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La troisième réincarnation de Vladimir Poutine

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La troisième réincarnation de Vladimir Poutine

Président, puis premier ministre, le voici à nouveau maître du Kremlin. Mais qui est l'homme derrière le masque?

Il voulait devenir agent secret ou réussir dans les affaires comme d'autres Russes de sa génération. Il s'est finalement assis dans le fauteuil de président de la Fédération de Russie. Après douze ans à la tête du pays, huit comme chef du Kremlin et quatre comme premier ministre, il s'est si bien moulé dans la fonction qu'il entame aujourd'hui son troisième mandat - de six ans - derrière les murailles de la place Rouge. L'histoire de Vladimir Poutine est celle d'un homme que l'on croyait ordinaire et malléable, qui aurait pu se glisser dans les pas du tsar défaillant, comme d'autres dirigeants russes avant lui, mais qui a su tromper tout son monde, jusqu'à incarner à lui seul son pays. Pour le meilleur, disent ses supporteurs. Pour le pire, répondent ses opposants, qui refusent de lâcher prise. Ce qui augure pour lui des lendemains difficiles.

«Qui est M. Poutine?», questionnait en janvier 2000, sur un ton ingénu, un économiste occidental au Forum de ­Davos. Malade, affaibli, Boris Eltsine ­venait alors de pousser sur scène un quadragénaire freluquet, mais dont le regard d'acier, déjà, suscitait la crainte. Ce dernier était le produit d'un complot d'oligarques, Boris Berezovski en tête, destiné à empêcher que le pouvoir ne retombe aux mains des communistes. Si Poutine avait été présent au milieu du gotha de la finance occidental, il aurait certainement répondu, sans sourciller, que trois mois plus tard, le 7 mai 2000, il deviendrait le président du plus grand pays du monde - cet ancien empire, qui régna près d'un siècle sur la conscience de gauche, incarna la lutte héroïque contre l'envahisseur nazi et prétendit convertir l'humanité au bonheur communiste.

«On pouvait considérer que j'étais le produit réussi de l'éducation patriotique de l'homme soviétique», a expliqué ­Vladimir Poutine dans un rare livre d'entretiens, réalisé en 2000. Et d'ajouter: «La Russie, dès le début, s'est créée comme un État supercentralisé. C'est inscrit dans son code génétique, dans ses traditions, dans la mentalité de son ­peuple.»
Un homme du XXe siècle

Cette croyance l'habitait lorsqu'au début des années 1980, alors jeune diplômé en droit, il frappe à la porte du KGB de Leningrad, qui l'affectera à la «direction numéro 5» de lutte contre les «éléments antisoviétiques». Puis il passera cinq ans à Dresde, en Allemagne de l'Est, avec pour couverture la direction de la maison de l'Amitié germano­- ­soviétique. Selon la journaliste Natalia Gevorkian, qui enregistra en 2000 les confidences du futur maître du pays, cette vision du monde ne l'a jamais quitté. «Poutine est profondément un homme du XXe siècle, qui a toujours gardé la mentalité d'un KGBiste», affirme cette ancienne collaboratrice du quotidien Kommersant. Et, de plus, un vrai Slave. À des jeunes femmes qui ont demandé aux deux membres du tandem quelle musique ils écoutaient dans leur jeunesse, Medvedev a répondu «du hard rock»; «moi, c'est la musique russe», a contredit le premier ministre.

D'autres préfèrent adoucir ce portrait peu séduisant d'agent secret et insister, dans la carrière de Vladimir Poutine, sur sa parenthèse pétersbourgeoise «libérale». Celle-ci tiendrait essentiellement dans la fréquentation d'un homme, Anatoli Sobtchak, qui fut le maire de Leningrad et l'un des principaux artisans de la défaite des putschistes réactionnaires d'août 1991. Avec Vladimir Poutine à ses côtés, qui fut son premier adjoint de 1994 à 1996, il initia dans sa cité de profondes réformes démocratiques. Néanmoins, les témoins de l'époque rappellent que dans les nombreux services rendus par le conseiller à son tuteur, on retrouve la filiation KGBiste. Ironie de l'histoire, la très glamour fille de Sobtchak, Ksenia, s'affiche aujourd'hui aux côtés des opposants au premier ministre.
Les JO, miroir d'une Russie ouverte

Durant ces années, Poutine se fit de nombreux amis, fut efficace et «loyal», des qualités qui attirèrent sur lui l'attention de Boris Eltsine. Le successeur de Gorbatchev le récupéra dans l'administration présidentielle, avant de lui confier la direction du FSB. Poutine qui, au Kremlin, rêvait déjà d'installer une verticale du pouvoir dans les régions, n'accepta qu'à contrecœur de retourner dans le monde de l'ombre, affirme l'intéressé. C'est Boris Berezovski, un oligarque proche de la famille Eltsine, qui, au début de 1999, serait venu le tirer de son bureau de la place Loubianka. «Tu pourrais devenir président?», lui demanda l'homme d'affaires, aujourd'hui exilé à Londres. «Ce n'est pas ce que je recherche dans la vie, je veux être comme toi», répond alors Poutine (1).

