La place des travailleuses dans la mairie à Kaboul
L’égalité des sexes ne semble clairement pas être la priorité du nouveau gouvernement taliban en Afghanistan. Malgré des discours qui se veulent moins catégoriques sur la place de la femme dans la société, dans les faits, elles se retrouvent une fois de plus dans l’ombre des hommes. Dernière preuve en date? La place réservée à celles qui travaillent à la marie de Kaboul.
Depuis la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan, les femmes travailleuses de la mairie de Kaboul ont uniquement le droit de... nettoyer les toilettes des femmes. L’information est relayée par CNN, qui cite la conférence de presse du maire par intérim Hamdullah Nohmani. Les autres femmes travaillant à la mairie ont quant à elles reçu l’ordre de “rester à la maison”.
“Nous n’avons autorisé au sein du gouvernement que les femmes dont nous avions besoin, je veux dire pour les tâches que les hommes ne pouvaient pas faire, ou pour ce qui n’est pas un travail d’homme ... Par exemple, il y a des toilettes publiques pour femmes. Jusqu’à ce que la situation revienne à un état normal, nous avons demandé aux employées de rester à la maison”, a expliqué Hamdullah Nohmani, cité par le média américain.
Comme le note CNN, les femmes sont désormais exclues du travail gouvernemental dans la capitale et des centaines d’anciennes employées sont donc sans emploi. De plus, le ministère des Affaires féminines a été supprimé par les talibans, pour être remplacé par le ministère “de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice”.
De fausses promesses?
“L’Émirat islamique ne veut pas que les femmes soient des victimes. Le gouvernement islamique sera ouvert et inclusif”, avait pourtant assuré Zabihullah Mujahid, le porte-parole des talibans, lors de leur prise de pouvoir en Afghanistan. “Aujourd’hui, ce qui se passe en Afghanistan va à l’encontre des promesses des talibans et des valeurs islamiques”, déplore Fawzia Koofi, ex-législatrice afghane, interrogée par CNN.
“Nous ne pouvons pas attendre de voir des femmes battues en public ou observer le taux de violences conjugales augmenter pour dire que la violence a lieu. Ne pas laisser les femmes quitter leur domicile est définitivement une forme de violence! Ce qui se passe en Afghanistan est une ‘urgence de genre’. Il faut s’assurer que tout dialogue avec les talibans se fasse à condition que les femmes et les filles soient à l’épicentre de ces conversations, s’assurer que leurs droits sont préservés”, clame de son côté Mohammad Naciri, directeur de l’entité des Nations unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes pour les régions Arabie et Asie Pacifique.
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