Gbagbo, Ouattara, Bédié … Qui sera président de Côte d’Ivoire ?

La Côte d'Ivoire s'apprête à tenir, ce dimanche, son scrutin présidentiel. Une élection très ouverte, car pouvant propulser chacun des ténors du paysage politique ivoirien à la magistrature suprême.

Cette fois-ci sera bien la bonne, serait-on tenté de dire. Les Ivoiriens sont décidés à aller aux urnes pour choisir leur président de la République, ce dimanche 31 octobre. Cela, cinq années après l'expiration du mandat présidentiel de Laurent Gbagbo. Quatorze candidats sont en lice et parmi lesquels figurent les éternels opposants du président sortant. Il s'agit d'Alassane Dramane Ouattara et d'Henry Konan Bédié. Des pontes du champ politique ivoirien, décidés à prendre la place de leur traditionnel challenger. Mais, en réalité tout est possible dans ce scrutin très ouvert qui offre des possibilités à chacun de ces leaders politiques. D'ailleurs, chacun d'eux, dit être sûr de gagner ces élections. ‘La prochaine fois que vous m'interviewerez, vous vous adresserez à un président de la République’, lance Alassane Ouattara à un journaliste étranger venu s'entretenir avec lui.
Cela, au moment où Laurent Gbagbo, lui, dessine les conditions de la célébration de sa victoire ‘déjà acquise’. Successeur constitutionnel de feu le président Félix Houphouët-Boigny, Henry Konan Bédié refuse d'imaginer un scénario où il ne sera pas élu au soir du 31 octobre prochain. Pourtant, chacun de ces leaders s'adosse sur un dispositif électoral qui lui permet d'espérer une probable victoire. Et c'est parce que la Côte d'Ivoire s'achemine vers les élections les plus ouvertes de son histoire politique. Articulant son message autour de la fibre nationaliste, le président Gbagbo peut compter sur les masses populaires établies dans les zones rurales. Car, il a eu l'avantage d'enclencher, depuis près de deux ans, une série de tournées nationales qui lui aurait permis de concocter une certaine base électorale. Aidé en cela par son infatigable épouse, Simone Gbagbo.

Pour le candidat du Rassemblement des républicains (Rdr), Alassane Dramane Ouattara, il bénéficie d'un important carnet d'adresses avec des réseaux occidentaux bien fournis. Egalement, il y a son message de rupture basé sur le développement qui suscite beaucoup d'espoir chez les jeunes ivoiriens. Ancien président de la République et candidat du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci), Henry Konan Bédié dispose également d'arguments crédibles pour prétendre récupérer son fauteuil. Originaire de la partie centrale du pays, en terre Baoulé, Bédié compte grandement sur les nostalgiques des premières périodes de l'indépendance du pays. Un paquet électoral qui pourrait être gonflé par les notables traditionnels de l'ethnie Bété.

Mais, au fil du temps, le Pdci a su faire sa mue, en réservant une large place à de jeunes cadres rompus à la tâche. C'est pourquoi, d'aucuns pensent que, dans le cadre du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), c'est Bédié qui risque d'en profiter beaucoup plus qu'Alassance Ouattara. Car, il est établi que dans l'éventualité d'un second tour, il est plus envisageable de voir les voix de Ouattara être versées entièrement à son parti, que le contraire. La vieille garde Bété, traditionnellement réticente, pouvant ne pas se donner entièrement au candidat du Rdr.

C'est d'ailleurs sous cet angle que bon nombre d'observateurs trouvent qu'il est l'homme le mieux placé pour créer la surprise dans ces élections présidentielles. Même si, l'homme soutient que, le cas échéant, il ne ferait qu'un seul mandat à la tête du pays. ‘J'ai 75 ans et pour diriger un pays, il faut de bonnes capacités physiques et intellectuelles’, dit-il. Une position qui risque de lui être fortement favorable, du moment que le peuple ivoirien n'a plus besoin d'un président qui s'éternise au pouvoir. A cela s'ajoute le fait que la Côte d'Ivoire se situe à une phase cruciale de son évolution où il est de plus en plus question du renouvellement de sa classe politique.