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Immigration : Abdou DIOUF remonte les bretelles à Sarkozy

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Immigration : Abdou DIOUF remonte les bretelles à Sarkozy

Abdou Diouf n’a pas mâché ses mots pour dire ce qu’il pense de l’immigration choisie chère au ministre de l’Intérieur français Nicolas Sarkhozy. Pour l’ancien président de la République du Sénégal et actuel secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, cette immigration-là est politiquement et moralement inacceptable. De la même manière, il a marqué son désaccord avec la loi sur la colonisation positive. Pour lui, parler du rôle positif de la présence française outre-mer n'est que de la provocation.

(Correspondance permanente à Paris) - Lorsqu’il était président de la République du Sénégal, rarement Abdou Diouf donnait officiellement une position tranchée sur un dossier sensible. Même lorsqu’il a quitté cette station suprême. Mais sa sortie dans un journal français de province, Le Progrès, a pris une autre tournure. Abdou Diouf n’a pas mâché ses mots pour dire ce qu’il pense de l’immigration choisie chère au ministre de l’Intérieur français Nicolas Sarkhozy. Pour l’ancien président du Sénégal et actuel secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, «l'immigration choisie est moralement inacceptable». Il a repris presque les mêmes propos, en répondant à une question concernant la politique d’immigration. Le projet de loi, présenté le 9 février dernier et validé en comité interministériel, est «politiquement, moralement, inacceptable», a répondu le président Abdou Diouf au journaliste du Progrès. «Je ne peux pas accepter que la France dise, unilatéralement : je choisis les immigrés diplômés de telle catégorie et, tous les autres, je n'en veux pas», a ajouté Abdou Diouf.

Le secrétaire général de l’Oif a également marqué subtilement son désaccord à propos de la loi sur la colonisation positive. La colonisation était «une entreprise de domination culturelle, politique et économique, (qu'elle était) donc entachée d'une sorte de péché originel», a-t-il affirmé. Parlant de l'expression «rôle positif de la présence française outre-mer», le successeur et disciple de Senghor, fait mardi docteur honoris causa de l'Université de Lyon III, a considéré que «c'était de la provocation, une erreur politique». «Les Sénégalais ou les Algériens qui ont subi un certain nombre d'avanies ne peuvent pas l'accepter. Dire cela au moment où les esprits sont échauffés par tant de problèmes, c'est réveiller de vieux démons», fustige Abdou Diouf.

Présent à Lyon pour recevoir le diplôme de doctorat honoris causa de l’université de Lyon III, Abdou Diouf a estimé que les Sénégalais, dont 90 % sont musulmans, ne se sont jamais posé la question de savoir comment se fait-il que Senghor, chrétien fervent et pratiquant, ait pu les diriger. «On me pose souvent la question de savoir pourquoi et comment un pays aussi massivement musulman que le Sénégal a pu élire un homme connu pour être un chrétien convaincu, pratiquant et fervent, et en faire son président ?», s’interroge-t-il. «A la vérité, je suis tenté de répondre que les Sénégalais ne se sont jamais posé la question. Si elle est venue à leur esprit, c’est parce que d’autres qu’eux-mêmes se sont interrogés, voire parce que cette réalité est contre nature, selon certains», a répondu Abdou Diouf. Le secrétaire général de la Francophonie poursuit en soulignant que la minorité chrétienne a toujours été considérée comme une partie intégrante de la communauté nationale. Il y a toujours eu des chrétiens élus au suffrage universel et des chrétiens ministres dans le gouvernement de la République. «Ils n’ont jamais bénéficié de discrimination positive», martèle-t-il.

Expliquant ce qu’il entend par laïcité inscrite dans la Constitution, Senghor disait, au khalife général des mourides, «la laïcité pour nous, n’est ni l’athéisme ni la propagande anti-religieuse… La religion est un aspect essentiel de la culture. Elle représente l’effort le plus noble pour lier l’homme à l’univers dans un double effort de socialisation et de totalisation», a dit Abdou Diouf. Le patron de la francophonie a précisé, en citant Senghor, qu’en Afrique, «la religion est la sève de la civilisation négro-africaine». Par-delà les différences du dogme et de pratique, l’islam et le christianisme poursuivent le même but : «réaliser la volonté de Dieu», c’est-à-dire «la fraternité entre les hommes par la justice pour tous les hommes». Et Senghor de s’interroger, selon Abdou Diouf : «Qu’est-ce que la justice, si ce n’est l’égalité des chances données, au départ, avec le travail, la répartition équitable du revenu national entre les citoyens, du revenu mondial entre les nations, si ce n’est enfin la répartition équitable du savoir entre tous les hommes, entre toutes les nations». Quelle leçon, quelle actualité d’un texte de 1960, s’exclame Abdou Diouf.

Le secrétaire général de l'Oif fera ensuite appel une énième fois à son prédécesseur à la tête du Sénégal, le poète-président Léopold Sédar Senghor pour conforter son exclamation : «L’islam et le christianisme peuvent nous aider à corriger les déviations de la civilisation scientiste, mécaniste et matérialiste du XXe siècle (…). J’ajoute nous opposer aux extrémismes. Il n’y a pas de commun vouloir de vie commune sans tolérance religieuse et raciale, sans fraternité».

Diouf, docteur honoris causa de l'Université de Lyon III : Le secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (Oif), Abdou Diouf, a été fait mardi docteur honoris causa de l'Université de Lyon III. Il s'est vu remettre le diplôme et les insignes de docteur en sciences politiques dans un amphithéâtre comble, par le président de l'université Guy Lavorel.

L'université a voulu à la fois "honorer l'homme d'Etat qui a consacré quarante ans de sa vie au service de (...) la construction de la démocratie sénégalaise et l'humaniste (...) qui s'est remis à l'ouvrage pour construire le pôle francophone dans la mondialisation", a déclaré le Pr Michel Guillou, directeur de l'Institut pour l'étude de la francophonie à Lyon.

Abdou Diouf, qui s'est dit "très touché de l'hommage", a souligné que "la francophonie trouve pleinement sa modernité dans l'université". "Il est urgent d'arrêter la dégradation du français, langue d'enseignement dans une vingtaine de pays, car elle entraîne celle des systèmes d'éducation", a-t-il déclaré.

 



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