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La crise grecque s'accélère, le monde regarde ailleurs

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La crise grecque s'accélère, le monde regarde ailleurs

En Grèce, on annonce une baisse des petites retraites, de nouvelles privatisation, des réductions des dépenses publiques. Notre blogueur associé, Panagiotis Grigoriou, poursuit son récit illustré de la crise.

L'été 2012 nous garantit la crise... et quelques bonnes surprises. Le mémorandum toujours en cours « d'approfondissement », on nous explique qu'une fois de plus que c'est le « gouvernement qui se trouve dans l'impasse » et non pas nous, chiffres à l'appui et bénéficiant de l'appui des chiffres on peut tout faire, maintenant on le sait. 

L'actualité de ce mois d'Août s'accélère pourtant dans une certaine indifférence ou peut-être bien, parce que nous ne pouvons plus la suivre. Et à travers les brèves du jour on remarquerait « ces petites retraites qui deviendront encore plus petites, [car] il faut trouver 11,5 milliards d'euros toujours en réduisant des dépenses », par exemple. Puis, et sur le front de la grande braderie, après celle du Crédit Agricole, les privatisations suivantes s'accompliront dans la précipitation : électricité, réseau d'assainissement et de distribution d'eau, bandes côtières, des « filets » selon la terminologie « technique » du moment, sans doute pour bien faire comprendre que l'économie est avant tout un grand estomac. 

Dans la région de Chalkidiki au Nord du pays, des habitants s'étaient réunis une fois de plus dimanche dernier, protestant contre la « mise en valeur » de leur espace forestier environnant, par les entreprises « Eldorado Gold » (Canada) et « Aktor » (Grèce). L'État a cédé la forêt aux entreprises car « ayant comme but la croissance, il s'agit de créer les conditions nécessaires afin d'exploiter les mines d'or de la région ». Sauf que ce n'est pas l'avis des habitants, craignant à la fois la dépossession de leurs espaces et les conséquences sur l'environnement ; c'est ainsi qu'ils multiplient leurs actes de résistance depuis des mois, sauf que l'affrontement dimanche dernier fut encore plus violent que « d'habitude ». Car le pouvoir « privatiseur » de la coalition tripartite, usant une fois de plus de sa force policière et répressive, n'a pas hésité à utiliser des gaz chimiques comme le CS (substance interdite) et pour la première fois en Grèce de l'après dictature des Colonels, des balles en caoutchouc. Troikanisme et Barbarie, c'est alors aussi... une affaire en or.

« ZEUS DES ÉTRANGERS »

Ce même week-end dernier, le ministère de l'intérieur a aussi lancé une opération d'envergure baptisée « Zeus des étrangers » (c'est un jeu de mots par renversement des significations, car « Xénios Zeus » était avant tout une divinité considérée comme accueillante à l'encontre des visiteurs étrangers. Ainsi, plus de 6.000 immigrés ont été interpellés et parmi eux, 1.500 ont été mis en état d'arrestation, puis transférés vers le Nord de la Grèce, à destination des camps organisés à la hâte au sein des locaux et installations des Académies de la Police, en Thrace. Certains lecteurs du blog, informés par les médias ont d'ailleurs et à juste titre, posé la question sur ce nouvel épisode depuis... l'ex pays olympien. On ne peut que confirmer. 

C'est également dans la précipitation que de centaines de policiers ont été mutés en Thrace, provoquent même la réaction des syndicats des agents policiers, dénonçant « l'impréparation et l'impossibilité d'effectuer [leur] mission correctement dans des conditions humaines »(extrait du communiqué du syndicat POESY, se plaignant du manque de locaux, y compris pour répondre aux besoins d'hébergement des policiers). Pour l'instant et pour y faire face, certains hôtels de la région ont été mis à contribution, Zeus redevenant Xénios (en grec moderne l'hôtel se dit « Xénodocheio », littéralement « réceptacle d'étrangers »), nous sommes alors sur la bonne voie et la boucle des symboles... nous sera alors bouclée. D'autant plus, que le ministre de l'Intérieur Nikos Dendias (Nouvelle Démocratie) vient de déclarer dans une interview accordée à la radio-télévision privée Skai « que le pays est sur le point de disparaître. Depuis l'arrivée des Doriens voilà 4.000 ans la Grèce n'avait jamais connu une invasion d'une aussi grande envergure (...) C'est une bombe posée sous les fondements de la société et de l'État, et c'est ainsi que la société pourrait au même titre être complètement souillée (...) car l'immigration est sans doute un problème plus important que la crise économique, et c'est à ce titre que le ministère demande le soutien des citoyens (…) Solutionner le problème de l'immigration devient alors une affaire nationale [car] nous nous effondrons. Nous devons mettre en place un véritable réseau structurant dans la gestion de l'immigration clandestine sinon, c'est l'effondrement. » 

