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International

Le Canada est assis sur un stock invendable de 1,1 milliard de grammes de cannabis

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Les prix sont plus 34% plus élevés que ceux du marché souterrain d'autrefois
Prometteur mais fou, le business de la légalisation est parti en fumée.

En 2015, Justin Trudeau prenait la plus haute fonction politique canadienne et chassait les conservateurs du pouvoir. Pour le Canada, une nouvelle ère s'ouvrait, libérale et optimiste, et elle s'ouvrait sur une promesse: celle de la légalisation du cannabis, avec laquelle le Québécois avait fait campagne qui fut finalement actée en 2018.

Le pays pouvait lorgner du côté de son voisin américain, vers l'État du Colorado notamment, où la weed s'était transformée en une manne miraculeuse. Comme l'explique The Walrus, les perspectives étaient folles: une nouvelle industrie bientôt milliardaire se créait ex nihilo, des start-ups poussaient comme des champignons, des milliers d'emplois seraient créés.

Pour les investisseurs, notamment des particuliers appâtés par des dividendes en platine, c'était l'opportunité d'une vie: un placement sûr et une croissance presque garantie. En 2017, comme le rappelle The Walrus, le cours boursier des trois plus grosses sociétés de ce secteur naissant avait déjà cru de 200% –jolie culbute.

Mais en 2021, patatras. Cette industrie si prometteuse de la légalisation s'est révélée être un chateau de cartes qui s'est effondré dans un terrible fracas. Un chiffre en particulier frappe l'imagination, voire les fantasmes: produisant beaucoup plus de cannabis qu'il n'en consomme, le Canada était assis fin 2020 sur 1,1 milliard de grammes d'un produit qui ferait rêver beaucoup de monde, mais qui est considérée comme invendable par les entreprises qui en font leur business.

Depuis 2018, ce sont près de 450 millions de grammes de la précieuse plante qui ont été détruits, selon MJBizDaily, dont 280 millions pour la seule année 2020. La publication précise que seuls 20% de la production ont été vendus depuis la légalisation: il y a quelque chose de pourri au royaume du THC.

En fumée

Walrus parle, pour l'ensemble du secteur, de pertes cumulées de 10 milliards de dollars canadiens, soit 6,8 milliards d'euros partis en une fumée peu hilarante. Comment en est-on arrivé là? Du fait de mauvais calculs, et de promesses faussées.

Lorsque les jeunes pousses de la weed ont commencé à attirer des fonds, en 2015 et dès l'élection de Justin Trudeau, elles ont basé leurs promesses sur une mesure floue, la «funded capacity», soit le volume de cannabis qu'elles pouvaient produire sur les terres qu'elles occupaient.

Plus grosse serait la production, plus haute serait la valuation, les profits et les dividendes: une course à l'échalote, aux terrains viables et à la tonne de weed pouvait commencer, sans que rien de ceci ne soit réellement pensé à l'échelle d'une clientèle qu'il restait à créer.

Les start-ups calculaient leurs stocks de weed comme s'il s'était agi de vulgaires pommes ou patates –vulgaires, mais économiquement plus simples à gérer, puisque l'on peut juger a priori, et à peu près, la demande correspondante. Pour gonfler les volumes de ces stocks fantasmés par les investisseurs, certains producteurs n'ont, semble-t-il, pas hésité à compter les feuilles de la plante, un foin ne contenant aucun principe actif vendable, amplifiant encore un peu plus les distortions.

Le prix de vente du produit n'était pas encore clairement évalué, ce qui n'a pas empêché certaines de ces firmes, comme Canopy Growth par exemple, d'atteindre des valorisations boursières dépassant les 20 milliards de dollars canadiens. Une bénédiction pour les investisseurs: avant même que le marché ne s'ouvre à cette plante de tous les miracles, acheter et vendre cette hype, spéculer sur ces promesses a pu se révéler très lucratif.

Quand la légalisation est entrée en vigueur, les longues files d'attente devant les diverses échoppes de vente, partout dans le pays, n'ont rien arrangé. Signalant une pénurie initiale, elles ont poussé Health Canada, qui supervise le marché, à relâcher un peu plus ses exigences pour les nouveaux entrants.

Puis la demande a commencé à trouver sa vitesse de croisière. Mais l'offre, elle, avait sombré dans les affres de la surproduction la plus aberrante: trop d'acteurs, trop de producteurs, trop de champs, trop d'investisseurs.

Paradoxalement et malgré l'abondance, les prix sont plus 34% plus élevés que ceux du marché souterrain d'autrefois, explique The Walrus, qui précise que certains patients ont, de ce fait, le plus grand mal à se payer le cannabis thérapeutique que les médecins leur prescrivent sur ordonnance.

Selon certains observateurs au sein même du secteur, ce capitalisme effrené qu'a permis la légalisation, donc l'acceptabilité générale du business de la weed, a mené à ces excès pantagruéliques, qui nécessiteront de douloureuses corrections.

Ils pensent également que le vieux savoir-faire et la discrète structuration qui préexistaient à la légalisation chez les producteurs de l'ombre auraient pu, avec un encadrement et une philosophie différentes, constituer le squelette plus sain d'un marché autrement plus efficace.



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