La situation en Gambie: Des officiers de l’Armée sont avalés

Parlant de la Révolution pour railler, certains ont dit qu’elle avalait ses enfants. Plus près de nous, en Gambie, c’est la République qui s’est mise à avaler des officiers de son Armée nationale.
Une situation grave dont les conséquences déteignent sur la stabilité politique du pays. Elle affecte aussi les relations de bon voisinage avec le Sénégal, en particulier. Si on ne prend garde…

Les démons ont ressurgi en Gambie dans la période du 21 au 23 mars dernier pour faire cas d’un Coup d’Etat qui aurait manqué de renverser le Président Yaya Jammeh. Et de désigner le présumé auteur de l’acte raté, en l’occurrence, le Colonel Ndour Cham de l’Etat major général des forces armées de la Gambie.

Dans sa fuite annoncée, le Colonel Cham se retrouverait à Diouloulou dans le département de Bignona, frontalier avec la Gambie. Les supputations vont encore bon train.
Une recrudescence de remous en Gambie. Cela est devenu répétitif au sein des Forces armées de la Gambie depuis novembre 2004. Parmi les Cemga passés à la trappe on peut citer les colonels Boubacar Diatta, Abdoulaye Diatta remplacés par le Colonel Vincent Diatta ; lui-même cédera les rênes du commandement militaire à Lang Tombon. On aura remarqué les noms (patronymie) de ces hauts gradés qui sont tous du même groupe ethnique Diola auquel appartient Yaya Junkum Jamus Jammeh au pouvoir suprême en Gambie. Le scénario suscite bien des inquiétudes tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ce pays enserré, dans le Sénégal.
Arrivé au pouvoir grâce au Coup d’Etat du 21 juillet 1994 à Banjul, le jeune lieutenant Yaya Jammeh venait de mettre un terme au règne de Sir El Hadji Daouda Kaïraba Diawara. Il était à la tête de l’Etat Gambien depuis 1964. L’événement avait suscité beaucoup d’analyses et de commentaires de spécialistes. Pour le commun des sénégambiens, l’avènement des jeunes militaires tournait une page de l’histoire pour ouvrir une nouvelle ère. Les condamnations de principe du Coup d’Etat militaire ont été tempérées par l’entente pour une période de transition. En l’espace de deux années pour huiler les mécanismes Yaya Jammeh troqua la tenue militaire pour un grand boubou, un turban, un chapelet et une canne pour se donner une image charismatique. Dans ce contexte, il créa son parti politique : Alliance for Patriotic Reconcialition et Construction (Aprc) qui lui permettra de gagner l’élection présidentielle et d’obtenir une majorité confortable au Parlement, en 1996 et 1997.
Avant cette consécration Yaya Jammeh avait déjà écarté la plupart de ses compagnons de fortune. Parmi ceux qui seront livrés à la mort ou à la Prison de haute sécurité (Mile I et Mile II), les premiers noms qui reviennent à l’esprit sont le Captain Momar Cham chargé de la communication de la junte militaire et Chérif Aïdara, un autre capitaine héroïque. Les seuls survivants de cette épopée restent encore le capitaine Yankhoba, idéologue de Aprc et le capitaine Edward Signateh, stratège et aménagiste du cabinet Présidentiel Gambien à Indépendance Drive rebaptisé 21st july square.
Ce qui est curieux, on ne reste pas une année ferme sans que l’on ne parle d’une tentative de Coup d’Etat militaire en Gambie. Fuite en avant ou machination, l’homme de Kanilaye (Yaya Jammeh) qui a fait de son village d’origine un véritable palais- Bunker, ne cesse de se signaler aux Gambiens et à la
sous-région. Dans ce pays, la Field force héritée du colon britannique s’est beaucoup agrandie et modernisée.
Un de ses premiers commandants, Mahogany, fut accusé de Coup d’Etat avant d’être porté disparu sous le régime de Daouda Kaïraba Diawara premier président de la Gambie.
Par ces temps qui courent, toute l’attention se tourne vers la Gambie.
On ne parle pas de groupes d’insurgés civils comme en juillet 1981 avec Kukoy Samba Sagnyang.
Il faut prendre garde.