Deux ans plus tard, Poutine écarte Berezovski, puis tous les oligarques trop critiques, déclenche une nouvelle ­guerre en Tchétchénie, met au pas les gouverneurs tout en surfant sur les cours du pétrole. Les partis politiques indésirables sont privés d'accès à la compétition électorale. Aussi intraitable avec ses ennemis que fidèle en amitié, le leader russe a toujours protégé ses proches, même quand ces derniers sont compromis. C'est le cas notamment du Pétersbourgeois Vladimir Tchourov, aujourd'hui président de la très controversée commission électorale, et dont la rue exige la démission. Malgré sa gestion souvent désastreuse des catastrophes, Sergueï Choïgou, précurseur du parti poutinien Russie unie, est ministre des Situations d'urgence depuis 1991.

«En quoi Vladimir Poutine numéro 3 se distinguera-t-il des Vladimir Poutine numéro 1 et 2?», lui demandait-on à l'automne dernier. La réponse fut très convenue et le mystère reste entier. Le premier ministre s'est progressivement taillé le costume d'un homme, au mieux providentiel, au pire incontournable, faisant craindre chez ses opposants un virage dictatorial. Néanmoins, Poutine se méfie tout autant des flatteries que du culte de la personnalité.

Son discours très partisan du dimanche de la victoire, la gestion musclée de la manifestation place Pouchkine laissent entrevoir qu'il n'est pas prêt au compromis. Mais faute d'un soutien suffisant au sein des structures de force, en particulier au ministère de l'Intérieur, il serait incapable, le cas échéant, de suivre l'exemple de son homologue biélorusse, l'obscurantiste Alexandre Loukachenko. Dans les chancelleries occidentales, on se rassure en évoquant Sotchi 2014, «les Jeux olympiques de Poutine», miroir d'une Russie ouverte tendu au monde.

On pourrait également s'attendre à ce qu'il cherche dès maintenant à préparer sa succession. Mais ces derniers temps, Poutine ne prend pas ses conseils à Washington ou à Paris. Il se plaît à citer des vers, dont celui d'Essenine: «Même si l'armée des Saints me dit “quitte la Russie, vis au paradis”, je dirai que je n'ai pas besoin de paradis, donnez-moi ma patrie.»

(1) «Opération Russie unie», Éditions Exmo.


6 Commentaires

  1. Auteur

    Mami

    En Mars, 2012 (00:20 AM)
    wade pourtant mounone na def comme poutine deh!!! mais il est trop con
  2. Auteur

    Bunny Wailer

    En Mars, 2012 (08:19 AM)
    Man being lower than the angels,

    Over all earth was as he given dominion

    He devised his own destruction

    But the word lives on and on

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    Auteur

    Putin Salaud

    En Mars, 2012 (08:42 AM)
    c'est le pere de la discrimination en russie.beaucoups d'immigres noirs meurent dans les camps de rapatriment a moscou pres de l'aeroport de cheremetievo.
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    Auteur

    Ayonbente

    En Mars, 2012 (11:41 AM)
    C'est un calculateur PIRE que wade
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    Auteur

    Listo

    En Mars, 2012 (12:23 PM)
    Sous les tropiques, on appelle pareille République, une République bananiére, dans ce grand au froid polaire ou les politiques semblent etre de redoutables joueurs d'échecs, plus forts encore que Kasprov, faut il République bolchévique!

    En tout cas, c'est pareillement "foutaises", avec des bourrages d'urnes sous l'oeil de caméra de surveillance et l'on vous dira cependant "que les élections se sont globalement bien passées", " et pas beaucoup d'incidents de nature à perturber la régularité des élections".....ce genre de formules, qu'ont les instances internationales quand elles ne veulent pas se mouiller!
    Auteur

    Rama

    En Mars, 2012 (14:47 PM)
    Les Européens qui ont tendance à trop se préoccuper de l'Afrique n'ont qu'à voir ce qui e passe en Russie dans l'indéfférence totale. MACKY ne doit jamais être Président du Sénégal si nous voulons sauver notre pays des Groupes financiers proches de Sarkozy
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