Le ministre Dendias n'a pas hésité non plus à se comparer à « un combattant Byzantin, posté sur les rempares de Constantinople le 29 mai 1453 » (date de la conquête de Byzance par les Ottomans). Finalement, entre Xénios Zeus, les Doriens et Constantinople, on admettra que les anachronismes ainsi que les stéréotypes, sont toujours de grande utilité politique, y compris et surtout sous la Troïka.

PAYS FANTÔME

Cette dernière tournure, c'est alors un comble de trop dans notre... boucle bouclée. Les forces politiques ayant cautionné à la fois « Dublin II », faisant de la Grèce un large espace pour une immigration piégée et bloquée sur place, et la libre circulation mondialisante, y compris des flux migratoires et au même titre que celle des capitaux, eh bien ces coalisés de la Baronnie devenu alors un pays fantôme, trouvent après tant d'efforts, le verbe et le geste pour enfin coller à la peau de l'époque et du peuple qui pour une fois, trouvera les propos du ministre « cohérents », y compris depuis Syros. D'ailleurs il ne faut pas oublier que « l'ogre de Paros » est incarcéré à Hermoupolis ce qui n'est plus une moindre affaire aux yeux de l'opinion. 

L'opinion, la doxa et les stéréotypes résisteront cette année encore à l'harmonie de l'archipel. Pour tout oublier (et encore), il faut emprunter les chemins à l'intérieur ou au Nord de Syros pour descendre par exemple jusqu'à « Grammata » (« lettres – écritures »), une baie inaccessible heureusement en voiture. C'est à Grammata que des « connectés du réseau » ancien, hellénistique et Byzantin, avaient gravé sur les rochets des messages destinés au monde des marins et des partances. On y découvrira également à l'intérieur de l'île certaines chapelles en fête, au beau milieu d'espaces où l'élevage subsiste encore comme un bref rappel. 

Ailleurs et aux endroits touristiques, les clients de certains restaurants sont plutôt Français, quant aux Grecs, ils commentent une fois de plus et de trop, les dernières mesures économiques. Nos médias évoquent également cette dernière décision venue tout droit des dirigeants à la tête de la multinationale Shell : « la multinationale décide de transférer le gros de sa trésorerie depuis l'Europe vers les États-Unis, afin de se prémunir contre une crise majeure, voire un effondrement de l'Euro-zone devenue probable à l'approche de l'automne. C'est finalement de la prophétie qui à force d'être répétée, finira par se concrétiser (...) De toute manière dans le chaos redouté et redoutable, la Grèce et son système politique aux commandes, n'a plus aucune stratégie de survie au niveau national, aussi parce que le pays n'existe plus en tant qu'entité géopolitique vis à vis des créanciers déjà » (voir aussi sur le site de l'hebdomadaire satyrique To Pontiki). Mais à croire Der Spiegel, nos politiciens les plus dangereux, se retrouveraient à l'opposition et non pas aux commandes. Le magazine allemand a ainsi classé Alexis Tsipras parmi les dix hommes politiques, les plus dangereux en Europe.

LE MOIS LE MOINS POÈTIQUE DE TOUS

Les éditorialistes au pays du Merkelisme accompli, attribuent même à Alexis de SYRIZA la deuxième position, « [car] depuis qu'il a été aux commandes de l'extrême Gauche (sic) en Grèce et ainsi, il rejète toute idée de participation au gouvernement. Fait aggravant le concernant, il s'oppose également aux privatisations, et ce qui est encore plus dangereux, c'est qu'Alexis Tsipras souhaite légiférer pour faire des privatisations, des crimes inscrits au code pénal. Et pour finir, il s'avance dans une rhétorique selon laquelle, la Grèce ne peut pas être exclue de l'Euro-zone, ce qui rend sa pratique dans la politique d'opposition fort exacerbée » (extraits traduits et présentés par les journalistes de l'hebdomadaire satyrique To Pontiki). 

Moments exacerbés et poétiques du néant financier au pays des ogres. On tourne en rond, entre la Côte d'or de Paros et son « ogre », « Eldorado Gold » et l'Aube dorée qui se félicite de l'opération « Zeus des étrangers », puis la Gauche qui en proteste sans trop convaincre, ce mois d'Août serait décidément le moins poétique de tous. 

