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[ Elections USA ] J-39, Obama prend l'avantage sur McCain dans le premier débat présidentiel

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[ Elections USA ] J-39, Obama prend l'avantage sur McCain dans le premier débat présidentiel

Avantage Obama. C'était le verdict de la plupart des juges juste après la fin du premier débat de la campagne présidentielle qui a opposé vendredi soir, à J-39 du scrutin, John McCain à Barack Obama. Autant qu'un débat d'idées, le face à face a été une confrontation entre les générations. McCain a invoqué le débarquement de Normandie et Eisenhower, la guerre du Vietnam et Henri Kissinger. Obama a cité Google, et fustigé les "mentalités du XXème siècle" (en parlant de la Russie, mais on a compris que la remarque s'appliquait à McCain aussi). McCain avait annoncé dans la matinée qu'il y participerait, après avoir menacé la veille de ne pas venir à Oxford (Mississippi) en raison de la bataille en cours à Washington autour du plan de sauvetage du marché financier . "Des progrès réels vers un accord entre les deux partis" autour du plan ayant été accomplis, le sénateur de l'Arizona, s'est dit "optimiste" sur les chances de ce plan d'être adopté d'ici dimanche, et a fait volte-face, annonçant qu'il reprenait sa campagne " suspendue " mercredi. Comme Obama, McCain a déclaré qu'il voterait pour le plan de sauvetage présenté par le secrétaire au Trésor Henri Paulson, et modifié par le Congrès.

Selon un sondage de CNN réalisé immédiatement après le débat, 51% des sondés estiment en effet que Barack Obama a été le meilleur. Ils ne sont que 38% à le penser concernant John McCain. 30 % des personnes interrogées se déclarent indécises. Un autre sondage réalisé par CBS montre que chez les électeurs indécis, Barack Obama est sorti vainqueur pour 39% des sondés, tandis que 25% pensent que McCain est gagnant. Mais c'est surtout l'économie qui semble avoir profité au candidat démocrate: 46% des électeurs indécis disent avoir une meilleure opinion de Barack Obama après le débat, 66% d'entre eux pensent qu'il prendrait les bonnes décisions pour l'économie. Fort de ce succès, Barack Obama est reparti en campagne dès samedi matin , affirmant dans un mail adressé à ses partisans, que "des millions d'Américains [avaient] pu voir le choix fondamental de cette élection: le changement dont nous avons besoin ou la poursuite de la même politique".

Aucun moment historique, aucune réplique inoubliable

Ce face à face, qui avait failli ne pas avoir lieu , a peut-être été l'émission la plus regardée de l'histoire de la télévision américaine. Il a probablement battu le record établi en 1980 (80 millions de téléspectateurs) à l'occasion du débat Carter-Reagan. Il n'y a eu aucun moment historique, ni réplique inoubliable dans une confrontation de bonne tenue mais un peu terne. Aucun des deux adversaires n'a marqué de point décisif, ni commis d'erreur fatale. 90 minutes durant, ils ont donné des réponses parallèles et sans surprises aux questions du modérateur, Jim Lehrer, présentateur-vedette de la chaîne publique PBS qui les a interrogés sur l'économie d'abord, sur les questions internationales (seul thème prévu à l'origine) ensuite. Les candidats, visiblement soucieux de ne pas apparaître trop agressifs et de ne pas s'emporter sous les attaques de l'adversaire, n'ont fait que répéter les positions qu'ils n'ont cessé de défendre depuis le début de la campagne, il y a un an, et de porter contre l'autre des accusations cent fois répétées. Ils n'ont à aucun moment dialogué l'un avec l'autre. McCain, plus direct, simple et parfois drôle que son rival toujours très (trop) contrôlé et calme, a de bout en bout évité de regarder celui qu'il n'a cessé d'appeler "le sénateur Obama". Ce dernier affectait pour sa part une plus grande familiarité avec son adversaire, lui donnant du "John" à tout bout de champ, peut-être pour tenter de réduire la distance que McCain cherchait à maintenir entre eux, ou pour éviter de paraître trop hautain, voire arrogant, comme on le lui reproche souvent.

