La violence xénophobe est le fait d’une ‘’minorité de criminels’’, selon l’ambassadeur d’Afrique du Sud

Dakar, 30 mai (APS) – L’ambassadeur d’Afrique du Sud au Sénégal, Thembilise C. Majola Embalo, a qualifié ‘’d’inacceptables et d’injustifiables’’ les violences contre les étrangers dans son pays, affirmant ‘’c’est le fait d’une minorité d’éléments criminels’’.

‘’Nous condamnons ces attaques que rien ne peut justifier. C’est inacceptable. Nous sommes surpris, gênés et choqués. Nous n’avons jamais pensé que 15 années seulement après la fin de l’Apartheid, des Sud-Africains s’en prendraient à des Africains qui ont participé à la lutte contre l’Apartheid’’, a dit Thembilise C. Majola Embalo, dans un entretien exclusif avec l’APS.

‘’Ce n’est pas l’image que nous voulons donner de notre pays. C’est le fait d’une minorité d’éléments criminels Sud-Africains’’, a souligné Mme Embalo, rappelant que la lutte contre l’Apartheid ‘’n’aurait jamais réussi sans le soutien de nos sœurs et frères d’Afrique’’.

Des violences xénophobes qui ont fait des dizaines de morts et plusieurs milliers de blessés secouent depuis douze jours des townships sud-africains qui font face à un chômage et une pauvreté endémiques.

Face aux difficultés économiques, de nombreux Sud-Africains accusent les étrangers, dont quelque trois millions de Zimbabwéens exilés par la crise dans leur pays, de prendre leurs emplois et d’être responsables de la forte criminalité.

‘’En tant que Sud-Africaine qui a fait plus de 20 d’exil, c’est quelque chose que je ne peux pas justifier. C’est injustifiable et je pense que vous avez vu que le gouvernement a vigoureusement réagi contre ces actes’’, a souligné la diplomate sud-africaine, en poste au Sénégal depuis plus de deux ans.

Thembilise C. Majola Embalo a indiqué que ces violences xénophobes sont contraires à ce que Sud-Africains ont vécu pendant leur lutte contre l’Apartheid, avant de rappeler : ‘’nous avons été hébergés par plusieurs pays en Europe en Afrique. En plus d’être hébergés, nous avons été soutenus. Des personnes ont été tuées à cause de leur soutien à notre lutte’’.

‘’Je suis de ceux qui pensent que c’est un argument peu convaincant que de dire que les étrangers viennent prendre des emplois. Demain, quand les gens se rendront compte que tous les problèmes qu’ils mettent sur le dos des étrangers en Afrique du Sud sont toujours là, ils vont chercher d’autres boucs-émissaires. Peut-être qu’ils diront que ce sont les Zoulou sud-africains. Il s’agit toujours de chercher un bouc-émissaire’’, a insisté Mme Embalo.

‘’Les étrangers ne vont pas en Afrique du Sud pour prendre des emplois. Des criminels ont profité de cette situation’’, selon elle.