Pourtant mercredi soir, lors du concert   de Vasilis Papakonstantinou à Hermoupolis  il y avait de la foule et de l'ambiance. L'entrée était fixée à 12 euros, c'est à dire moitié moins qu'avant la crise, puis un moment donné les portes ont été ouvertes et l'entrée est devenue libre. Le chanteur est toujours très populaire et certaines de ses chansons décidément ne vieillissent pas. Je me souviens d'avoir assister à un de ses concerts il y a déjà... trente ans. Proche de la Gauche et résolument anti-mémorandum Vasilis a su mobiliser les sentiments et les générations, d'ailleurs le public aillant atteint un certain âge supposé plus mûr, remarquèrent que certaines paroles chantées depuis « leur » époque ont pris un nouveau et parfois plein sens de nos jours. Le mémorandum a été dénoncé ainsi que le gouvernement, le nom même de Wolfgang Schäuble a été prononcé lors « d'une critique » disons... expéditrice. La chanson sur Che Guevara a été suivie d'un long applaudissement et Vassilis nous a prévenu que rien ne sera possible sans abandon de « notre position canapé » c'est à dire de l'inaction, prédisant ainsi un automne probablement agité.

« SOLIDARITÉ - DIGNITÉ - DÉSOBÉISSANCE »

Saluant son public à la fin du concert, le chanteur a suggéré un nouveau triptyque à adopter dans les attitudes, les faits et surtout les gestes : « Solidarité - Dignité - Désobéissance ». Le peuple aurait pris acte, et c'est à confirmer, d'autant plus, que la révolte n'émerge pas dans une quelconque clairière de l'Être politique. À sa manière, le jeune homme originaire de Syros qui sert l'essence à 1,98 euros le litre aux automobilistes du possible et du compte goute, pense « qu'une étincelle suffira pour que tout s'embrase dans feu... grandeur nature, et pour que nos dirigeants actuels disparaissent à jamais ». 

Sur la place centrale d'Hermoupolis tard dans la nuit et après le concert de Vasilis, on pouvait écouter du Rebetiko par un duo bouzouki et guitare et encore déguster une glace au yaourt, au même prix qu'un litre d'essence sans plomb ou sinon, choisir entre les deux. 

Jeudi matin, des navires en partance et déjà au large, cap vers le sud, nous rappellent certains poèmes de Nikos Kavvadias, le poète-marin, chantés la veille par Vassilis. On s'éloigne parfois ainsi de l'actualité, fort heureusement.


5 Commentaires

  1. Auteur

    Khompou

    En Août, 2012 (10:43 AM)
    voilà qui a vachement l'air d'intéresser les senewebiens.
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  2. Auteur

    Wakhiz

    En Août, 2012 (10:57 AM)
    Constat révélateur !!!

    Personne pour lire ou commenter. mais si le titre c'était. " un vieux pervers viole sa ville et finit en prison ou il se fait violer par des femmes avant de finir zoophile!

    croyez moi on serait à 5000 commentaire de gens qui prendraient leur pieds de pervers à lire l'article ( même si c évident que c'est bidon) et après seraient là à faire les moralistes "cheuu Sénégal al yakouna ".

    Sénégal connerie et médiocrité sont les règles : manam gno ak !!! kou gueum des valeurs boko wala da jnga tardé.

    Wassalame ! bon ramadan et bon weekend à tous !!
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    Auteur

    Tb

    En Août, 2012 (12:06 PM)
    On a vu la Somalie...
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    Auteur

    Sam

    En Août, 2012 (17:20 PM)
    Ce qui est ecrit dans ce texte depasse l'entendement des senewebiens. C'est du chinois pour eux. Ils ne connaissent rien en matiere d'economie. Ils sont juste forts en science des injures et de diabolisation de Wade. Mais ce qui dans ce texte demande reflexion. Les Ouoloff disent qu'on ne peut pas faire reciter le Coran a un singe.
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    Auteur

    Efhfgaze

    En Août, 2012 (20:33 PM)
    Mon cher Wakhiz, tu as raison.

    Le commentateur regulier de Seneweb, ne semble pas intéréssé par ce genre d'article.

    Je fais un clin d'oeil à Tah qui fait dans le futile et l'inutile, à Maameediarra qui fait dans le sexuel et le religieux; ou encore XEME qui voit dans tous les articles concernant la gestion WADE et PDS du lavage de cerveau des lecteurs. J'ai parfois l'impressio qu'il est le seul qui sache lire, comprendre interpréter et se faire une opinion.
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