On pensait que McCain serait mis en difficulté sur l'économie, son point faible et un boulet pour les Républicains en raison de la crise sur laquelle ont débouché huit ans d'administration Bush. Il s'en est plutôt bien tiré, reprenant ses attaques populistes contre la cupidité de Wall Street et l'irresponsabilité de Washington, promettant de mettre fin à la corruption et au gaspillage des fonds publics à des fins électorales par les parlementaires (le "porc"), prônant une meilleure régulation des marchés, défendant les réductions d'impôts, et un gel des dépenses gouvernementales. Distancé dans les sondages et handicapé par le bilan catastrophique de l'administration républicaine de George W.Bush, le candidat républicain avait cependant besoin de marquer des points décisifs en poussant son adversaire moins aguerri à la faute. Il lui fallait renforcer chez les électeurs le sentiment que sa plus grande expérience et son bilan sont des atouts-maîtres dans un monde dangereux alors que l'Amérique traverse une crise majeure, et que par contraste, le choix d'Obama représente un risque potentiel. Il n'est pas certain qu'il y soit parvenu.

Il a certes été à l'offensive la plupart du temps, répétant à de multiples reprises que "le sénateur Obama ne comprend pas" les enjeux stratégiques fondamentaux. "Il y a certains avantages à avoir un peu d'expérience, de connaissances et de jugement, et je ne crois sincèrement pas que le sénateur Obama ait assez d'expérience et de connaissances" a-t-il remarqué. "Moi je ne crois pas avoir besoin de me former sur le tas." Il a constamment mis en avant sa grande connaissance des dossiers internationaux, et démontré au passage que son âge avancé (72 ans) ne diminue en rien sa vigueur intellectuelle et physique. Obama, pour sa part, devait convaincre les électeurs, qui sont encore nombreux à en douter, qu'il a réellement les capacités à assurer le commandement des armées et la défense nationale, et qu'en dépit de son jeune âge (47 ans), il a l'étoffe d'un président. De l'avis de tous les commentateurs, y compris conservateurs, il a réussi cet examen de passage très important pour lui devant un public national. Il a su répondre avec clarté et sans hésiter à toutes les questions, de la crise économique à la guerre en Afghanistan ou à la Géorgie, sans apparaître trop "professoral" ni se perdre dans les nuances de ses idées.

Les deux adversaires réticents à aborder de front la crise financière et économique

Il a dressé un réquisitoire cinglant contre la "faillite" de l'idéologie libérale mise en oeuvre par Bush avec le soutien de McCain, ainsi que contre l' "erreur stratégique majeure" qu'a été la guerre d'Irak, et le relâchement de la lutte contre al Qaeda en Afghanistan. Malgré tous les efforts de McCain pour mettre en cause sa "naïveté" et son manque d'expérience, Obama a défendu des positions souvent proches du Républicain (concédant même à plusieurs reprises que "John a raison de dire que..."), que ce soit la nécessité de la fermeté envers la Russie, celle d'accroître les sanctions contre l'Iran pour l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire, cette d'accroître l'effort de guerre en Afghanistan, ou même le retrait des troupes d'Irak. Autre point commun, les deux adversaires ont paru étrangement réticents à aborder de front la crise financière et économique, ses implications et l'impact qu'elle aura sur leur présidence, se contentant de décliner les programmes économiques qu'ils exposent depuis des mois. Comme s'ils n'avaient pas véritablement pris la mesure de la gravité de la situation, ou, pire, s'ils n'avaient pas la moindre idée de comment y faire face...

Il faudra bien sûr attendre pour savoir si ce débat très attendu aura eu un impact sur la course à la Maison-Blanche. Par le passé, les débats ont eu en général une influence négligeable sur le résultat de l'élection, avec les exceptions de celui entre John Kennedy et Richard Nixon en 1960 qui a probablement assuré la victoire de Kennedy. Et de celui entre Jimmy Carter et Ronald Reagan en 1980, au cours duquel Reagan avait renversé le cours de la campagne. Dans un sondage publié par le Wall Street Journal, 40% des Américains interrogés ont assuré que les débats (il y en aura deux autres, les 7 et 15 octobre) joueront un grand rôle dans leur décision finale.

LePoint.fr



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