu, indispensable et impossible », se désole un confrère du « Monde » dans une chronique publiée 14 septembre 2005. « La réforme n’est pas un évènement, c’est un processus », disait Kofi Annan en 1997.

Dans l’un de ses derniers grands discours, lundi 11 décembre 2006, Kofi Annan a insisté pour que le Conseil "donne une plus grande représentation à des parties du monde qui ont une voix limitée aujourd’hui". "De nouveaux membres devraient être ajoutés", a-t-il expliqué (...). Il part donc sans avoir réformer l’Onu. C’est un grand chantier ouvert pour son successeur.



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