Ce dimanche, une foule submergée par l’émotion a parcouru les rues du centre-ville de Mulhouse pour rendre un dernier hommage à Dinah, lycéenne de 14 ans qui s’est suicidée, victime de harcèlement scolaire selon ses proches. Lundi, sa mère et son frère s’exprimaient dans Touche pas à mon poste! et livraient un témoignage lourd d’émotions.
L’adolescente, scolarisée en classe de seconde, avait été retrouvée pendue, au domicile familial de Kingersheim (Haut-Rhin), dans la nuit du 4 au 5 octobre. Elle était la dernière et la seule fille d’une fratrie de trois enfants. Selon ses parents, elle était victime d’un harcèlement opéré par des jeunes filles côtoyées au collège à qui elle avait fait part de son homosexualité.
Dimanche, une marche a eu lieu pour lui rendre hommage. De nombreux participants étaient venus en famille. Certains ont scandé “justice pour Dinah”, “les mots blessent, les mots tuent”, ou encore “plus jamais ça”. Ce lundi, sa maman ainsi que son frère sont venu témoigner sur TPMP. Un message rempli d’émotion.
Sa maman, Samira commence par expliquer comment elle a retrouvé sa fille: “Je me suis levée à 2h du matin pour aller aux toilettes. J’ai vu de la lumière dans sa chambre, j’ai voulu rentrer pour la gronder car il était 2h. Quand on rentre dans sa chambre, à droite il y a son lit et à gauche son armoire. Elle n’était pas dans son lit, j’ai juste tourné la tête et je l’ai retrouvée accrochée à son placard avec une ceinture”.
Quand elle a réalisé l’ampleur du drame, Samira a “essayé de la soulager, de lui tenir les jambes. J’ai appelé mon mari qui l’a décrochée et lui a fait un massage cardiaque, mais elle était déjà morte.”
Tentative de suicide: “On espère que la prochaine sera la bonne”
Selon sa maman, les harceleuses avaient ouvert un groupe sur Facebook dont Dinah faisait partie sur lequel elles l’insultaient. Face à cela, Samira l’a sortie du groupe ainsi que de tous les réseaux. “Elles l’appelaient le matin, à 7h, comme ça ma fille allait au collège avec une boule au ventre. Donc je lui ai bloqué tous les appels, sauf les numéros importants, c’est-à-dire le mien et celui de son papa.”
Samira déclare également avoir appelé le collège pour le prévenir, mais ils ont d’abord demandé si Dinah n’en faisait pas trop.
“Elle a fait une première tentative au mois de mars. Elle s’est retrouvée à l’hôpital pendant une semaine durant laquelle elle a reçu un message qui lui disait ‘on espère que la prochaine sera la bonne’”. À la suite de cela, Samira a de nouveau appelé le collège. Cette fois, ce dernier a reconnu que les faits étaient très graves et a recommandé à la maman de Dinah de porter plainte. Ce à quoi elle a rétorqué: “oui, je vais porter plainte contre ces filles et contre le collège. “Dès ce moment-là, ça s’est retourné contre moi”.
Après son hospitalisation, la situation était encore pire qu’avant. Dinah a pris le confinement comme un soulagement, ne devant plus aller à l’école. Cependant, elle a tout de même fini par devoir retourner à l’école.
Le collège très peu coopératif
“L’établissement est venu à l’enterrement, ils (les responsables, NDLR) m’ont dit qu’ils ont été obligés de mettre en place une cellule psychologique pour la CPE (conseillère principale d’éducation) et les profs.”
Pour protéger sa fille Samira avait contacté une personne du collège après sa première tentative de suicide pour garder un œil ouvert sur la situation. “Le collège m’avait dit que cette personne n’avait jamais dit que j’appelais. Quand je l’ai eu au téléphone, il m’a répondu ‘je ne me rappelle pas que vous m’avez appelé’, alors que je l’appelais tous les jours. ‘Moi je tiens à mon poste’”.
En colère contre le collège, Rayan, frère de Dinah, se souvient d’une semaine où il a dû s’occuper de la maison et de sa sœur lorsque ses parents étaient partis en vacances. “Il n’y a pas un jour où le collège n’a pas appelé trois ou quatre fois pendant la journée pour venir la chercher (...) vraiment tous les jours de la semaine. À aucun moment ils se sont dit qu’il y avait un souci qui vient de leur établissement et de leur carence éducative. À aucun moment ils ne sont remis en question.”
Quand Cyril Hanouna leur demande contre qui ils sont en colère, le collège arrive en premier, avant les harceleurs. “Pensez-vous que l’établissement doit être condamné?”, demande l’animateur. La réponse est sans appel: “bien sûr”.
Le combat de son frère
Lorsque Cyril Hanouna demande à Raya comment il fait pour aller de l’avant, ce dernier lui répond la gorge nouée: “Je ne vais pas de l’avant. Elle me manque chaque seconde que Dieu fait. Ils me l’ont enlevée. (...) Ma vie n’a plus de sens”.
Rayan déclare sur le plateau vouloir “rendre justice à sa sœur”. “Je veux que ces harceleurs et harceleuses paient, ils m’ont enlevé ma sœur. Je veux aussi que tous ceux qui se font harceler sachent qu’ils peuvent parler. Il y a des gens qui sont là pour les écouter.”
Son frère est également choqué par l’attitude du lycée dans lequel se trouvait sa sœur depuis qu’elle avait quitté le collège. “Les organisateurs de la marche blanche ont appelé la direction du lycée pour prévenir qu’elle se finirait devant l’établissement; que les roses, fleurs allaient être déposées devant. La principale du lycée leur a répondu ‘une fois que la marche est finie, vous balayez le trottoir’”.
Autre fait inquiétant, lors de l'émission, sa maman relève que Dinah était la 19e victime de harcèlement en France pour l’année 2021.
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