La neuvième session ordinaire de la conférence ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement a débuté hier sur les chapeaux de roue à Accra. Le défi est énorme pour les dirigeants du continent noir qui doivent faire face aux enjeux de la mondialisation. Mais malgré l’enthousiasme sur l’idée de la concrétisation des Etats-Unis d’Afrique, force est de constater que les points de divergence entre leaders africains risque d’envoyer cet objectif noble aux calendes grecques.
Les démons de la division qui hantent le «berceau de l’humanité» depuis les indépendances ne sont pas prêts de s’estomper. Et pour cause, deux groupes antagoniques s’opposent déjà à Accra sur la mise en place effective d’un gouvernement africain qui consacrerait une supranationalité sur les gouvernements locaux. Et comme on pouvait s’y attendre, le colonel Khadafi est le plus ardent défenseur de l’idée d’un grand gouvernement continental. Il est soutenu par les Présidents Abdoulaye Wade du Sénégal et John Kuffior du Ghana. Dans le camp du «refus», il y a l’Ivoirien Laurent Gbagbo et le Gambien Yaya Jammeh. Parmi les «modérés», on peut citer le Nigérian Yar’Adua et le sud africain Tabo Mbeki… Pour ceux qui connaissent l’histoire de l’Oua (ancêtre de l’Ua), une telle division donne le cauchemar. En effet, au début des années 60, le «groupe de Casablanca» qui avait balisé la voie pour la réalisation de l’unité africaine s’était heurté au «groupe de Brazzaville», animé par des roitelets plus sensibles aux sirènes de leurs privilèges et de leurs frontières héritées de la colonisation. Un troisième groupe dit de «Monrovia» avait fini par voir le jour et avait consacré «l’Afrique des frontières». Toutefois, avec l’implication des peuples africains depuis le sommet de Syrte (Libye) en 1999, les dirigeants du continent savent qu’ils n’ont plus le choix : de la réalisation de l’unité africaine dépend la survie du continent dans une planète en proie à la férocité de la mondialisation. La suite du sommet, aujourd’hui et demain, permettra peut-être de convaincre les chefs d’Etat les plus réticents, de la nécessité de s’unir ou de disparaître.Alpha Oumar Konaré va-t-il remplier ?
Alpha Oumar Konaré va-t-il rempiler
Grande attraction de la neuvième session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernements africains, Alpha Oumar Konaré laisse planer le doute sur sa volonté de rester à la tête de la commission de l’Union africaine. L’ancien Président malien connu pour son franc-parler et son engagement pour la concrétisation rapide de l’idée des Etats-Unis d’Afrique, force le respect et l’admiration. C’est pourquoi, malgré l’intention qui lui est prêtée de tirer sa révérence, des «groupes de pressions» s’activeraient pour le maintenir à son poste. Toutefois, dans certaines délégations où l’on n’apprécie pas toujours le discours parfois au vitriol de l’ancien numéro 1 malien contre la corruption endémique sur le continent et contre les «mauvais payeurs» de l’Union africaine, on ne pleurera pas après son départ. Dans les couloirs du Palais des Congrès où se tient le sommet des chefs d’Etat, il se susurre même que l’Egypte et l’Ethiopie pourraient proposer des candidats. Du côté de la délégation sénégalaise où l’on note un véritable optimisme du ministre Cheikh Tidiane Gadio, on refuse pour le moment d’adopter une position tranchée sur la question.
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